« Les exportations espérées de l’huile d’olive tunisienne ne dépasseront pas un volume de 220 mille tonnes. Ceci représente 63% de la production espérée, évaluée par le ministère de l’Agriculture à 350 mille tonnes ». C’est ce qu’indique un rapport publié, vendredi, par l’ONAGRI.
Selon le rapport sur « Le marché de l’huile d’olive au niveau national et mondial et mécanismes de régulation », le marché international de l’huile d’olive a connu, au cours des derniers mois, un grave déséquilibre entre l’offre et la demande. Ceci a induit une chute des prix sur un marché caractérisé par deux récoltes successives importantes en 2018-2019 et 2019-2020, et un niveau de stock déjà élevé.
« Cette situation de crise sur le marché mondial a fortement impacté le marché tunisien. Ce marché est marqué lui-même par une production abondante, en augmentation de 150% par rapport à 2018/2019 et un niveau d’exportation figé. Notons que les exportations vers l’UE seraient à un niveau avoisinant 127 mille tonnes. 57 mille tonnes seront exportées sous régime de quota. Environ 70 mille tonnes seront exportées sous régime de Trafic de Perfectionnement Actif (TPA), similaire à 2017/2018. Le potentiel d’export est de l’ordre de 93 mille tonnes pour les destinations hors UE ».
Par ailleurs, « la demande sur le marché national est caractérisée par un niveau de consommation équivalente à 44 mille tonnes. La consommation par habitant de l’ordre de 3,8 Kg. Cette consommation pourrait s’accroître de 50% à 100% grâce à la forte baisse de prix. Cette situation contribue, ainsi, à absorber une partie de l’excédent non exportable (environ 88 mille tonnes). En effet, les prix des olives provenant de Sfax ont encore baissé à la date du 3 février 2020. Ils varient de 0,750 D par kg (prix minimal), à 0,850 D par kg (prix maximal). Soit une baisse d’environ 50% par rapport à la même période de l’année précédente ».
Régulation du marché national
Ce rapport précise, par ailleurs, que « la situation délicate au niveau de l’UE a engendré des conséquences désastreuses sur les transactions de l’huile d’olive. Et ce, à l’échelle nationale. En effet, les prix de référence de l’huile d’olive ont chuté d’une manière significative. Et ce, en réponse à la diminution considérable des prix à l’exportation (7,08 D/kg pour l’extra vierge en vrac et 5,14 D/kg pour l’huile d’olive lampante en vrac exportée vers l’Espagne au mois de décembre selon la Douane) ».
Et de rappeler « qu’afin d’éviter l’effondrement des prix à l’échelle nationale, l’Office national de l’huile (ONH) a obtenu une garantie de l’État de 100 millions de dinars. Et ce, en vue de renforcer ses capacités d’intervention sur le marché intérieur pour l’acquisition de quantité d’huile d’olive (20 mille tonnes environ) qui vient de s’ajouter à l’enveloppe de 50 MD octroyée à l’ONH le 20 novembre 2019″.
De plus, « Une autre décision a été prise. Elle consiste à rééchelonner des crédits contractés par les triturateurs. Tout en supprimant les intérêts de retard, appliqués sur les crédits bancaires octroyés aux propriétaires d’huileries et aux exportateurs de l’huile d’olive. En plus, l’Etat a fait recours au mécanisme de soutien via un taux d’intérêt préférentiel désigné aux oléicultures demandeurs de prêts bancaires. L’Etat a, aussi, mis en place un programme spécifique de stockage de 100.000 tonnes d’huile d’olive pour la saison 2019-2020 ».
Une meilleure répartition des bénéfices
La question qui se pose est de savoir « si une telle mesure pourrait garantir une meilleure répartition des bénéfices entre les trois maillons du secteur : agriculteurs, transformateurs et exportateurs ? Une telle mesure arriverait-elle à freiner l’effondrement des prix des olives ? » s’interrogent les auteurs du rapport.
Et de conclure « pour assurer un impact positif sur l’accélération du rythme de la récolte et d’amélioration des prix, la prime de stockage devrait cibler les intervenants qui garantissent des capacités additionnelles non encore utilisées jusqu’à maintenant. Et ce avec l’obligation d’appliquer un prix minimum garanti et essayer, aussi, de privilégier l’emploi des capacités sous utilisées de l’ONH ».
Avec TAP