La Tunisie doit se préparer à l’industrie 4.0. Et ce, pour tirer profit de tous ses avantages. C’est ce qu’affirment les intervenants au panel « L’industrie 4.0 – Concepts, état de l’art et perspectives ». Il se tenait dans le cadre de l’événement Smart Industrie 2020.
En effet, la deuxième édition du salon SMART Industrie démarrait, mercredi, à Tunis. Et c’est l’APII qui est en charge de l’organisation. En collaboration avec les ministères de l’Industrie, des petites et moyennes entreprises, des Technologies de la communication et de l’Economie numérique. A cet égard, cette manifestation vise à faire connaître le concept de l’industrie intelligente ou industrie 4.0. De même qu’à inciter les entreprises industrielles et les opérateurs économiques en général à mettre à profit les opportunités offertes par cette nouvelle révolution industrielle.
Ainsi, prennent part à cette nouvelle édition, qui se tient jusqu’au 20 février, 19 exposants. Ils représentent tous des sociétés industrielles spécialisées dans l’industrie 4.0. Et ce, pour présenter les réalisations des entreprises tunisiennes dans le domaine de l’industrie intelligente. Ainsi que des solutions technologiques dans ce domaine.
Sensibiliser 1000 sociétés industrielles
Par ailleurs, le directeur général de l’APII, Omar Bouzouada, explique que l’exécution du programme débutait il y a un an. Elle vise à sensibiliser 1000 sociétés à l’importance d’adhérer à la quatrième révolution industrielle. En plus des stages au profit de 500 cadres en matière de nouvelles technologies. Et du soutien apporté à cent entreprises dans leur transition vers l’industrie 4.0. A travers la création de deux centres pour les compétences à Sousse et à Sfax, dans une première étape. Il s’exprimait, en marge du salon organisé avec le concours de la GIZ.
En outre, l’APII organise un hackathon. Et ce, en collaboration avec le programme « Innove » financé par l’Union Européenne. Il caractérise cette nouvelle édition de SMART Industrie.
De ce fait, ce concours ou challenge de l’industrie 4.0 commençait mardi avec la participation de 22 équipes. Elles se composent de 60 participants qui concourront pendant 48 heures. Objectif : trouver des solutions technologiques à des sujets et défis de la réalité de l’entreprise. Lesquels sont présentés par des industriels dans le domaine de l’industrie 4.0.
D’ailleurs, trois lauréats de cette compétition se verront décerner trois prix. Et ce, lors de la séance de clôture de la manifestation. Les prix consistent en l’offre de l’opportunité de participer à un salon international, dont le thème est en rapport avec l’industrie 4.0. L’APII prendra en charge, également, les frais de la constitution légale des sociétés et les frais d’enregistrement des brevets d’innovation. Outre la participation gratuite, pendant un an, aux manifestations économiques organisées par l’Agence, selon M. Bouzouada.
Ne pas rater le coche de l’industrie 4.0
Pour sa part, le ministre de l’Industrie et des PME, Slim Feriani, soulignait que le gouvernement œuvre depuis des années à la mise en place d’une industrie intelligente. Et ce, en vue d’améliorer la compétitivité des entreprises. Surtout que 90% des exportations tunisiennes parviennent des industries manufacturières.
Par conséquent, il n’existe qu’un unique choix, aujourd’hui, pour l’ensemble des sociétés, que ce soit dans le secteur public ou privé. Et il repose sur l’intégration dans une industrie intelligente à la page de la nouvelle révolution industrielle, précise le ministre.
Puis le ministre rappelait les principales réformes en la matière. Avec notamment la mise en place de la stratégie « Tunisie numérique 2020 ». De même que la création du projet de réseau intelligent de l’électricité et du gaz. En plus des efforts déployés pour la transition vers un nouveau modèle de développement en harmonie avec la prochaine étape. Et ce, à travers le démarrage de l’élaboration de la stratégie nationale de l’industrie et de l’innovation à l’horizon 2035. Elle vise à formuler une nouvelle vision prospective ambitieuse du secteur.
En effet, le sujet est d’une importance capitale actuellement. Car, l’industrie 4.0 ouvre de nouvelles perspectives à l’économie tunisienne. De ce fait, l’écosystème économique n’est pas censé rater cette perspective.
