« La Chine tousse et c’est la planète qui s’enrhume! » La pandémie du coronavirus (COVID 19) suscite partout dans le monde l’inquiétude.
Tout d’abord, il y a le risque pour la santé des humains. Cependant, médicalement parlant, le mal de la pandémie sera endigué dans les mois à venir. Et ce, grâce aux mesures drastiques prises par les États. Sauf qu’il n’est pas sûr que ses contrecoups dérivés pourront l’être, au même rythme.
En effet, la déstabilisation touchera durablement la communauté mondiale. A travers la rupture économique et financière que provoquera inévitablement à très court terme la fermeture des frontières entre les pays.
Ainsi, c’est une déstabilisation planétaire, que toutes les bourses mondiales ont anticipé. En effectuant une chute sans précédent, qui s’amplifiera étant donné les décisions prises par les différents États.
Car, la pandémie menacerait en réalité de détruire ce qui reste du système économique sur lequel repose aujourd’hui la croissance mondiale pour une très large part. D’où la panique qui gagne les milieux de la finance internationale. Mais aussi et surtout les industriels, les agriculteurs, les artisans, les commerçants dans chaque pays touché. Sans omettre le prix à payer sur le plan social qui sera à coup sûr très élevé.
Par ailleurs, cette pandémie accroît les périls dans le monde. Lequel n’a jamais été aussi instable et dangereux depuis la chute du mur de Berlin. Nous savons que le droit international est violé par les États qui siègent au Conseil de sécurité de l’ONU…
Puisque la plupart des guerres récentes ont été déclenchées par des puissances présumées être les garantes de la paix mondiale. Et plus précisément, les cinq pays membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU!
« La pandémie menacerait en réalité de détruire ce qui reste du système économique sur lequel repose aujourd’hui la croissance mondiale pour une très large part »
Déjà, en 2003, les États-Unis envahissaient un État souverain, l’Irak. Puis, déstabilisaient tout le Moyen-Orient comme il ne l’avait jamais été. Et ouvraient la boîte de Pandore du terrorisme islamiste.
Ensuite, en 2011, la France et la Grande-Bretagne rééditaient, en Libye, l’opération américaine d’Irak. Avec des conséquences analogues augmentées d’une déstabilisation du Mali et d’une relance des flux migratoires.
De même, les mêmes puissances sont à couteaux tirés depuis 2012 en Syrie. Elles y ravagent un pays et frappent sa population, faisant craindre un débordement généralisé.
Encore, en 2014, la Russie s’emparait manu militari de la Crimée et récupérait ce qu’elle considérait comme son héritage à la fois soviétique et russe. Mais qui, en droit, est partie intégrante de l’Ukraine.
Quant à la République Populaire de Chine, elle accroît, depuis des années, son emprise militaire sur les archipels de mer de Chine méridionale [les îles Spratleys et Paracels]. Iles que revendiquent à tort ou à raison la plupart des puissances environnantes, à commencer par le Vietnam, les Philippines et la Malaisie.
Grand désordre
Comment imaginer que, dans un tel contexte, ces cinq puissances puissent revenir à de meilleurs sentiments? Pourront-elles prendre des mesures adéquates destinées à contenir et stopper cette pandémie? Éviteront-elles une colossale crise économique à l’échelle mondiale?
Il faut déjà souligner que le grand désordre actuel a pour racine, incontestablement, le non-respect, par les États dominants, de l’ordre établi au lendemain de la Seconde guerre mondiale…
A commencer par les règles du droit commercial international édictées par l’Organisation Mondiale du Commerce… En jouant constamment contre l’OMC, certaines puissances dont les États-Unis cherchent à faire triompher le droit du plus fort, autrement dit le leur.
Même si l’intérêt de tous n’est pas de mettre en cause la légitimité de l’Organisme de règlement des différends, coupant ainsi la branche sur laquelle on est assis. Pourtant, cette tendance délétère risque de discréditer les grandes organisations internationales. Lesquelles sont censées assurer l’arbitrage des conflits.
Car, la « stratégie de chaos » qui est appliquée par certains États, à défaut de stabiliser, met précisément en place tous les éléments de désordre. Afin d’empêcher des rivaux (potentiels États équilibreurs) d’acquérir des positions incontournables.
Parfois, il faut lire entre les lignes de certains rapports du Congrès des États-Unis ou du Pentagone. Pour comprendre que ces stratégies élaborées et appliquées sur le terrain provoquent inévitablement des catastrophes. Et ce, dans des régions où n’existent plus ni volonté ni capacité d’équilibre.
Risque d’une explosion du système international!
A cet égard, il semble que nous restions toujours dans « l’état de nature »; tel que Hobbes et ses disciples l’avaient imaginé. Cette anarchie résulte de la politique menée par des États dominants. Elle peut être compensée par différents mécanismes; comme l’équilibre des forces ou la coopération internationale. Mais ce ne sont là que des palliatifs dont l’efficacité totale n’est jamais garantie.
Alors, le risque d’une explosion du système international qui se trouve actuellement en état d’anarchie et de confusion demeure permanent. Et la pandémie risque d’aggraver la situation. Si des initiatives ne sont pas prises d’urgence par ce qui est appelé la « communauté internationale » dans un cadre collectif.
D’ailleurs, la carte du monde se déploie à travers la juxtaposition de zones d’influence. Elle comporte des foyers d’incendie mal éteints. Ils attirent trop facilement des sauveteurs plus ou moins bien intentionnés.
Donc, cette période que nous vivons est considérablement critique. Car nul ne peut prévoir si les changements, nécessaires et inévitables, dans les relations internationales, s’accompliront dans le calme ou dans la douleur.
L’avenir du système international
Une seule chose est certaine: dans un climat de tension extrême et dans un contexte où la puissance se dilue en de multiples éléments ou combinaisons, l’avenir du système international dépendra de plus en plus directement de ce qui se passera à l’intérieur des unités constitutives que sont les collectivités étatiques, à partir des leçons à tirer de cette pandémie.
Quitte à paraître utopique et décalé par rapport au réel, disons qu’il est vital de revenir aux valeurs fondatrices des Nations Unies, que les institution internationales soient réveillées pour la survie de l’ordre international (diplomatie, droit international). Et ce, en unifiant les comportements et les mesures collectives pour résoudre au plus vite les retombées de la crise sanitaire. Car les pare-feux activés de chaque pays isolément risquent de s’avérer très insuffisants.
Napoléon disait: « Laissons dormir la Chine, car quand elle s’éveillera le monde tremblera! » Alain Peyrefitte le rappelait dans un essai paru en 1973: « Quand la Chine s’éveillera… ». La Chine s’est bien éveillée, elle semble désormais juguler la pandémie. Dans d’autres pays, les populations vivent une propagation rapide.
Pour éviter de trembler encore, il y a urgence à sortir de nos individualismes pour retrouver le sens du bien commun qui conjugue esprit collectif et implication de tous.
Aujourd’hui, le simple bon sens recommande que la communauté internationale se préoccupe sans plus tarder de prévenir collectivement les effets économiques, financiers, sociaux que la pandémie du coronavirus aura inévitablement causé. Si elle ne le fait pas dans un cadre collectif à identifier, une crise économique majeure prendra à coup sûr le relais de la crise sanitaire.