12 milliards de millimes, c’est la valeur annuelle totale des dix millimes, non rendus aux clients sur le prix de la baguette (190 millimes). Et ce, selon une étude réalisée par l’Institut National de la Consommation (INC), en 2017.
« Le fait de ne pas rendre la petite monnaie, a ancré chez le citoyen, l’idée que le prix de la baguette est de 200 millimes, au lieu de 190 millimes ». C’est ce que souligne le président de l’Organisation de Défense du Consommateur (ODC), Slim Saadallah.
De leur côté, les boulangers expliquent que les dix millimes non rendus représentent le prix du sachet donné pour mettre les baguettes. Ce à quoi, M. Saadallah répond que le sachet doit être gratuit. D’autant plus que le citoyen ne reçoit pas sa « petite monnaie »; et ce, même s’il achète plusieurs baguettes, pour un seul sachet.
Les mêmes pratiques sont observées tous les jours, que ce soit dans les grands espaces commerciaux, que dans les petits commerces (épiciers, marchands de fruits et légumes…). Le prétexte: l’indisponibilité de la petite monnaie.
Par ailleurs, 30% des achats effectués par les citoyens se font dans les grandes surfaces. Ces dernières ne rendent généralement pas, la petite monnaie d’une valeur allant jusqu’à 40 millimes. En faisant ainsi, des bénéfices énormes aux dépends du citoyen.
Est-il vrai que la petite monnaie est indisponible, ou sommes-nous face à une pratique frauduleuse?
Pourtant, la Banque centrale de Tunisie recense à fin 2018, dans un rapport publié en 2019, 60,2 millions de pièces d’une valeur d’un (1) millime, en circulation sur le territoire national. Alors que le citoyen tunisien constate que cette petite monnaie a quasiment disparu. Ainsi que 36,5 millions de pièces de deux (2) millimes, 440 millions de pièces de cinq (5) millimes et près de 242 millions de pièces de dix millimes.
De même, la BCT fait état de la disponibilité, sur notre marché monétaire, de 393 millions de pièces de 20 millimes. Ainsi que 170 millions de pièces de 50 millimes et 290 millions de pièces de 100 millimes.
De ce fait, l’Agence TAP a contacté à plusieurs reprises le chargé de la communication à la BCT, pour obtenir une actualisation de ces chiffres, mais sans avoir aucune réponse.
Toutefois, Saadallah estime que certains commerçants ne manifestent aucun intérêt à détenir ces pièces, même si elles sont disponibles.
Et de critiquer la publicité consistant à afficher des prix non ronds (6690 millimes ou 799 dinars par exemple). Alors que l’acheteur paye généralement des chiffres ronds (7 dinars et 800 dinars pour les exemples évoqués). Le responsable de l’ODC a qualifié d’illégale cette pratique. D’ailleurs ce n’est, selon lui, qu’une sorte de publicité mensongère.
Il en appelle à une prise de conscience des citoyens qui doivent dénoncer cette arnaque. Elle orchestrée par les commerçants, tous types confondus. Il incite à exiger qu’on leur rende la petite monnaie, quelle que soit sa valeur.
Par ailleurs, les usagers des services publics se disent confrontés à la même pratique. Par exemple, en achetant les tickets de bus et de métro à des prix supérieurs aux prix fixés. Un ticket de 470 millimes par exemple s’achète à 500 millimes. Puisque l’agent chargé de la vente des tickets ne rend généralement pas les 30 millimes de différence. Il devient ainsi légitime de se poser la question sur l’issue des montants collectés grâce à cette pratique illégale.
Car, notons que la loi tunisienne relative à la protection du consommateur prévoit des sanctions contre la tromperie et la tentative de tromperie. Elles sont des infractions au principe d’intégrité des transactions commerciales. Et elles sont punies d’amendes ou de peines d’emprisonnement, selon la gravité des actes commis.
Avec TAP