La transformation digitale comme préalable
De son côté, le vice-président de l’UTICA et le Président-directeur général de COFICAB, Hichem Elloumi, développait son point de vue. Il estime que l’industrie 4.0 et l’intelligence artificielle auront des impacts positifs sur l’économie tunisienne. En premier lieu, les entreprises tunisiennes doivent prendre conscience de l’importance de la digitalisation et la transformation digitale. Car elles sont essentielles et indispensables avant tout passage à l’industrie 4.0. Dans ce sillage, il s’interroge sur le nombre des entreprises tunisiennes digitalisées.
De plus, le travail doit être axé sur l’amélioration du produit. Pour lui, quand on parle d’industrie 4.0, il s’agit de processus et d’équipements interconnectés. Reliés à un système d’information à travers une plateforme de gestion de l’innovation du métier lui-même.
Alors, l’intervenant poursuit que l’industrie 4.0 apportera plus d’innovation à l’industrie. « Cependant, il faut établir plusieurs préalables ». En effet, Hichem Elloumi rejette le pessimisme qui annonce que l’industrie 4.0 va faire disparaître tout un pan de l’industrie. Pour lui, une entreprises 4.0 est une entreprise qui a une transformation digitale bien puissante qui s’oriente vers l’innovation. Et de souligner l’importance de la compétitivité du produit de l’entreprise.
D’autre part, il affirme que la Tunisie est fin prête pour se mesurer à l’industrie 4.0. Puisqu’elle possède les compétences idoines. Le secteur de l’emploi est consistant, il représente 80 mille personnes. Avec 2,5 milliards de dinars d’export, c’est un secteur important. D’ailleurs, plusieurs entreprises sont en train de suivre les grandes tendances du domaine comme la voiture électrique et la voiture connectée.
Une rupture avec l’ancien système
Ensuite, c’était au tour de l’expert en intelligence artificielle économique, Mohamed Balghouthi, d’intervenir. Il affirme que l’industrie 4.0 est une rupture complète avec l’industrielle actuelle. Et de citer le cas d’une usine de fabrication d’injecteurs automobiles en France qui a fermé. La fermeture de l’usine mettait ainsi plus de 1800 salariés à la porte. En cause: l’apparition d’une technologie qui revient moins chère dans l’assemblage des injecteurs. Puisqu’un injecteur coûte à peu près 250 euros. Alors que grâce aux nouvelles technologies, la baisse des coûts est importante. Pour lui, il s’agit d’une rupture totale qui a des conséquences systémiques sur toute la chaîne de valeur. D’ailleurs, il indique que les moyens de production changent également. « On est passé de la production soustractive à la production additive », précise-t-il.
Alors, la valeur économique n’est plus sur le moins cher et le moins-disant dans un monde de changement technologique. Le temps et l’intelligence sont les objets de la guerre actuelle.
A titre d’exemple, il affirme que pour l’énergie fossile qui était incontournable, le compte à rebours a déjà commencé. Puisque ce sera dans 10 ou 15 ans. Revenant à l’actualité, l’intervenant affirme que contrairement au temps politique, le temps économique est mûrement réfléchi. Il estime que la transition politique durera encore de 10 à 15 ans. Avant d’affirmer que l’économie doit être dissociée des tractations politiques.
« Pour cette raison nous travaillons sur le concept d’une agence nationale d’intelligence économique. Elle élaborerait la stratégie tunisienne et la place de la Tunisie dans le monde », fait-il savoir. Grâce à cette méthode, l’économique continuerait de tourner malgré les tractations politiques.
Le secteur privé à la rescousse
Enfin, le Président d’honneur et fondateur de l’Association Tunisienne d’Intelligence Artificielle Khaled Ghedira intervenait. Il déclare que la Tunisie a raté la révolution de la transformation digitale. Alors, il ne faut pas qu’elle perde la révolution de l’industrie 4.0, précise-t-il. Il ne voit que deux solutions: soit le gouvernement propose une stratégie de l’industrie 4.0; soit le secteur privé le fera.
« Il paraît que c’est nous qui proposons », poursuit-il. L’intervenant propose également d’intégrer l’intelligence artificielle dans l’enseignement. Il appelle les politiciens à mettre en place une stratégie nationale pour l’intelligence artificielle. Cette stratégie doit se faire sous l’égide de la Présidence de la République ou de la Présidence du gouvernement.