La multiplication des foyers de coronavirus à travers le monde est spectaculaire. Dans un contexte de mondialisation exacerbé. Certes, ce type d’épidémie n’est pas une première dans l’histoire de l’humanité.
Mais, il n’empêche que l’épidémie de coronavirus convoque des pages sombres de notre histoire commune et de notre imaginaire collectif. Pour nos contemporains, elle questionne son environnement et son quotidien, celui de la mondialisation. Et dévoile ses vulnérabilités et donc les failles de nos sociétés globalisées, interdépendantes.
COVID19 et mondialisation
En effet, la crise épidémique du coronavirus (COVID19) illustre le lien entre mondialisation de l’économie et mondialisation des pathologies. Car, la mondialisation consiste d’abord dans l’intensification et l’accélération de la circulation des biens, des personnes et des idées. De plus, l’épidémie actuelle du COVID19 illustre à nouveau la centralité des réseaux sociaux et de la presse en ligne. Et ce, dans la circulation et la diffusion des différentes informations (vraies ou fausses).
Or, historiquement, les grandes routes économiques internationales représentent les canaux par lesquels les hommes ont fait circuler aussi des virus et des maladies. L’exemple de la peste reste dans toutes les mémoires.
Ainsi, l’OCDE a reconnu que le virus mettait « l’économie mondiale en danger ». Car derrière la catastrophe sanitaire qui s’annonce, c’est une récession économique inédite. Celle-ci prend forme sous nos yeux. Comme l’attestent les premiers signes boursiers annonciateurs. Avec des chutes aussi violentes et répétées du cours des principaux marchés financiers internationaux…
D’ailleurs, symbole de la « mondialisation heureuse », la Chine en est la première victime; mais elle ne sera pas la seule à être affectée. Le coût sera global, compte tenu du poids de la Chine dans l’économie internationale. Et une division du taux de croissance mondial est à envisager.
Défi national
En outre, le virus mondial du coronavirus est aussi un défi national. Car, à défaut de coordination internationale efficace et de solidarité sanitaire internationale, c’est à l’échelle nationale que la bataille est menée. Or celle-ci est un élément de désorganisation et de réorganisation sociale.
Même si le principe du confinement se généralise, une gradation de celui-ci demeure et les mesures adoptées varient (mises à part les mesures sanitaires): ouverture ou fermeture des aéroports ou des stades; interdire ou non les rassemblements; fermer ou non les écoles; maintenir ou non des élections politiques; etc.
Au-delà de cette diversité, les politiques nationales convergent toutes vers des décisions relevant d’une logique de « démondialisation ». Avec une série de fermetures des frontières qui accélèrent un mouvement de repli sur soi.
Crash sanitaire
En outre, l’épidémie représente un crash test pour les Etats et leurs systèmes sanitaires, administratifs, politiques, etc. Les défaillances des services publics apparaissent avec force. Y compris dans des pays développés et riches comme les Etats-Unis et l’Italie.
De même, l’épidémie est également un coup de projecteur sur l’état des sociétés: le poids des croyances collectives et religieuses; le maintien des valeurs morales de solidarité sociale, nationale intergénérationnelle; la résistance au sentiment de peur; etc.
Si l’épidémie du coronavirus rappelle à la communauté internationale sa responsabilité en matière de prévention sanitaire et montre son incapacité à nous protéger contre l’ampleur des conséquences, la crise actuelle offre l’occasion historique de concevoir enfin une véritable politique sanitaire internationale.
Certes, il existe déjà un instrument juridiquement contraignant, le Règlement sanitaire international (RSI). Il représente le principal moyen de protéger la population mondiale contre les maladies nouvelles et résurgentes; les chocs microbiens et les autres menaces pour la santé publique et la sécurité sanitaire. Il n’empêche, celui-ci a montré son inefficacité.
Le défaut de communication et de coopération initial de la Chine a pesé sur l’impréparation des autres Etats face à la vitesse de diffusion de l’épidémie.
Pour garantir la sécurité sanitaire internationale de manière pérenne et durable, la mise en œuvre du RSI doit être effective et vérifiée.
Retenir la leçon de ce précédent désastreux devrait amener l’ONU à décliner une politique sanitaire internationale. Celle-ci couvrirait l’ensemble des activités tant préventives que correctives pour réduire la vulnérabilité des populations à des événements sanitaires: la prévention, la surveillance, la détection et l’évaluation des risques sanitaires, ainsi que la définition et l’application de mesures de préparation, de notification, de réponse et de gestion de ces risques dans une optique de santé publique à l’échelle mondiale.