Comme disait Gambetta: « On ne décrète pas l’égalité, on la fabrique. » Tel est en partie le thème de la Cérémonie de lancement du programme International Women Board Ready. L’événement s’est tenu dans l’après-midi du mardi 28 janvier 2020. Et ce, à la Bourse des valeurs mobilières de Tunis.
Ainsi, Women Board Ready est un programme court, conçu et dirigé par le Professeure Viviane de Beaufort. Il se destine à « armer les femmes » qui souhaitent accéder aux mandats sociaux (Comex, CA). En mixant fondamentaux des compétences transversales de dirigeance et approche comportementale de genre.
En effet, l’objectif est celui d’améliorer la gouvernance des entreprises qui requiert une féminisation des Conseils d’Administration progressive. Ce qui justifie l’existence d’une formation dédiée pour préparer les femmes à l’exercice d’un mandat. Afin qu’elles saisissent mieux les enjeux et process au sein d’un Conseil d’Administration. Et ainsi apportent toute leur valeur ajoutée.
D’où une démarche pour arriver à l’égalité parfaite dans les Conseils d’administration des entreprises. Tout en s’inspirant de la loi Copé-Zimmermann, (votée en 2011), qui est une loi française obligeant les grandes entreprises à compter au moins 40% de femmes dans leur conseil d’administration.
Seulement 60 femmes dans les Conseils d’administration
Par ailleurs, Bilel Sahnoun, Directeur Général de la Bourse de Tunis, mettait en avant les inégalités hommes-femmes dans les conseils d’administration. En d’autres termes, la Tunisie est encore loin du compte. Il présentait dans ce sens, les chiffres de la présence des femmes aux conseils d’administration. Il précise qu’ « on compte à ce jour 60 femmes dans les conseils d’administration, sur un total de 698 ».
Pour que les femmes soient mieux présentes dans les cConseils d’adminstration, Houbeb Ajmi, directrice générale de Honoris Tunisie met l’accent sur l’importance de la formation dédiée aux femmes qui souhaitent intégrer les Conseil d’administration. Il s’agit d’un certificat « Women Board Ready » conçu avec Viviane De Beaufort Directrice du programme Essec Paris.
Car, l’objectif est celui de défendre la cause des femmes pour qu’elles puissent accéder aux postes de plus hautes responsabilités. D’ailleurs, ce colloque a permis d’identifier les principales causes de la faible participation des femmes administratrices.
Tout ceci nous amène à poser les bonnes questions. A savoir que faut-il faire pour atteindre une égalité parfaite au sein du Conseil d’administration? D’ailleurs, Houbeb Ajmi met l’accent sur l’importance des droits des femmes. Et ce, à travers une loi obligeant un quota dans les conseils d’administration. Ce qui est une des solutions en Tunisie, afin d’inciter les femmes tunisiennes à « Oser ».
Cela dit, qui dit droit des femmes, dit avant tout un engagement volontaire, souligne Viviane de Beaufort. Elle est Professeur Cursus Droit et CEDE et fondatrice “Women” programmes Club Gen #startuppeuse.
Elle dresse un état des lieux de l’engagement des femmes au fil des années, qui selon elle, a bel et bien évolué.
Avec la loi Copé-Zimmermann en France, ce fut au départ, le CAC40, les 40 plus grandes entreprises cotées en Bourse qui furent visées. Puis, c’était le tour des entreprises ayant plus de 250 salariés et 50 millions de chiffre d’affaires de prévoir dans leurs CA respectifs 40% de femmes, sous peine de sanctions. A savoir que les jetons de présence ne sont pas versés aux administrateurs s’ils ne se conforment pas à cette règle. Il faut qu’il y ait un vivier de femmes bien présentes dans les conseils d’administration.
Un combat gagné ne se gagne jamais seul
Présente dans ce colloque, l’auteure cette loi, Marie Joséphine Zimmermann, ancienne députée, a accordé une déclaration à leconomistemaghrebin.com. Elle souligne: « Je pense que cette loi a donné une féminisation dans l’ensemble des entreprises. Toute mesure s’appuie sur la loi Copé-Zimmermann dans les conseils d’administration qui a prouvé, après huit ans d’application, son efficacité. D’ailleurs, un combat gagné ne se gagne jamais seul. »
Pour atteindre l’égalité parfaite et pour aller de l’avant, Ouided Bouchamaoui met l’accent sur l’importance du lobbying et du networking. Ils sont, selon elle, nécessaires pour que les femmes accèdent aux postes de décision.
En outre, le volet politique était aussi présent lors du colloque. Bochra Belhaj Hamida a mis en avant les difficultés de passer une loi. Citant l’exemple de la loi sur la violence faite aux femmes adoptée en 2017. Et cela revient aux députées femmes qui ont tout fait pour qu’elle soit votée. En faisant du chantage de ne faire passer aucune autre loi si cette dernière n’était pas votée. Comme on dit l’union fait la force.
Cet événement a permis de mieux comprendre les codes. Mais aussi de vérifier les fondamentaux de la gouvernance, d’augmenter la compétitivité de l’entreprise, de promouvoir la place de la femme, et d’apporter un changement structurel et comportemental en partageant une approche unique, comparatiste et prospective, basée sur des recherches Women Empowerment, avec l’apport d’experts praticiens et des témoignages.
L’après-midi s’est poursuivie par l’organisation d’une discussion sur les conditions de succès de l’entrepreneuriat des femmes en Tunisie. Et comment briser le plafond de verre au sein des conseils d’administration. De même que sur la responsabilité sociétale et le leadership féminin dans les sociétés cotées et les sociétés d’intermédiation boursière.
Et pour finir, il est clair que le combat est loin d’être gagné. Il s’agit d’un engagement volontaire où ensemble les femmes sont invincibles.