Parmi les moments cruciaux qui ont précipité la chute du régime de Ben Ali figure la manifestation de Sfax tenue le 12 janvier 2011. Retour sur un épisode important de la révolution du 11 décembre 2010 / 14 janvier 2011.
En effet, ce jour n’était point ordinaire dans cette ville connue pour être la capitale économique de la Tunisie. Puisque les habitants de la ville répondaient à l’appel de la centrale syndicale régionale
(l’UGTT) et observaient une grève générale. D’ailleurs, cette grève générale intervenait après la mort de plusieurs civils, par les forces de l’ordre du régime déchu. Et ce, à Thala, Kasserine et Sidi Bouzid. Ainsi Sfax attisait les événements de la révolution.
Alors, tous les habitants se sont dirigés vers le siège de l’Union régionale du travail de Sfax pour crier leur rage et des slogans hostiles à Ben Ali et son régime. Des dizaines de milliers de Sfaxiens ont afflué vers le siège du gouvernorat. De la Place de Bab Bhar, en passant par le local de la commission de la coordination du RCD et le gouvernorat, devant lesquels les images de Ben Ali ont été brûlées. Il s’agissait de la première fois où des manifestants brûlent les images à l’effigie de l’ancien président.
Mais, à la manifestation pacifique, les forces de l’ordre répondaient par des jets de bombes lacrymogènes et par des tirs à balles réelles. Trois Sfaxien ont payé le prix du sang. Et face à l’ampleur de la manifestation, Ben Ali limogeait le ministre de l’Intérieur Rafik Haj Kacem. Et ce, pour le remplacer par l’universitaire et scientifique Ahmed Friaâ. Une vaine tentative pour convaincre l’opinion publique qu’il abandonnait la répression et le recours aux armes.
Ainsi, ce limogeage n’eut aucun sens aux yeux des manifestant qui ne revendiquaient que la chute d’un régime qui avait marqué les Tunisiens du sceau de la servitude. Puis, à partir de 13h, l’armée nationale intervint. Et d’appeler les forces de l’ordre au cessez-le-feu.
Cependant, malgré le couvre-feu, les habitants de la ville ont continué d’affronter les forces de l’ordre; et ce, jusqu’au 14 janvier. Depuis, Sfax commémore le souvenir de cette manifestation qui demeure une étape importante dans les péripéties de la révolution.