Que faut-il penser de la désignation par Kaïs Saïed d’Elyes Fakhfakh, le nouveau chef du gouvernement? Plus encore quelle perception avons-nous du prochain gouvernement?
Mohsen Marzouk, président du parti Machrou3 Tounes dresse un état des lieux dans une déclaration à leconomistemaghrebin. com
Mohsen Marouk revient sur les derniers événements depuis la conférence de presse donnée par Elyes Fakhfakh. En soulignant qu’il s’agit avant tout d’une lutte de pouvoir entre Rached Ghannouchi et Kaïs Saïed.
« Kaïs Saïed voulait imposer un gouvernement du président «
Il précise dans ce contexte: « Ce qui a conduit le président de la République a choisir Elyes Fakhfakh c’est la volonté d’imposer un gouvernement du président. D’ailleurs, Elyes Fakhfakh n’était pas parmi les noms des candidats d’Ennahdha. Ce qui fait qu’il voulait à tout prix imposer des idées révolutionnaires, obéissant à une règle complètement stupide. Cela nous amène à un retour en arrière, ce que faisait Ben Ali à un moment donné. Autrement dit, il voulait dire que ceux qui le soutenaient aux élections, se retrouvent au gouvernement et ceux qui s’opposaient en sont exclus. C’est grotesque. »
Il ajoute: « Plusieurs acteurs se considèrent comme des chefs. A mon avis, le chef du gouvernement a le droit de faire une coalition avec quatre partis. Se pose alors la question de savoir si elle sera fonctionnelle et si cela sera jouable? Ou encore si les partis vont suivre ou pas? »
Et de poursuivre: « D’un autre côté, nous avons une bataille entre deux personnes. Vous avez d’une part Rached Ghannouchi qui met une condition sine qua non d’inclure Qalb Tounes. Alors qu’il y a deux mois, il n’en était pas question. D’ailleurs on se demande pourquoi? La réponse est simple. Il voulait casser la volonté du président. Et on se retrouve face à un gouvernement du président dans lequel on retrouve Youssef Chahed and co. Et le camp de Rached Ghannouchi dans lequel on trouve Nabil Karoui, d’une manière ou d’une autre et Al Karama ».
Mohsen Marzouk: « Attayar a perdu en crédibilité en voulant jouer sur les deux tableaux »
Il ajoute: « Et vous avez d’autre part Atttayer qui joue dans les deux camps. Et je pense qu’ils sont les principaux perdants de l’histoire. Car, en l’espace de deux mois, ils ont perdu en crédibilité.
Selon lui, si on décortique la situation, il y a essentiellement une bataille pour le pouvoir qui revient principalement sur les faiblesses structurelles de la Constitution.
Il ajoute: « Le Chef de l’Etat peut dissoudre le Parlement. Et on comprend les intérêts de Youssef Chahed, à vouloir rester d’une manière ou d’une autre à la tête du pouvoir. Dans l’autre hypothèse, un accord n’a pas lieu au bout de six mois, il y a la possibilité de faire tomber le gouvernement au bout de six mois. Avec la possibilité d’un retrait de confiance ».
Et de poursuivre: « C’est une bataille entre chefs autour des prérogatives, en laissant de côté l’intérêt de la Tunisie. D’ailleurs, je me demande qui sont les propriétaires de la Tunisie? Qui pense à la Tunisie? Qu’avons-nous fait comme mesure en cas d’existence de Coronavirus, par exemple? Or, c’est ce qui se passe en ce moment. Qui a le plus de pouvoir, Kasbah ou Carthage? Entre temps, nous avons une économie en arrêt, une insécurité, le dossier libyen personne n’en parle. »
Par conséquent, Mohsen Marzouk lance un appel à arrêter ce jeu d’échecs et de respecter les attentes des Tunisiens
Au final, il conclut: « Il faut mettre un terme aux combats de Titans. Car, pour être un leader ou un Zaïm, un héros, le leadership c’est avant tout de décider une politique qui peut servir les intérêts de la nation mieux que l’autre. Personnellement je dénonce ces pratiques. Quant à l’évaluation des 100 jours du président de la République, il n’a rien fait, si ce n’est un état de paralysie totale ».