La Fondation BNA organisait le 26 février 2020 au siège de la BNA un débat. Il s’intitulait: « La politique monétaire en période d’instabilité ». Ce débat se déroulait autour de la période de dérapage des indicateurs macroéconomiques. Mais aussi de la croissance et du retour de l’investissement et de l’épargne. Marouane El Abassi y participait.
En effet et en guise de présentation du thème de ce débat, les organisateurs ont invité le « binôme« . C’est ainsi que l’a qualifié Habib Ben Hadj Kouider, Directeur général de la BNA. Il se compose du Gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, Marouane El Abassi, et de Ridha Chalghoum, ministre des Finances.
A cette occasion, les deux responsables ont témoigné de leurs expériences. Ainsi que des efforts consentis pour maintenir la stabilité des indicateurs économiques. Et ce, à travers la coordination entre la politique monétaire et la politique budgétaire.
Pour sa part, Habib Ben Hadj Kouider estime qu’une politique monétaire n’est accomplie que lorsqu’elle est adossée à une politique budgétaire. Et d’ajouter que le thème de la politique monétaire est d’autant plus important aujourd’hui que les débats autour de l’indépendance de l’institut régulateur sont ouverts.
« Ce binôme a bien fonctionné. J’ai vu comment il défendait, dans les instances internationales, le label Tunisie, au cours des négociations. Et ce, à un niveau très élevé impliquant le devenir du pays ». Tel est le témoignage qu’apporte le président de la Fondation BNA.
Faire un bon atterrissage
De son côté, le gouverneur de la BCT tenait à rappeler la période d’incertitude de ces deux dernières années. Et notamment les trois derniers mois. Cette période encourage l’invisibilité et la morosité. Cependant, optimiste, le gouverneur de la BCT affirme que les choses bougent favorablement en Tunisie; mais les gens ne parlent que de ce qui ne fonctionne pas !
Alors, témoignant des actions et décisions prises durant cette période, le gouverneur de la BCT déclarait: « Ce qu’on a pu faire durant ces dernières années, je le dois à Ridha Chalghoum. Nous connaissons techniquement et parfaitement les deux institutions. »
Car, si les deux composantes de ce binôme ne discutent pas beaucoup; ils travaillaient quotidiennement chacun de son côté. « Dans une période de crise et de transition économique compliquée, il n’est pas facile de pouvoir gérer le gérable (paiements, difficultés avec les entreprises publiques, sortie sur les marchés…). Nous essayons de faire un bon atterrissage. Parce qu’il fallait quatre mois pour former un gouvernement. Cela veut dire quatre mois de plus pour pouvoir sortir sur les marchés, relancer les discussions avec le FMI, avec une absence de visibilité sur les financements extérieurs…Le choix était de recourir à un prêt syndiqué accordé par les banques à l’Etat », rappelle le gouverneur de la BCT.
Et d’ajouter que Ridha Chalghoum trouvait les moyens et les solutions au niveau du ministère des Finances pour plusieurs décisions compliquées que la BCT a prises. Cela montre, pour le gouverneur de la BCT, comment, en période incertaine et de transition, un ministre des Finances et un gouverneur de la BCT fonctionnent ensemble. « Je ne pourrais pas avoir de meilleur binôme que Ridha Chaklghoum », s’est félicité Marouane El Abassi.
L’instabilité est génératrice de tous les maux
Quant à Ridha Chalghoum, il déclare: « La personnalité du gouverneur de la BCT m’a beaucoup conforté grâce à sa compétence et sa confiance ». « S’il n’y avait pas Marouen El Abassi, je n’aurais jamais pu être aussi serein quand il y a des difficultés et des entraves à résoudre », dixit le ministre des Finances sortant. M. Chalghoum a, à cette occasion, tenu à remercier tous les cadres de la BCT et du ministère qui ont toujours, selon lui, gardé une distance par rapport au quotidien vécu. Pour lui, les cadres des deux institutions ont toujours considéré que la Tunisie mérite une situation meilleure que celle à laquelle elle fait face aujourd’hui.
« Parler des instabilités est très important. Elles sont génératrices de tous les maux: injustice sociale, dérapages et déséquilibres (hausse des salaires, création monétaire, grèves…). Rappelons, à ce titre, que les grands changements de la politique monétaire à l’international sont la conséquence de périodes d’instabilité. La BCT avait certes le courage de prendre des décisions difficiles. Parfois, on se trouvait seul face pour agir sur différents paramètres. La politique et la politique budgétaire ont subi de fortes tensions. Mais nous sommes aujourd’hui dans une situation meilleure que celle héritée en 2017. L’environnement ne permettait pas des investissements extérieurs et de générer des devises », conclut Ridha Chalghoum.