La menace de destitution plane sur Donald Trump. Quant à Benyamin Netanyahu c’est la prison. Le premier fait l’objet d’une procédure d’impeachment au Congrès. Le second est poursuivi pour son implication dans de graves affaires de corruption et son procès est en cours de préparation.
Et pourtant, ce sont donc ces deux hommes à la réputation douteuse et sulfureuse qui présentaient le mardi 28 janvier à la Maison-Blanche leur « Plan du siècle ». Celui dont on parle depuis des mois et dont on a fini par avoir les détails.
Ce « Plan du siècle » consiste essentiellement en les points suivants
- Jérusalem est la capitale unifiée et indivisible d’Israël.
- Le problème des réfugiés doit être résolu en dehors d’Israël. En d’autres termes, ce problème ne concerne nullement le pays qui a colonisé les terres et expulsé des centaines de milliers de ses habitants; mais les victimes. Celles-ci doivent, selon le plan du siècle, le résoudre à leur manière, sans déranger Tel-Aviv et Washington.
- Toutes les colonies construites à Jérusalem-Est et sur les hauteurs de la Cisjordanie ainsi que la Vallée du Jourdain, que le monde entier, y compris les Etats-Unis d’avant Trump, considérait comme territoires occupés, deviennent par la seule volonté Netanyaho-trumpienne, territoire israélien.
- Les Palestiniens auront leur Etat sur 70% de la Cisjordanie, morcelée par les colonies et amputée de la Vallée du Jourdain. Et Gaza? C’est très simple. Bien qu’elle soit séparée par une bande du territoire israélien de 80 kilomètres, Trump a trouvé la solution et l’a affichée sur son compte ‘Twitter’. Ainsi, Gaza sera reliée à la Cisjordanie par un tunnel de… 80 kilomètres.
- Les Palestiniens ne doivent pas seulement reconnaître l’Etat d’Israël, ils sont tenus aussi et surtout de le reconnaître comme « un Etat juif ».
- Mais Trump est un humaniste. Il l’a dit lui-même: « Il faut quand même penser aux Palestiniens sinon je serais injuste ». 50 milliards de dollars, pas un dollar de moins, seront débloqués sur une période de dix ans. Les Palestiniens sont priés de ne pas être égoïstes et de partager cette somme fifty-fifty avec les Egyptiens, les Jordaniens et les Libanais.
La plaisanterie du siècle
Alors, voici le résumé du plan du siècle qui s’est avéré être la plaisanterie du siècle. Et c’est avec une telle plaisanterie que Trump et Netanyahu pensent pouvoir mettre fin à la question palestinienne. C’est avec une telle farce qu’ils s’arrogent le droit d’abroger tous les chapitres du droit international. Ceux relatifs à l’illégalité de la colonisation israélienne et à la légitimité de la lutte du peuple palestinien pour la liberté et pour la création de son Etat national.
Obsession pathologique des droites extrêmes
Cette farce appelée « plan du siècle » n’est en fait que la traduction fidèle de l’obsession pathologique de l’extrême droite israélienne et des évangélistes américains. Celle de voir Israël régner sur toute la Palestine. Car pour ces écervelés, si le Messie refuse toujours de revenir, c’est parce qu’Israël tarde à étendre sa souveraineté sur toute la Palestine…
Par cette plaisanterie, Trump imagine rendre service à son ami Netanyahu. En lui offrant l’illusion dont il a toujours rêvé: imposer sa conception de paix. A lui, en contrepartie, d’améliorer la vie économique des Palestiniens.
Ceux-ci, leurs dirigeants en tête, ont refusé « le Plan du siècle »; avant même qu’il ne soit dévoilé par ses initiateurs israélo-américains. Le peuple palestinien manifeste. Et le président Mahmoud Abbas, lui, a répondu à Trump et à Netanyahu en leur montrant du doigt la place qui attend leur plan: la poubelle de l’Histoire.
En effet, il n’y a nul doute que le « Plan du siècle » ira rejoindre les nombreux autres plans israélo-américains conçus à Washington par les nombreux locataires de la Maison-Blanche. Et ce, de Jimmy Carter à Donald Trump, en passant par les Bush père et fils, Clinton et autre Obama.
Car, comme l’a dit Alain Gresh dans « Le Monde Diplomatique » de juin 2017 (50e anniversaire de la guerre des Six jours et de l’occupation de Jérusalem-Est de la Cisjordanie, de Gaza et du Golan syrien): « Cinquante ans plus tard, l’occupation se poursuit; mais la stratégie d’éradication de l’aspiration nationale palestinienne se heurte à une résistance enracinée dans une longue histoire. »
« The Donald » et l’Histoire
Mais « The Donald » a-t-il la moindre idée de ce qu’est l’Histoire? Pour en avoir le cœur net, remettons en mémoire l’accueil « historique » du chef du gouvernement italien à la Maison- Blanche. Ce jour là, la traductrice italienne a failli s’évanouir. Elle ne savait pas quoi faire ni quoi traduire quand Trump, s’adressant à son hôte, lui dit: « Les relations entre l’Italie et les Etats-Unis ne datent pas d’hier. Elles remontent à l’Empire romain » (sic)…
Si les Palestiniens ont crié haut et fort leur refus, qu’en est-il des autres Arabes? Trois d’entre eux (Bahreïn, Emirats et Oman) se sont fait représenter par leurs ambassadeurs à Washington. Et ils ont eu droit aux vifs remerciements pour leur présence de la part de Trump et de Netanyahu.
Quant aux deux pays les plus importants, l’Egypte et l’Arabie saoudite, ils étaient si embarrassés qu’ils n’ont rien trouvé d’autre à dire que cette ineptie: « Les deux parties doivent s’asseoir et discuter »…
Et le royaume jordanien est dans un état que personne ne lui envie: entre le marteau et l’enclume. Entre la fureur du peuple qui a toujours conspué les solutions israélo-américaines biaisées. Ainsi que les pressions de l’establishment washingtonien et les bailleurs de fonds du Golfe.
Il vocifère, il hurle…
Et nous alors? Nous nous honorons d’avoir un président plus palestinien que les Palestiniens. Il sort de ses gonds et devient hystérique dès qu’il entend le mot « normalisation avec Israël « . Il vocifère, hurle et traite de « criminel » quiconque s’aventure dans cette voie. Mais, quand le président américain décide d’aller au-delà des rêves les plus fous des Israéliens les plus extrémistes, notre président s’inscrit aux abonnés absents. On a eu tout de même droit à cette réaction que le retraité que je suis entendait déjà depuis qu’il était sur les bancs de l’école primaire. A savoir: « La seule solution réside dans la reconnaissance des droits légitimes du peuple palestinien. »
Cependant, il y a eu une autre réaction par laquelle nous avons rendu un service inestimable à la cause palestinienne. 24 heures après le show du duo Trump-Netanyahu, la ministre du Sport par intérim est convoquée au palais de Carthage. Le président la somme de faire toute la lumière sur ce sportif israélien, Cohen Aaron, qui est entré dans notre pays avec un passeport français. Ce type a non seulement triché pour entrer au pays et participer à un tournoi de tennis. Mais il a battu comme plâtre le représentant tunisien à ce tournoi. Une enquête approfondie s’impose de toute urgence. Il y va de notre honneur et… de la pérennité de la cause palestinienne.