Il faut vite lire « Le siècle du populisme, histoire, théorie, critique » l’essai de l’historien et sociologue français Pierre Rosanvallon qui vient de sortir en librairie. « Le populisme, écrit l’auteur, relève d’abord d’une dynamique plus ou moins fantasmée selon le pays de reprise du pouvoir sur une élite supposée corrompue par un peuple supposé vertueux… ».
Une rhétorique que Kaies Saied himself n’aurait pas reniée ! Si le populisme triomphe, c’est qu’en face, il n’y a pas d’alternative, nous dit, entre autres, Rosanvallon. Il souligne que le grand danger du populisme, c’est qu’il table sur la haine pour faire de l’unité. Et que fait d’après vous le président de la République ?
Populisme mode d’emploi
Têtu le Chef de l’Etat, comme s’il voulait préparer je ne sais quelle réélection, alors qu’il vient tout juste d’entamer son mandat. Le cafouillage est tel qu’on parle même de lui retirer la confiance. Comprenez, le destituer. Comprenez, une autre révolution qui serait en marche…
Vraiment trop pour votre humble serviteur ! Il y a tellement d’iniquités dans ce pays qui attendent d’être corrigées et vite. Il y a tellement d’inconséquence, que je n’arrive pas à comprendre. Encore moins admettre, que des municipalités s’avisent d’interdire la mise en place de centres d’isolement dans leur commune pour prévenir la propagation du coronavirus dans le pays, au motif qu’elles craignent que leurs administrés ne soient contaminés.
Où avez-vous vu cela ? Le virus tant redouté aura apporté la confirmation de ce que l’on sait sur ce peuple, à savoir cette propension à voir le mal là où il n’est pas. Et ignorer le bien même quand il est réel.
Populisme mode d’emploi. Et après cela, on sort sur les marchés financiers pour emprunter encore et encore à des prêteurs qui ont leur propre logique. Et vous trouverez toujours quelqu’un comme Youssef Chahed pour vous dire que le pays est sur une bonne pente, alors qu’il a tout fait pour qu’elle soit sur la mauvaise.
En plus, quand on nous dit rigueur, on sait très bien qui va devoir supporter ses effets. Que tout d’un coup on parle de clarté, et ce sont de mauvais souvenirs qui refont surface.Un peu comme s’il devait toujours y avoir en nous quelque chose du RCD…
Faut-il aller jusqu’au bout de la terre?
Pays divisé, pays fracturé, et pays malheureux, telle est la Tunisie d’aujourd’hui, même si on va dire que ce n’est pas aussi sombre que cela. Une Tunisie devenue comme ce serpent qui se mord la queue. Même les raclées les plus sévères n’auront servi à rien. Et quand le rapport de force vacille, c’est toujours la raison du plus vil, du plus mesquin qui finit toujours par l’emporter. Et c’est le Président Saied qui, du fond de son palais, est envahi par le complexe de Brutus. Toi aussi Elyès, tu me fais fausse route !
Juste au moment où le président vient de faire le ménage dans son cabinet : exit Abderraouf Bettbaieb qui, tel un animal blessé, vient de nous montrer de quel bois il pouvait se chauffer. Exit aussi Tarek Bettaieb, sa discrétion n’aura pas suffi à masquer son manque de consistance. Et à l’ARP, où la consistance est la moins partagée, c’est toujours la foire d’empoigne, et c’est à qui déversera le plus son fiel. Il faut dire que nous y étions préparés. On a même pensé à convoquer une session extraordinaire pour porter assistance au peuple palestinien en danger…
Plus rien d’auguste, plus rien de symbolique, comme si l’ubuesque avait décidé de s’installer pour toujours…Pourtant, j’aimerais tant retrouver des moments de sérénité, de grâce, rien à faire. Il faut dire que le tumulte est aussi grand que l’inaudible. Faut-il aller jusqu’au bout de la terre, comme dirait Aznavour, là où la misère serait moins pénible au soleil ?
Vous allez me répondre que le soleil, nous l’avons déjà, et à gogo. A tel point qu’il lui arrive de plomber toutes les énergies !