La dette extérieure de la Tunisie a fait l’objet d’un examen lors d’une rencontre organisée samedi 18 janvier par le Cercle Kheireddine et le Forum Ibn Khaldoun pour le développement.
La rencontre sur la dette extérieure, modérée par Mahmoud Ben Romdhane, Président du Conseil d’Orientation Stratégique du Cercle Kheireddine, a été introduite par deux interventions:
- « La dette extérieure : présentation et diagnostic » par Mme Lamia Zribi, ancienne Ministre des Finances
- « La dette extérieure : ses défis et les moyens de les surmonter » par Abdelhamid Triki Ancien Ministre du Plan et de la Coopération Internationale.
Un premier constat a été fait : cette dette est consécutive à l’entrée de la Tunisie dans une spirale d’endettement extérieur. Non pas pour financer son développement mais ses dépenses salariales du secteur public et celles de la compensation, notamment énergétiques.
Compte tenu de ses déficits extérieurs et de la très grave détérioration du solde de sa balance courante, (flux monétaires liés aux échanges internationaux), le pays a eu de plus en plus recours à des financements extérieurs.
Résultats
Les chiffres avancés par les orateurs font froid dans le dos.
- Une dette extérieure totale (celle de l’Etat et des entreprises) a atteint plus de 78,2 milliards de dinars en 2018, soit 74 % du PIB. Elle était de 23,5 milliards en 2010 (37,4% du PIB), soit un triplement de son volume.
- Un service de cette dette, (somme versée annuellement par un débiteur à ses créanciers pour rembourser les échéances du capital emprunté et ses intérêts), qui a connu un bond spectaculaire à partir de 2017 : un doublement par rapport à la moyenne 2011-2015 (3,2 en 2015 à 6,9 milliards de dinars en 2017).
Conséquences
Les années 2020-2025 vont être des années de fortes tensions sur les finances externes de la Tunisie. Au taux de change actuel du dinar vis-à-vis des principales monnaies internationales, un montant annuel moyen de 10 milliards de dinars devra être remboursé aux créanciers. Soit le triple de la moyenne 2011-2015.
Compte tenu de la rigidité de son cadre macro-financier (en particulier, une croissance molle, inférieure à 2% durant 2011-2018, un déficit énergétique incompressible à moyen terme s’établissant à un minimum de 7 % du PIB), la Tunisie ne pourra honorer sa dette sans lever des fonds auprès de ses partenaires internationaux. Pour un montant avoisinant le service de sa dette.
Des réformes nécessaires
En effet, la marge de manœuvre se réduit d’année en année. Avec un potentiel de croissance à tendance baissière et un recours à des expédients ayant atteint leurs limites. Plus que jamais la Tunisie se doit donc d’engager le large processus de réformes préconisées pour traiter, en profondeur, les distorsions. Et libérer les énergies pour pouvoir s’ancrer dans la chaîne des valeurs mondiales.
Face aux sérieux risques d’insolvabilité, seuls une forte volonté politique et un large consensus sur les restructurations requises peuvent autoriser un début d’optimisme sur la capacité du pays à transcender ses problèmes.
(source: interventions faites lors de la rencontre)