Le forum Attariq El Jadid organise une conférence-débat sur le thème: « Efficacité économique et justice sociale: quel compromis pour la Tunisie de demain? » L’événement se tenait le samedi 8 février à la Cité de la Culture.
Hakim Ben Hammouda, ancien ministre de l’Economie et des finances, économiste, revient sur l’importance de la justice sociale. Il met également l’accent sur une réhabilitation rapide, importante et majeure des deux secteurs les plus touchés. A savoir le secteur de l’éducation et celui de la santé.
En outre, il souligne que les caisses sociales connaissent une crise très importante, comme c’est le cas de la CNAM. « Il faut que le ministre des affaires sociales et le gouvernement se mettent autour d’une table pour trouver des solutions rapides à cette question », dit-il.
Hakim Ben Hamouda : 250 mille familles au dessous du seuil de pauvreté
En outre, il évoque que le cas des 250 mille de familles qui se trouvent au dessous du seuil de pauvreté. Il confirme l’urgence de trouver une politique ambitieuse et importante; afin de redonner espoir aux Tunisiens.
Mais la question essentielle est de savoir quel modèle économique peut-on espérer pour la Tunisie?
A cette interrogation, il a répondu: « Ce qu’il nous faut aujourd’hui est un contrat social ». Tout en tenant compte de l’histoire de la Tunisie et de son expérience politique depuis l’indépendance. Elle s’est basée sur l’idée d’un contrat social post indépendance, le rôle de l’Etat étant important.
Il ajoute: « Ce contrat social que l’Etat indépendant a mis en place, s’est essoufflé. Il est en crise. Or le défi de notre pays c’est de construire un nouveau contrat social démocratique et social. Mais le plus important dans tout ceci est de donner des réponses qui sont beaucoup plus larges. »
Cela dit, le constat est clair: sans stabilité politique,il n’y aura pas de stabilité économique. De ce fait, l’ancien ministre met l’accent sur la réussite de la transition démocratique qui est liée à la transition économique.
D’ailleurs, en parlant d’efficacité économique et de justice sociale, quel compromis pour la Tunisie de demain? Les intervenants partent du constant qu’il faut un besoin avant tout de comprendre et avoir une quête de sens de la part des citoyens.
En revanche, pour comprendre les difficultés de la situation économique et de la justice sociale que connaît notre pays, il faut mettre en place d’outils pratiques pour les analyser. Aujourd’hui, l’économie est devenue depuis un long moment le parent pauvre de la transition.
Le contrat social, une des solutions !
Du coup, il y a une marginalisation de l’économie. Aujourd’hui, la question économique revient avec une double difficulté, quelle sortie de crise, faut-il espérer?
Ainsi, Mohamed Sami Nabi, économiste, professeur des universités, revient sur les inégalités de revenus. Et comment remédier aux inégalités sociales. Selon lui, il faut revoir l’économie de l’information et surtout comment casser ce cercle vicieux.
Alors, il cite l’exemple du Brésil, qui selon lui, est un très bon exemple à suivre. Et ce dans la réussite de sa lutte contre la pauvreté. Par la mise en place d’un revenu minimal garanti aux familles les plus pauvres
Rappelons qu’au Brésil, depuis 2002, le pays a connu un boom économique. Et des années plus tard, il est devenu une puissance politique et économique. Aujourd’hui, le Brésil est la 8ème puissance économique du monde.
Comment mettre en place une équité sociale?
En revanche, Nourredine Haj, expert comptable à Ernest Young, insiste sur la nécessité d’une équité sociale et à la création de la richesse.
De son côté, pour qu’il y ait une équité sociale, Nourredine Haji met l’accent sur l’importance des règles fiscales acceptables et rationnelles. Dans le sens où les règles aboutissent à une imposition correcte qui privilégie l’entrepreneuriat et la création de la richesse.
Et la seconde solution selon lui est qu’il faut une vision claire et globale de ce qu’on veut dans une société qui se projette vers le futur. Il suffit de l’exprimer. Comme on l’avait fait il y a quelques décennies à travers le contrat social.
Pour sa part, Habiba Ben Romdhane, ancienne ministre de la Santé, professeure de médecine, souligne qu’il faut débattre sur le modèle auquel nous aspirons pour mettre un terme aux inégalités sociales.
Selon elle, pour réduire ces inégalités au niveau de la santé, il faut protéger les populations contre les risques financiers. Et aller vers un partage social équitable.
Au final, les intervenants se sont mis d’accord sur l’importance du contrat social démocratique en phase avec son temps.