Le président de la République Kaïs Saïed a chargé Elyes Fakhfakh, de la formation du prochain gouvernement.
Ainsi, le nouveau Chef du gouvernement désigné n’en est pas à sa première expérience politique. En effet, Elyes Fakhfakh était à la tête de deux départements importants. Et ce, à l’époque de la Troïka. Il s’agit du ministère du Tourisme et de l’Artisanat et du ministère des Finances. Son parcours académique fait de lui une personnalité politique qui pourrait être un éventuel chef de gouvernement. Cependant, des remarques préliminaires sur le choix du Président de la République s’imposent.
Un coup de théâtre mis en scène par Kaïs Saïed
Contre toute attente, Kaïs Saïed a désigné une personnalité qui ne fait pas l’unanimité entre les partis politiques. En effet, les deux noms les plus récurrents dans les propositions de la majorité des partis politiques à la Présidence de la République étaient Fadhel Abdelkefi et Hakim Ben Hamouda. Plusieurs observateurs de la scène politique ont attendu la désignation d’une de ces deux personnalités là.
Car le premier est un financier à la tête du plus grand Groupe financier de la Tunisie. Il a fait réussir Tunisia 2020 à un moment où la Tunisie avait le plus besoin d’investissement extérieur. Quant au second, il fait l’unanimité autour de lui. Il entretient de bonne relation avec la centrale syndicale, la centrale patronale et la société civile. De même, il est, à la fois, économiste et homme de culture. La scène culturelle lui doit l’adoption d’un projet de loi sur le mécénat culturel. Et ce, quand il était à la tête du ministère des Finances.
Quand la légitimité électorale fait défaut
Malgré son brillant parcours académique, Elyes Fakhfakh ne bénéficie guère d’une légitimité électorale. Et ce pour deux raisons. D’abord, il a subi une défaite retentissante, lors du premier tour de la présidentielle 2019. Car il n’a remporté que 0,34% des voix. Puis, son parti politique, n’a obtenu aucun siège au sein de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP).
Ainsi, le Président de la république a choisi une personnalité politique qui ne fait pas partie des partis politiques représentés à l’ARP. Ce qui est une véritable barrière entre le Chef du gouvernement désigné et les partis politiques représentés à l’ARP. Comment un chef de gouvernement désigné, n’ayant aucune légitimité électorale, pourrait-il former le gouvernement? Ainsi créer le consensus ne sera pas une tâche des plus faciles pour lui.
De la nécessité de faire oublier le bilan de la Troïka
Opposition, société civile et économistes n’ont pas oublié le très faible bilan de la Troïka. A l’époque l’un des députés de l’opposition a qualifié cette période des « années des vaches maigres ». Inflation, dégradation du pouvoir d’achat, recrutement massif, terrorisme et endettement extérieur. Telles sont les vérités amères de cette époque.
Et Elyes Fakhfakh fait, donc, partie de ce régime puisqu’il était à la tête de deux départements ministériels. Alors, le premier argument des personnes hostiles à cette désignation serait qu’Elyes Fakhfakh fait partie d’un gouvernement de coalition nationale dont le bilan laisse à désirer. Avec cette désignation, le spectre de l’échec de la Troïka se profile de nouveau. Et si son gouvernement obtient la confiance de l’ARP, Elyes Fakhfakh aura une obligation de résultat. Afin de faire oublier « les années des vaches maigres ».