On croyait tout connaître de Rached Ghannouchi. Qu’il était un inconditionnel de Rejeb Taieb Erdogan. Qu’il était de mèche avec lui dans l’envoi de nos jeunes dans l’enfer syrien. Et qu’il était du côté de Fajr Libya dont on connaît les méfaits.
On croyait tout savoir sur le maître reconfirmé du pays. Mais qu’il pousse les liaisons dangereuses qu’il entretient avec le président turc Erdogan jusqu’à entraîner le pays dans le bourbier libyen. En s’alignant sur un camp, celui de Sarraj en l’occurrence; au détriment d’un autre, celui du maréchal Hafter. Cela s’appelle jouer avec le feu.
Il faut imaginer un seul instant ce qu’il adviendrait de nos relations avec notre voisin, si demain la balance penchait du côté du maréchal.
La diplomatie tunisienne a mieux à faire que de satisfaire l’appétit gargantuesque du nouveau maître du monde et des océans… Après un taxi pour Tobrouk, un billet pour Berlin où le destin de la Libye va encore une fois se jouer.
« man antoum« ?
Et c’est le fameux « man antoum » de feu le colonel Kadhafi tançant des insurgés survoltés qui voulaient sa perte, qui me revient à l’esprit. Le Guide était dans tous ses états, et en voulait à Nicolas Sarkozy, David Cameron et à la terre entière. Lui faire cela, à lui, l’artisan de la révolution d’al Fateh? Impensable! Non, une chose pareille, cela ne peut arriver qu’aux autres.
Même dans ses pires cauchemars, le colonel n’aurait pu imaginer un « Rejeb Taieb » Erdogan de plus en plus mégalo, envahir son propre pays. Heureusement qu’il y a encore au pays d’Atatürk des gens de bon sens pour dire non à l’aventurisme erdoganien.
Plus important, est-ce qu’à Tunis, on a osé dire au président turc qui était pratiquement chez lui, qu’en politique comme en commerce, le made in Turkey n’était plus en odeur de sainteté? Même si on savait à l’avance que cela relevait de l’improbable voire de l’impossible. En guise de réponse, on a eu droit à la Déclaration de Tunis pour la paix en Libye…
On comprend mieux pourquoi en débarquant l’autre jour sans crier gare dans ce qu’il considère comme l’ancienne province ottomane, M. Erdogan n’avait dans ses bagages ni ratakulm, ni baklawa. Mais du Hafter à farcir pour le grand soulagement du pantin Sarraj.
Naufragée volontaire la Tunisie, et en plus, fière de l’être! Quand on est sous la botte d’un Ghannouchi, prêt à tout pour plaire au maître ottoman, on ne peut espérer mieux.
A propos, il faut lire « Les Ottomans à Tunis » de Mohamed Salah Ben Mustapha qui vient de paraître, vous serez instruits sur le legs turc en Tunisie et ses conséquences…