Deux ou trois établissements de paiement entreront en activité prochainement après avoir obtenu l’autorisation de la Banque Centrale de Tunisie (BCT), a annoncé le Gouverneur de la BCT, Marouane Abassi, lors de la conférence « Inclusion financière: enjeux et défis de la transformation numérique ».
Marouane Abassi a commencé son intervention en déclarant sa fierté d’annoncer que le directoire au sein de la BCT est composé de 50% de femmes. Que la BCT travaille depuis des années pour l’égalité du genre au sein de son directoire et de son top management.
Cette conférence a été organisée par la CNFCE Chambre Nationale des Femmes Chefs d’Entreprise et Konrad Adenauer Stiftung.
Évoquant l’inclusion financière, Abassi a fait connaître les résultats d’une enquête réalisée en 2018 ayant touché plus de 7000 ménages ainsi que les TPE. Au niveau de l’activité financière, le faible niveau d’activité financière est particulièrement marqué chez les bas revenus, les ruraux et les femmes. Cette étude montre de nombreuses disparités notamment par genre, soulignant que 51% des femmes tunisiennes sont des clientes d’une institution formelle contre 71% pour les hommes.
Cependant, 6% seulement de ces femmes font plus de 3 transactions par mois sur un compte contre 12% d’hommes.
Par type d’institution financière, 43% des hommes sont des clients des banques et 35% de la Poste. Tandis que les femmes sont, principalement, des clientes de la Poste à hauteur de 30% contre 23% concernant les banques. Donc les femmes ne sont pas suffisamment bancarisées.
Concernant l’usage des moyens de paiement, des écarts importants existent :21% des hommes utilisent un moyen de paiement autre que le cash. Et ce, au moins une fois par mois. Ce chiffre n’atteint que 13% seulement pour les femmes. Bien que la majorité (82% à 93%) des Tunisiens utilisent des moyens de paiement inscrits à leur propre nom et attachés à leur propre compte, les bas revenus, les jeunes et les femmes sont ceux qui utilisent le plus les moyens de paiement qui ne leur appartiennent pas. Ces moyens sont ceux de leurs époux, parents et autres membres de la famille. D’après Marouane Abassi, cette dernière constatation constitue une forme d’exclusion financière.
Au niveau du financement, 60% des adultes tunisiens ont eu à titre personnel recours à une source de financement (crédit formel ou non) lors des 12 derniers mois.Seuls 16% d’entre eux ont eu recours à un crédit formel auprès d’une banque ou institution de micro-finance. Peu de bas revenus (9%) et de femmes(12%) ont pu avoir un accès au crédit formel. « Si ces derniers n’accèdent pas au financement formel, c’est que certainement ils ont recours au financement informel et illicite. Ce qui pose des problèmes au niveau des coûts de transactions ».
Au niveau de l’utilisation des services de l’Assurance, « seuls 2% des adultes tunisiens ont eu recours à une assurance non obligatoire. Ce taux est indicateur du niveau de l’épargne. Et est nettement supérieur au Maroc « ,a t-il ajouté.
Enfin, le gouverneur de la BCT conclut en disant que « si depuis des années l’IHEC a vu défiler des lauréates, pourquoi ne les voit-on pas au niveau ministériel ? Ni à celui des directions ? Malgré toutes les avancées de la Tunisie, il reste beaucoup à faire à ce niveau. »