Que faut-il penser des derniers remous à l’Assemblée où la violence verbale le dispute à l’incitation à la haine ? Khawla Ben Aïcha, membre du bureau exécutif du parti Machrou3 Tounes et ancienne députée, revient sur le paysage politique.
Khawla Ben Aïcha estime qu’on peut ne pas être d’accord avec Mme Moussi, être contre ses positions et orientations politiques. Elle précise à cet égard: » Dénoncer ses choix passés ou ses méthodes est une chose, mais nous ne pouvons pas fermer les yeux sur ce qui lui arrive dans l’Hémicycle. L’accusation d’apostasie qui lui a été lancée, qui plus est, par un élu du peuple est extrêmement grave. C’est bel et bien une incitation au meurtre » .
Et de poursuivre: » Nous ne pouvons passer sous silence une telle violation de la Constitution. En effet, celle-ci criminalise nommément l’accusation d’apostasie dans son article 6, paragraphe 2 : « … prohiber les accusations d’apostasie, ainsi que l’incitation à la haine et la violence et les juguler ». Cette même accusation d’apostasie est mentionnée dans la loi relative à la lutte contre le terrorisme. Et ce, dans son article 13 qui prévoit même jusqu’à la peine capitale si cet acte mène au meurtre … La question qui se pose à ce stade n’est pas de savoir si nous sommes avec ou contre Mme Moussi mais si nous sommes pour ou contre l’application des lois de ce pays ? »
Et d’ajouter: « Sommes-nous pour ou contre les dispositions de la Constitution ? Pour ou contre les droits de l’Homme ? Pour celles et ceux qui ont la mémoire courte, je voudrais leur rappeler que Mohamed Brahmi et Chokri Belaid ont été assassinés à la suite de telles accusations d’apostasie… Et je ne pense pas que qui que ce soit souhaiterait revoir de telles scènes se reproduire dans notre pays . »
Elle conclut en déclarant : « Nous ne devons pas banaliser ce type d’agissements et encore moins les passer sous silence ou encore les noyer dans des débats stériles. Et bien que je n’apprécie ni ne cautionne la tournure qu’ont prise les protestations de Mme Moussi. Qui parfois bloquent le travail de l’Assemblée, je la rejoins et la soutiens dans son indignation contre la présidence du Parlement. Qui n’a pas opposé de réaction immédiate et adéquate face à ce grave incident. Celles et ceux qui cautionnent par leur silence ces agissements ignobles devraient avoir honte. Car les principes sont indivisibles et les lois doivent s’appliquer à tout le monde. Les deux poids deux mesures n’ont pas leur place au Parlement ».