Quelles sont les mutations que la société tunisienne a subies depuis la révolution tunisienne ? A cette question, le jeune chercheur en sociologie de développement, Khaled Tababi, donne son éclairage sur la société de la Tunisie post-révolutionnaire.
Le jeune chercheur est en train de préparer une thèse de doctorat. Elle porte sur les mouvements sociaux et syndicaux en Tunisie. Par ailleurs, il est l’auteur de plusieurs études qui portent sur l’emploi précaire et l’immigration non-réglementaire. A partir de ces études, il jette son regard sur la Tunisie post-révolutionnaire.
Dans une déclaration accordée à leconomistemaghrebin.com, il estime qu’après la révolution, la société tunisienne a connu deux types de changement. Si le premier changement est radical. Le second a gardé l’équilibre et le vécu de l’avant 14 janvier. Ce dernier changement se limite à la création d’un certain équilibre sans établir une rupture totale d’après lui. D’ailleurs, la nature de ces changements de la post-révolution demeure une question légitime, d’après ce qu’a déclaré Tababi.
Pour défendre sa thèse, il fait appel à l’économiste politique franco-égyptien Samir Amine. Celui-ci affirme que « Les révolutions arabes n’ont pas changé uniquement la manière de gouverner, mais elles ont changé la réflexion des peuples et leur méthode de militantisme ».
Ainsi, la Tunisie post-révolutionnaire est passée d’un régime présidentiel à un régime parlementaire. Pour notre interlocuteur, ce régime politique est le résultat de la pression sociale pendant la révolution. De ce fait, la société passe de l’image du Président et du parti unique à la volonté des citoyens qui exercent leur droit de voter.
Le deuxième changement n’est autre que l’émergence de la dynamique des protestations et des mouvements sociaux. Ces mouvements se sont insurgés contre le modèle économique qui règne en maître depuis l’indépendance. Mais force est de constater que ces mouvements se sont confortés au désespoir. Les jeunes se sont trouvés face à la nonchalance des gouvernements successifs. C’est la raison pour laquelle cette jeunesse a choisi d’autres chemins pour réaliser les objectifs des slogans du 17 décembre 2010 / 14 janvier 2011.
Le désespoir de la jeunesse tunisienne !
Malheureusement, plusieurs jeunes ont pris les barques de la mort. Et ce, pour traverser vers l’autre rive de la Méditerranée pour réaliser leurs revendications. « Mais l’immigration clandestine n’est qu’un non-mouvement social », d’après le Professeur de Sociologie et d’Etudes Moyen-Orientales à l’Université de l’Illinois à Urbana-Champaign, Asef Bayet.
Le troisième changement est le passage de mouvements sociaux organisés comme ceux de l’insurrection du bassin minier 2008 à des mouvements non encadrés. Continue-t-il. Il affirme que les mouvements sociaux présentent des alternatives. Et ce, contrairement aux mouvements de protestation qui ne proposent pas d’alternative.
« Les mouvements de protestations sont plus nombreux que les mouvements sociaux en Tunisie », remarque-t-il. Et de s’interroger sur l’absence de la société civile et des différents intervenants pour encadrer les mouvements sociaux et les mouvements de protestation.