Le Rapport Annuel sur la Supervision bancaire relatif à l’année 2018 est une mine d’informations. Au cœur du sujet: les banques
En effet, ce rapport permet de reconstituer le puzzle. De même que confirmer l’interprétation des évolutions observées au cours de l’exercice écoulé. Parmi les tableaux qui ont retenu l’attention, celui qui présente la position de nos banques et établissements financiers par rapport aux normes prudentielles de la BCT. La situation est loin d’être satisfaisante, témoignant de la fragilité du secteur.
Un problème persistant de liquidité
Ainsi, fin 2018, sept banques ne respectaient pas le minimum réglementaire de liquidité. En d’autres termes, elles ne disposent pas d’un niveau adéquat d’actifs pouvant être convertis en liquidité pour couvrir leurs besoins de financement. Ces banques fonctionnaient grâce au refinancement auprès du régulateur. D’ailleurs l’année 2018 est celle de tous les records en matière d’intervention de la BCT, avec un refinancement dépassant les 16 milliards de dinars.
Car, le secteur est arrivé à cette situation après des années de rallye de financement. Sans avoir réellement les moyens pour le faire. Sur la période 2016-18, les crédits ont augmenté de 16,118 milliards de dinars. Alors que dépôts des clients n’ont augmenté que de 12,346 milliards.
De ce fait, ce déséquilibre, qui permettait aux entreprises de survivre, a causé une inflation galopante. Et la BCT a décidé de la combattre via une politique monétaire restrictive. Les résultats sur l’indice des prix à la consommation commencent à être concrets. Mais cela est passé par un accès aux crédits plus que jamais difficile pour les agents économiques.
Les raisons d’être du ratio LTD
C’est ainsi que la BCT a instauré son ratio Loan-to-Deposit qui n’est pas également respecté par neuf banques fin 2018. Le résultat est une évolution inverse à celle observée lors des dernières années.
Selon la récente note de conjoncture, les crédits à l’économie ont décéléré jusqu’au mois d’octobre 2019. Avec une croissance de 4,6% en rythme annuel, contre 10,2% sur la même période en 2018. Cette tendance est imputable au ralentissement du rythme de progression des crédits aux professionnels. Ils n’ont progressé que de 6,4% en 2019 contre 13,5% en 2018.
Côté dépôts, nous avons observé une amélioration. Selon les statistiques financières du mois d’octobre, les dépôts à vue ont progressé de 942,982 millions de dinars sur les huit premiers mois de l’année. Les dépôts à terme et autres produits financiers ont gagné 1,131 milliard de dinars. Les dépôts monétaires et quasi-monétaires des banques ont totalisé 62,125 milliards de dinars fin août 2019, soit une hausse de 3,616 milliards de dinars. A la même date, les crédits à l’économie n’ont augmenté que de 1,687 milliard.
Cela explique la baisse de l’appel des banques aux ressources de la BCT. Après avoir atteint un record historique de 16,5 milliards de dinars en moyenne en avril 2019, le volume global de refinancement s’est atténué graduellement pour se situer, au mois de novembre, à 12,2 milliards de dinars.
Egalement, le recours des banques à la facilité permanente de prêt à 24 H a accusé une baisse notable, revenant de quatre milliards de dinars en avril 2019 à 806 millions de dinars en novembre 2019.
Une évolution comparable en 2020
Certainement l’alignement des banques aux normes prudentielles s’est amélioré au cours de 2019. Même celles qui n’ont pas pu le faire devraient se rapprocher significativement de l’objectif. Nous pensons que le resserrement au niveau des crédits va continuer. Et ce, hors lignes spéciales au profit des PME.
La vraie question concerne la capacité des banques à rester aussi profitable qu’elles le sont actuellement. Si les taux commencent à baisser, ce qui arrivera tôt ou tard, la marge d’intérêt va commencer progressivement à reculer, surtout avec un volume d’activité toujours en régression.
En parallèle, leur capacité à augmenter les frais s’est retrouvée limitée par la liste de services gratuits promulguée par la BCT. C’est un appel direct aux banques à innover pour justifier ce qu’elles facturent.