Les sondages attestent que les partis Ennahdha et le Destour occuperaient les premières places en cas d’élection. Ils éclipseraient tous les autres partis de la mouvance moderniste : Tayar, Echaab, Qalb Tounes, alors que le Front Populaire poursuivrait sa chute. Seul Machrou3 Tounes a respecté son idéologie. Il a été le seul parti qui a condamné le takfirisme (l’apostasie) du Destour par l’islam politique. Un rapprochement s’esquisserait entre Machrou3 et Nida Tounes.
En dépit des dissensions internes qu’il a subies et des démissions qui l’ont suivies, affectant son leadership, Ennahdha garderait sa clientèle. Par contre, le Néo-Destour renforcerait sa popularité. Et ce vu sa fidélité à son discours fondateur et la réactualisation du Bourguibisme, conséquence des échecs des partis au pouvoir. La simplicité de l’opinion publique aurait réduit la vie politique au duel Ennahdha/Destour.
Tayar, Echaab, Qalb Tounes subissant la concurrence du Destour. Ils perdent, en conséquence, leurs clientèles. Ils sont devenus les « alliés objectifs » d’Ennahdha. Ce qui explique leur participation à la campagne contre Abir Moussi, qu’ils considèrent désormais comme leur principale rivale.
Sauve qui peut
Dans ce contexte, abandonnant leurs stratégies, ils esquisseraient, avec la complicité et l’appui de Ennahdha, de fonder un autre parti destourien. Et ce pour affaiblir la mouvance de Abir Moussi. Mais cette tactique serait vouée à l’échec, vu la détermination de ses fidèles. Ainsi que la non-crédibilité des candidats à la nouvelle formation.
Mais la crise est différée par la pandémie qui constitue le sujet dominant. Elle occupe davantage les médias. La population est désemparée. Elle est partagée, entre l’exagération préventive et la banalisation de l’épidémie.
Les querelles entre les acteurs politiques et le conflit sur les priorités du chef de l’Etat, du chef du gouvernement et du président du parlement ne la concernerait plus.
D’ailleurs, la désillusion des citoyens et l’occultation de leurs attentes et l’absence d’un plan de redressement remettent en cause la classe politique. Le statu quo du gouvernement et sa politique du laisser faire ne pourrait se perpétuer.
Se marginalisant, les partis discrédités pratiquent la politique du “sauve qui peut”. Absents des débats de pensée, ils se sont réfugiés dans le populisme. Ils ignorent les avertissements des élites, les ambitions de la jeunesse et la colère des classes populaires. En effet, leurs agissements politiciens ne sauraient occulter les exigences du panier de la ménagère et le développement de la pauvreté.