Le discours d’ Elyes Fakhfakh, lors de son allocution d’aujourd’hui, à l’ARP est-il convaincant ? Mais plus encore que faut-il penser ? Kerim Bouzouita, anthropologue livre son point de vue
Kerim Bouzouita souligne dans une déclaration à leconomistemaghrebin.com que le discours se divise en 2 grandes parties :
Une partie politique et une partie programmatique. Il précise à cet égard: « La partie politique est intense. La partie programmatique est orthodoxe. Elle est même un peu longue au point que Ghannouchi est obligé de rappeler à l’ordre les députés qui manifestement s’ennuyaient à partir de la minute 41″.
Quant à la partie politique, cela le positionne comme un homme d’Etat : conscient de l’histoire de son pays et de sa continuité. Kerim Bouzouita indique: « L‘originalité de Fakhfakh c’est qu’il tient un discours d’union nationale à travers le temps. Ainsi il cite dans cette histoire politique des antagonistes comme Bourguiba et Ben Youssef et élargit à Farhat Hached. De plus, il se positionne en tant que président du gouvernement de tous les Tunisiens. D’ailleurs, il évoque plusieurs fois la notion de « responsabilité »
En outre, « il fait un focus sur les jeunes, particulièrement les jeunes en difficulté, et un focus sur les femmes », poursuit-il.
Evoquant la présentation de son gouvernement par la ministre de la justice, M.Bouzouita évoque d’ores et déjà plusieurs éléments qu’a cités Elyes Fakhfalh, à savoir une série de personnalités féminines : Elyssa, Arwa, Aziza Othamana, Maya Jeribi
Autre élément, Kerim Bouzouita rappelle l’harmonisation du discours avec celui de Saïed, en empruntant des éléments de langage de ce dernier, en citant : « moment historique », « tournant historique » responsabilité » tadhafor annawaya assadiqa »
Et d’ajouter: « Mais il n’échappe pas à la touche de populisme caractéristique de notre paysage politique, sauf que là, il utilise une technique originale. Il s’adresse aux députés par des mots imputés au « peuple ». Et de ce fait, il s’habille d’une légitimité imaginaire pour porter la parole du peuple devant les élus ».
En somme, il est un paradoxe. Et de conclure: « Le peuple a élu les députés et n’a pas élu Fakhfakh. Alors que ce sont eux qui ont la légitimité légale pour porter la parole du peuple. »