Quand le non à l’exclusion devient le sacerdoce par excellence… Et le consensus, le maître-mot.
Ainsi, j’ai du mal à croire qu’après tant de turpitudes et d’échecs, on en soit encore à croire en les vertus biaisées du consensus. Tel qu’initié et voulu par feu Béji Caïd Essebsi et Rached Ghannouchi. Lui qui se la joue en solo, après le départ du vieux lion. Comme si l’actuel président de la République n’existait pas, ou si peu. Quitte à rester en dehors de la réalité et du temps. Et qu’au bout du chemin, c’est le compromis- et ses travers- qui attend.
Et dire qu’il a fallu encore une fois qu’un Matteo Salvini, mû par des considérations bassement électoralistes, s’incruste encore une fois dans notre morne actualité; via un paisible immigré tunisien vivant à Bologne, pour crier au scandale et à l’inacceptable. Le honteux et l’intolérable ne se trouvent-ils pas sous nos cieux; même si comparaison n’est pas toujours raison?
Face à la provocation, tout le monde est monté sur ses grands chevaux. Et on oublie facilement tout ce contingent de délinquants et de criminels qui n’ont pas réussi à se faire une place même petite en Italie. Et qui salissent outrageusement l’image du pays, en donnant du grain à moudre aux populistes. Lesquels se servent de la détresse pour nourrir la xénophobie et, partant, le terrorisme…
La révolution fut un cadeau du ciel!
Puis, il y eut Abderraouf Bettaieb, l’homme de l’ombre qui fait de l’ombre au président. Que n’a-t-on pas dit au sujet du personnage qui, pour l’occasion, a toujours été énigmatique? Et ses collègues du ministère des Affaires étrangères en savent quelque chose.
Et encore, qui ne connaît pas Raouf Bettaieb qu’il ne faut pas confondre avec l’autre Bettaieb, beaucoup plus discret? Comment ce diplomate de carrière en est-il arrivé là où il est? Alors que quelques mois avant la chute du régime Ben Ali, il en avait, comme du reste la plupart de ses collègues du ministère, plein le cœur contre les pratiques du palais. Car le département faisait fonction de garde-manger dans lequel il puisait à volonté pour récompenser un tel ou un tel autre. Qui pour prendre la tête d’une ambassade, Qui pour devenir consul général, voire consul.
Et la révolution fut, apportant dans ses bagages la liberté syndicale, un cadeau du ciel et un cheval sur lequel est monté notre homme. Afin de défendre bec et ongles les droits bafoués, les droits de tous les gens du métier qui n’en demandaient pas tant.
La suite, tout le monde la connaît maintenant. Même si les copains-coquins au nom d’une certaine idée de la légitimité sont toujours là.
La légitimité révolutionnaire doublée de la légitimité des urnes. Il est malheureux que les vainqueurs au rabais en usent et en abusent. En faisant prévaloir une confiance populaire dont les contours restent à définir. Et seulement avec quelques centaines de milliers de voix s’il vous plaît, ce qui est un comble.
Mais voilà, nous sommes en Tunisie, pays de toutes les particularités. Et où, par la grâce du vote sanction, vous pouvez devenir, en un clin d’œil, le champion des masses laborieuses et non laborieuses!