Le coronavirus a semé la panique, non seulement parmi les populations, mais dans les marchés financiers.
Les conséquences économiques seraient lourdes, avec une croissance mondiale qui serait révisée à la baisse dans les mois à venir. Pour la Tunisie, coronavirus a des retombées plutôt défavorables en dépit de quelques opportunités ponctuelles.
Le pétrole sous pression
Deux effets positifs peuvent être recensés. Il y a d’abord le prix du pétrole qui devrait se stabiliser à des niveaux inférieurs à ce qui a été budgétisé dans la Loi de Finances 2020. Les investisseurs sont en train de vendre le brut et d’autres produits de base. Et ce dans un contexte de large retrait des actifs risqués.
Bloomberg a déjà reporté que les saoudiens contrôlent de près l’évolution des cours du Brent et l’impact de cette panique sur la demande mondiale. Le brut est passé dès le lundi en dessous de 60 dollars/baril. Lors des prochaines réunions de mars, l’OPEP devrait décider davantage de réductions de production en 2020 afin de garder les prix à des niveaux acceptables pour ses membres. Entre temps, plusieurs producteurs continuent à inonder le marché, à l’instar des russes qui ont affiché leur plus forte production sur les cinq derniers mois en janvier.
Un petit détail à noter : parmi tous les produits, c’est le Kérosène qui a la plus perdu avec le recul acté et attendu dans le nombre de voyageurs aériens. Une bonne nouvelle pour Tunisair.
De plus, c’est le moment de se provisionner sur les marchés des matières agricoles. Du moment que l’incertitude continue sur l’ampleur réelle de la crise et l’impact sur la demande chinoise, les cours des contrats de la plupart des matières premières ont reculé, à l’instar du blé ou du maïs.
Les taux reculent aussi
Il faut aussi jeter un coup d’œil sur les taux d’intérêt puisque le pays compte sortir prochainement sur l’Eurobond. Avec la ruée vers les actifs sûrs, le rendement du Treasury Bond et du Bund ont reculé. Si cela signifie qu’une sortie instantanée sur le marché permettrait de bénéficier d’un taux de base favorable. Il convient de se rappeler d’un autre élément. Dans un marché averse au risque, la dette souveraine évolue à deux vitesses : la première réduit le spread des pays considérés Investment Grade. La seconde augmente celui des pays Junk Bonds, comme la Tunisie. Le momentum est donc très compliqué et les techniciens ont vu ainsi venir un nouvel handicap à côté de l’impasse politique actuelle.
La faiblesse de la demande nous concerne
Si la demande en Chine recule, c’est toute la planète qui va en pâtir, à commencer par nos voisins européens. Ils ne pourraient plus liquider leurs productions dans ce pays. Cela signifie automatiquement de moindres commandes pour nos entreprises, donc moins d’exportations pour une économie offshore.
En parallèle, il serait peu évident de trouver de nouveaux marchés. Car, partout, nous serons concurrencés par des économies plus compétitives.
Par ailleurs, si la crise persiste d’ici mars ou avril, cela pourrait affecter la saison touristique. Nous savons tous que la saison se joue actuellement avec les réservations. L’extension géographique du coronavirus conduirait à une saison estivale tendue.
Les clés de l’économie tunisienne sont donc concernées. Si rien n’est directement impliqué pour le moment, le tableau pourrait changer rapidement si les autorités sanitaires chinoises ne parviennent pas à contrôler le virus. L’affaire est à ne pas négliger.