La conférence de Berlin aura lieu sous l’égide des Nations Unies, en présence de l’Union Africaine. Ainsi que d’une dizaine de pays, à l’exception de la Tunisie.
Une première qu’un pays comme la Tunisie ne soit pas invité à la conférence de Berlin. D’ailleurs, on se demande les raisons pour lesquelles notre pays est exclu ? Que pense Mohamed Ferid Cherif (il a longtemps servi du temps du leader Habib Bourguiba).
Cet ancien diplomate et auteur de plusieurs ouvrages dont « Les positions diplomatiques dans l’ère Bourguibienne », nous donne son analyse diplomatique dans une déclaration à leconomistemaghrebin.com.
Mohamed Ferid Cherif estime qu’aujourd’hui : « On n’a plus de poids sur le plan diplomatique ? Contrairement à autre fois où la diplomatie a connu son âge d’or. Mais il faut se rappeler également que nous n’avons pas non plus une position claire et nette sur le plan diplomatique. Et c’est parce que la Tunisie est dépassée par les événements. Ce qui fait que les autres dirigeants ne tiennent plus compte de son avis sur les questions les plus importantes. Et qui les intéressent directement ».
Il rappelle également que la Tunisie avait une tradition diplomatique bien ancrée et reconnue. Ce qui n’est plus le cas aujourd’hui.
Il ajoute : « Nous nous demandons pourquoi la Tunisie est exclue de la conférence de Berlin. Même si nous sommes préoccupés par ce qui se passe en Libye à côté de nos terres. Et avec laquelle nous partageons des frontières communes et des liens de proximité. D’ailleurs, la sécurité est commune entre les deux pays ».
Et de poursuivre : « Concernant la réunion de Berlin sur la situation en Libye, la Tunisie a droit à toutes ses considérations pour participer aux activités de cette conférence. Et d’avoir également un avis sur les mesures qui seront prises dans la région qui auront inévitablement des répercussions sécuritaires et sociales sur notre pays. En plus des résultats concernant l’avenir de la situation en Libye qui souffre d’une guerre intense ».
La Tunisie n’a aucune influence sur les questions internationales
En outre, la réticence de l’Allemagne à inviter la Tunisie s’explique par le fait que la Tunisie n’a aucune influence sur les questions internationales. De ce fait, si l’on compare ce que la Tunisie avait à l’époque Bourguibienne, et notamment de l’époque de Mongi Slim aux Nations Unies. Où ce dernier a prononcé un discours célèbre en 1956 sur l’agression soviétique contre la révolution hongroise. Et où la position de la Tunisie a été prise en compte.
Or, quand on compare les deux périodes, il est important de faire des déductions entre la période d’autrefois et la période d’aujourd’hui dans le règne du mouvement Ennahdha.
Mohamed Ferid Cherif ajoute : « Si la Tunisie était invitée à la conférence de Berlin, elle apporterait ses modestes capacités à la solution appelant à un cessez-le-feu. Et créerait notamment une situation qui tiendra compte de la sécurité des civils ».
L’État tunisien devrait unifier sa position concernant le conflit libyen-libyen
Selon lui, il semble que les pays invités à participer à la conférence de Berlin – à l’exception de l’Algérie – se préoccupent principalement de la richesse cachée des terres libyennes et leur « part du gâteau », comme le cas des pays européens. Et le fait que le peuple libyen est le seul propriétaire des biens de son pays. Notamment des puits de pétrole. La Libye doit reprendre ainsi sa propriété et sa souveraineté sur les fortunes pillées.
En conclusion, l »État tunisien devrait unifier sa position concernant le conflit libyen-libyen. Le Président Kaïs Saïed a déclaré que « La Tunisie ne serait pas un passage pour l’armée turque. Ou une base pour le débarquement de matériel militaire. Et ne serait du côté d’aucun parti ».