Tout le monde ne parle que du dossier Moncef Baati, aussi bien à l’échelle nationale qu’internationale. Alors, pourquoi la présidence de la République met-elle fin aux fonctions de l’Ambassadeur de Tunisie auprès des Nations Unies Moncef Baati?
Ainsi, pour expliquer sa version des faits, la présidence transmettait un communiqué à l’agence de presse tunisienne. Elle y explique les raisons du limogeage de cet ambassadeur. En voici quelques extraits.
Tout d’abord, la présidence affirme que « la Tunisie ne cède ni aux marchandages ni à la pression ». Et fustige « la calomnie et le dénigrement ».
A ce titre, la présidence de la République apporte des précisions dans son communiqué. « La position indéfectible de la Tunisie sur la cause palestinienne et le droit du peuple palestinien à l’autodétermination ne change pas ».
« La Tunisie est attachée à la légitimité et au droit palestinien »
Et de poursuivre: « La Tunisie est autant attachée à la légitimité et au droit palestinien, qu’à sa souveraineté et à l’indépendance de sa décision. » Tout en affirmant que « ceux qui persistent dans la calomnie et le dénigrement, l’histoire ne manquera pas de les dénoncer ».
Car cette mise au point intervient suite à la polémique accompagnant le limogeage du représentant permanent de la Tunisie auprès de l’Organisation des Nations Unies. La présidence de la République fait savoir que « la Tunisie ne cède ni aux marchandages, ni aux pressions. Car lorsqu’elle défend le droit, elle ne prend en considération que le droit légitime… Le droit du peuple palestinien n’étant pas une marchandise passée au solde du compte de pertes et de profits ».
Alors, pour mettre fin aux critiques à son égard, la présidence de la République tenait à mettre les choses au point. « Celui qui initia le projet de résolution du Conseil de sécurité (allusion à Moncef Baâti ndlr) et qui a été instruit en secret à partir de la Tunisie, n’a pas cherché à faire aboutir ce projet ».
Et d’ajouter: « Lors de l’élaboration du projet, ni la présidence de la République, ni le ministère des Affaires étrangères ne furent consultés ».
Report de l’examen du projet de résolution à plus tard
Rappelons que la présentation par la Tunisie de l’examen du projet de résolution devait se dérouler au Conseil de sécurité, le mardi 11 février. Et ce, en tant que membre non permanent du Conseil. Mais le voilà qu’on annonçait son report à une date ultérieure.
Autrement dit, aucune position ne se prendra. Alors, reste à savoir s’il s’agit d’une coïncidence pour la Tunisie ou non. A savoir ne pas prendre une décision ferme. Et ce, en reportant volontairement cette date. Seul le temps démêlera le vrai du faux.
Cependant, le rappel du représentant permanent de la Tunisie auprès des Nations Unies ne laissait pas de marbre les diplomates chevronnés.
A ce propos, Elyes Kasri, ancien ambassadeur de Tunisie à Séoul s’exprimait, dans un post sur sa page officielle Facebook. Notons qu’il fut également ambassadeur dans bien d’autres pays comme la Corée, l’Inde, Japon et en Allemagne. Ainsi, il estime qu’une telle décision « est sans précédent dans les annales de la diplomatie tunisienne. Et pourrait être perçue comme un revirement honteux pour la Tunisie ».
En outre, il souligne: « Ce lâchage d’un serviteur de l’Etat a tourné au dénigrement. Et ce, tant par la présidence de la République que par le ministère des Affaires étrangères; au vu et au su de toutes les chancelleries du monde. »
De ce fait, il déclare que le syndicat du ministère des Affaires étrangères, l’Association des diplomates tunisiens et l’Association des anciens ambassadeurs tunisiens seraient bien inspirés d’exiger une enquête impartiale. Afin de déterminer les responsabilités. Et d’essayer de sauver ce qui reste de l’honneur des diplomates tunisiens.