Le monde d’aujourd’hui avance à grande vitesse. On parle de plus en plus de la 5G, la cinquième génération qui confère des débits élevés à la téléphonie mobile, des voitures autonomes, des villes intelligentes (smart cities), téléchirurgie, IA et bien d’autres…Toutes ces transformations seront une réalité dans deux ou trois ans dans certains pays développés.
Où en sommes-nous? Sommes-nous prêts à faire partie de l’industrie 4.0 ? Mustapha Mezghani, Expert en économie numérique et politiques publiques dresse un état des lieux de l’industrie 4.0.
Mustapha Mezghani souligne pour sa part: « Contrairement à ce que pensent certains, l’industrie 4.0 n’est pas une simple évolution technologique. Ce n’est pas uniquement « plus d’intelligence » dans les composants, les produits ou les équipements. »
Il précise dans ce contexte: « Il y a toute une philosophie derrière qui constitue une vraie menace pour la Tunisie. La première raison qui a poussé l’Allemagne à développer le concept « Industrie 4.0″ est la menace ressentie de perdre son leadership sur les équipements industriels et l’industrie en général. Il est important de relever que l’Allemagne est l’initiateur de l’Industrie 4.0. »
Industrie 4.0 : plus d’automatisation
Selon lui, l’objet de l’industrie 4.0 est d’aller vers plus d’automatisation et la communication pour réduire la taille des entreprises et arriver à avoir un prix à la pièce équivalent au prix de la série de manière à ne plus avoir recours à des pays à faible coût de main-d’œuvre.
Il ajoute: « L’Industrie 4.0 ramènera la fabrication à proximité de la demande. D’ailleurs, Adidas a développé une unité de production de chaussures aussi grande qu’un container, ce qui a permis à des consommateurs de personnaliser leurs chaussures et partir avec en temps réel. Après la délocalisation, on reviendra vers la relocalisation et les industries reviendront vers les pays du Nord. Avec l’Industrie 4.0, le problème de coût et de disponibilité de main-d’œuvre ne se posera plus. »
Et de poursuivre : « L’Industrie 4.0 ne présente pas une menace pour les industries ou les industriels, mais une menace pour l’économie tunisienne. La Tunisie doit revoir ses avantages compétitifs dont elle parle et qu’elle a toujours mis en valeur : des ressources humaines disponibles et à faible coûts. »
Dans le cadre de l’Industrie 4.0, « la notion de main-d’œuvre n’aura plus vraiment de sens car la robotique sera fortement présente. Quant aux ressources humaines, elles sont de plus en plus mobiles, donc de moins en moins disponibles. », dit-il.
Et il conclut : « Le client du futur, et même du présent, veut des produits personnalisés et livrés rapidement. C’est à cette problématique que les industriels s’évertuent à apporter une réponse. Cela nécessite des délais de fabrication courts et, à défaut d’être à proximité de la demande, des délais de livraison courts. Or, avec la logistique que nous avons, nous perdons progressivement l’avantage de la proximité de l’Europe. »