Cela fait déjà neuf ans, le 14 janvier 2011 fut le coup d’envoi de la révolution tunisienne. Plus connue sous le nom de « La révolution du jasmin », tel était le nom que lui attribuèrent les médias étrangers.
Un 14 janvier qui a conduit à la chute du président Zine el Abeddine Ben Ali. En effet, des manifestations sur l’ensemble du territoire l’évinçaient. Elles faisaient ainsi 300 morts et 700 blessés, selon les estimations de l’ONU.
Déjà, rappelez-vous, un certain 17 décembre 2010, il s’appelait Mohamed Bouazizi. C’était un jeune vendeur ambulant de fruits et légumes, âgé de 26 ans. Il s’immola par le feu devant la préfecture de Sidi Bouzid, devenant alors le symbole de la résistance. Et ce n’est qu’à ce moment là que des émeutes sociales éclataient dans plusieurs gouvernorats.
Quel bilan peut-on faire neuf ans plus tard? La Tunisie aurait-elle gagné la voie de la démocratie, neuf années après le 14 janvier 2011? Dans une vue d’ensemble, les problèmes socio-économiques demeurent encore. En d’autres termes, rien n’a vraiment changé.
Et oui, la Tunisie a connu trois élections démocratiques libres. La première en date, le 23 octobre 2011. Le premier scrutin libre de l’histoire du pays voyait le jour et donnait le pouvoir au parti islamiste Ennahda avec près de 40% et 89 sièges à l’assemblée sur un total de 217. Ainsi, il donnait le libre pouvoir au Parlement et au gouvernement, à l’exception des prérogatives du président; qui ont été, en l’occurrence, restreintes.
En effet, ce fut un tournant important dans l’histoire du pays. Trois ans plus tard, le 26 octobre 2014, de nouvelles élections libres et transparentes donnaient la victoire de Nidaa Tounes avec 89 sièges, suivi d’Ennahdha avec 69 sièges. Mais une chose est sûre, le parti de Béji Caïd Essebsi qui s’est construit, il y a huit ans (création 6 juillet 2012) ne dura pas très longtemps. Il s’effrita très vite par les tiraillements des uns des autres… Laissant ainsi la place à de petits groupuscules d’autres partis. A l’instar de Beni Watani, Tahya Tounes, le parti Amal, Machrou3 Tounes, etc.
Ce qui a fait ressortir certaines faiblesses de cette classe politique centriste moderniste. Pour plusieurs experts politiques, cela revient en partie à l’égoïsme des dirigeants qui se voient en leaders et pouvant trouver seuls des solutions.
Or la grande question d’aujourd’hui est de savoir comment sortir la Tunisie de sa profonde crise politique. De même que comment assurer le processus de transition démocratique? Et ce, malgré les récentes élections libres et transparentes que furent les législatives et la présidentielles. Autant de facteurs qui malgré les années, prouvent que rien n’a changé.
L’année 2020 sera-t-elle l’année du pari?
L’année de 2020 devrait être l’année du pari relevé. Après la troisième élection libre depuis la révolution de 2011, les Tunisiens se sont rendus aux urnes pour choisir le parti qu’ils voudraient voir diriger pour les cinq prochaines années. La Tunisie qui a voté laïque en 2014, changeait complètement d’optique, vue des médias étrangers, aux législatives. Elle enregistrait la victoire du mouvement Ennahdha avec 52 sièges obtenus. Il reste le premier parti politique vainqueur, alors qu’au final, il n’a pas réussi à constituer un gouvernement.
De ce fait, un tel échec donnera l’opportunité au président de la République Kaïs Saïed de désigner une personnalité qui serait capable de former un gouvernement.
Tout de même, si dans l’histoire, les Tunisiens sont habitués à voir défiler le chiffre 99.99% au profit de Ben Ali, voilà que la donne a bel et bien changé depuis 2011. Mais cela n’empêche qu’une partie des Tunisiens aimerait voir éclore un changement de régime politique.
Or selon la Constitution, le fruit du consensus doit diriger les forces politiques. Alors, l’idée d’un éventuel amendement du régime politique pourrait-elle être envisagée?
C’est en partie les débats et les discussions qui se tiennent depuis quelques temps dans les coulisses. Mais voilà, le Président de la République, quand il s’est présenté à l’élection présidentielle, s’est prononcé en faveur d’un référendum. Avec pour les Tunisiens la possibilité de choisir et de décider de leur avenir. Et ce, dans la mesure où le régime actuel constitue un blocage pour l’économie du pays.
Alors, sommes-nous face à des signaux avant-coureurs de la révision du régime politique? Qui pour rappel a été, pendant un certain temps, un sujet tabou si l’on se réfère au régime “présidentialiste” sous Ben Ali. Car, aborder cette question aujourd’hui nécessite beaucoup de réflexion. Autrement dit, le processus de transition démocratique est loin d’être fini…