Alors qu’une nouvelle équipe est désormais à la Kasbah, il est temps de laisser de côté les jolis slogans et d’affronter la réalité amère d’une économie qui a du mal à redémarrer en Tunisie.
Bien évidemment, 2020 portera peu, en Tunisie, la touche de l’équipe Fakhfakh. Laquelle devrait déjà s’attaquer à certains dossiers chauds, comme la sortie sur les marchés internationaux et les complications de la gestion courante. A tout cela, s’ajoute un environnement particulièrement difficile qui ne faciliterait pas la tâche pour la relance de l’économie.
Le Coronavirus fait plier les économies
En effet, quelques semaines auparavant, rares sont sont qui pensaient que le Coronavirus fera autant de mal à l’économie mondiale. La semaine qui vient de s’écouler a montré qu’il s’agit bien d’une menace réelle et globale. Le FMI a déjà révisé ses prévisions de croissance mondiale en la ramenant à 3,3%; mais il ne va pas tarder à la dégrader davantage. L’économie chinoise représente 16% de celle mondiale. Et elle est actuellement en quarantaine. Les spécialistes craignent déjà des chiffres décevants pour le premier quart de l’année.
Pour la Tunisie, les choses sérieuses ont commencé la semaine dernière. Avec la surprise italienne et la multiplication des cas dans des pays clés pour notre activité commerciale et industrielle. Désormais, le virus est à notre porte. Donc, un scénario d’une propagation rapide de cette maladie. Celle-ci entraîne le confinement de la population. C’est le pire scénario qui puisse arriver à une économie tunisienne qui se base sur l’export.
Mais la plus grande complication n’est pas encore visible. En effet, il s’agit des problèmes de la chaîne d’approvisionnement dans certaines industries qui nous concernent directement. Des soucis commencent à se manifester dans l’industrie de l’automobile, de l’électronique et du textile.
Car, les produits ne quittent plus les pays d’origine. Et même s’ils sont parvenus à destination, ils restent bloqués sur les quais. Les fabricants européens sont dans le flou. Les carnets de commandes de nos entreprises seront également touchés. Les sociétés européennes, même les plus grandes, refusent de commenter l’impact potentiel de cette crise. Ceci présume que c’est vraiment significatif. Au rythme actuel, c’est tout le premier trimestre de l’année qui a été gommé. Nous n’allons pas avoir de chiffres avant mi-avril.
Les criquets font leur pèlerinage en Afrique
En sus de notre premier client qui commence à avoir des sueurs froides, une partie du marché africain que nous ciblons est attaquée par des milliards de criquets pèlerins. L’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) a déjà annoncé qu’il s’agit de la plus mauvaise crise que la région ait connue depuis sept décennies.
Ainsi, nous présentons quelques chiffres qui prouvent qu’il ne s’agit pas d’une simple affaire qui se déroulent à des milliers de kilomètres de frontières de la Tunisie. Selon la FAO, les essaims en question couvrent l’équivalent de la superficie du Luxembourg. Ils consomment quotidiennement 400 mille tonnes de nourriture. Le Soudan du Sud et la RDC se trouvent d’ailleurs actuellement menacés. Il ne faut pas compter sur ces pays pour affronter seuls et efficacement une telle catastrophe. Cette peste migratoire peut parcourir 150 kilomètres par jour. Vous pouvez faire seul le calcul.
Les priorités économiques des pays de la région seront donc changées. Avec une orientation vers la résolution des problèmes alimentaires et la prévention contre le Coronavirus. Nous sommes loin de pouvoir exploiter cela immédiatement. Nous restons toujours convaincus que l’Afrique n’est pas un marché stable. La demande évolue rapidement. Elle est souvent fragilisée par les catastrophes naturelles et l’instabilité politique. Alors que nous manquons de l’élasticité nécessaire pour nous y imposer.
Commencer par les chantiers internes
Dans un tel contexte, les choix sont limités. Il faut être certain qu’il ne s’agisse pas de risques ponctuels; mais plutôt des conséquences des changements climatiques. Nous allons devoir composer avec une économie mondiale qui lutte contre des crises souvent inédites.
Pour redresser la barre, le point de départ doit être les dossiers internes. Et ce, en travaillant sur la compétitivité de l’économie. Il faut se donner les moyens de la rendre plus flexible et cela passe, en premier lieu, par un désengagement des entreprises publiques et l’ouverture de tous les secteurs à la concurrence. Sans vouloir être pessimiste, la lecture du document contractuel signé par les partis politiques participant au gouvernement n’est pas prometteuse à ce niveau. En Tunisie, le bout du tunnel n’est pas pour demain.