L’économie mondiale est en train de vivre des perturbations importantes causées par le coronavirus.
Le coronavirus est devenu une menace pour l’économie tunisienne. C’est dans ce contexte, que l’IACE et l’ITES ont organisé une conférence virtuelle sous le thème: « L’impact du Coronavirus sur l’économie tunisienne« , le 17 mars 2020.
En effet, la conférence a été l’occasion pour débattre ce sujet avec une quinzaine d’économistes et de chefs d’entreprises de différents secteurs. Les intervenants ont partagé leurs réflexions sur les modalités à adopter par le gouvernement et ainsi par les agents économiques concernés afin de surmonter cette crise.
En effet, plusieurs pays ont annoncé des mesures spécifiques pour faire face à cette pandémie mais aussi afin de soutenir l’économie. Qu’en est-il de notre pays ? quelles sont les mesures à entreprendre pour soutenir notre économie ?
Une stratégie nationale
C’est dans ce cadre que l’IACE et l’ITES proposent une stratégie nationale contre l’impact de cette pandémie. Notons que ce travail a été basé sur une estimation quantitative de l’impact du coronavirus aux niveaux de quatre stades de l’évolution du Coronavirus. Et ce, en Tunisie et en Europe. Ces quatre stades sont présentés comme suit :
- Le contrôle de l’épidémie ;
- La prévention contre la propagation de l’épidémie ;
- La limitation de la circulation de la population avec le cantonnement ;
- L’application du principe de confinement.
Ainsi, la stratégie nationale que l’IACE et l’ITES proposent pour faire face économique à cette pandémie est basée sur un principal objectif :
La résilience : Préservation des postes d’emploi, des entreprises, du service public et du système financier
Les entreprises s’engageant dans la préservation des emplois peuvent bénéficier des packages de soutien suivant :
Les politiques monétaires
- Réduire le taux de la réserve obligatoire de 2 points de pourcentage ;
- Renforcer la résilience du secteur bancaire ;
- Diminuer le taux directeur de la banque centrale de 100 points de base ;
- Rééchelonner les créances et les échéances de remboursement des crédits des entreprises en difficulté, sans classement ;
- Injecter 2000 millions de dinars de liquidités dans l’économie afin de soutenir les entreprises et notamment les petites et moyennes entreprises.
Les politiques économiques
- Criminaliser la spéculation des produits de base (agricole et agroalimentaire) afin de contenir l’inflation ;
- Limiter les importations pour une durée de 3 mois renouvelables ;
- Encourager l’instauration de la culture « business continuity plan » et renforcer la culture de gestion de risque aux niveaux des entreprises ;
- Mettre en place un chèque à la transformation digitale pour soutenir les entreprises afin de payer des prestations qui permettent d’accroître la maturité numérique en vue d’améliorer leur compétitivité ;
- Encourager le télétravail ;
- Encourager le développement du commerce électronique et le paiement en ligne.
Les politiques fiscales
- Le paiement des créances de l’Etat auprès des entreprises privées ;
- Le transfert du trop-perçu en faveur des entreprises dans les secteurs les plus touchés par le coronavirus ;
- Le report du paiement de la déclaration fiscale des entreprises en difficulté ;
- Amnistie Fiscale Générale permettant de mobiliser les ressources disponibles dans le secteur informel ;
- Le report des paiements des cotisations sociales pour les entreprises en difficultés ;
- L’exemption des entreprises déficitaires de paiement des acomptes prévisionnels.
Les politiques budgétaires
- Mettre en place un fond pour la promotion du secteur de la santé ;
- Mobiliser les ressources non conventionnelles disponibles auprès des bailleurs de fonds multilatéraux et étudier les scénarios de rééchelonnement de la dette tunisienne ;
- Créer un fond du CDC de prêt sur l’honneur pour la préservation des entreprises.
Les politiques sociales
- Mettre un fond de 1000 Millions de dinars pour soutenir les populations fragiles ;
- Encourager la mise en œuvre de la loi auto- entrepreneur, ce qui va aider à absorber une part importante du taux de chômage, vu que ces entreprises vont stopper le recrutement et combattre aussi le secteur informel à travers cette pratique ;
Sur le plan réglementaire et institutionnel
- Promulguer une loi d’urgence économique ;
- Activer l’article 70 de la constitution ;
- Mise en place d’un comité de veille et suivi de la pérennité des entreprises pour bénéficier du package.
Sur le plan Sanitaire
- Encourager des startups tunisiennes à développer des applications pour le suivi de l’épidémie et gestion des approvisionnements.
En effet, ces recommandations ont été enrichies par la participation des différents intervenants de la conférence, ci-dessous les principales recommandations y afférentes ;
Recommandations
- Arrêter la compensation des médicaments importés qui ont un équivalent sur le marché tunisien, cela pourra rapporter 75 millions de dinars. Il faut aussi soutenir le secteur de la promotion médicale ;
- Eviter la panique publique et rationnaliser les achats ;
- Préserver le tissu économique et les emplois. L’Etat doit contribuer au sauvetage de l’économie, en remboursant le trop-perçu de la TVA et des impôts et rembourser les entreprises privées ;
- Appliquer les consignes de sécurité sanitaire au sein des entreprises et investir dans les mesures d’hygiènes et trouver des solutions pour soutenir la trésorerie des entreprises tel que le fond de crédit du Maroc ;
- Encourager la prise de congé annuelle pour les salariés ;
- Rationaliser les dépenses des entreprises ;
- Consommer tunisien et rationnaliser les ressources ;
- Encourager le télétravail, et ce en utilisant les technologies modernes.
- Déclarer l’état d’urgence économique et arrêter les exportations des produits vitaux tel que la nourriture et les médicaments.
- Développer une stratégie d’autosuffisance des besoins fondamentaux pour les 12 moins prochains.
- Mettre en place une cellule de crise pour une réactivité rapide et efficace face aux évolutions de la pandémie ;
- Réduire les impôts pour les secteurs en difficulté tel que le tourisme ;
- Créer un fond de 300 millions dinars pour promouvoir le secteur de la santé ;
- Consacrer une enveloppe de 2 milliards dinars pour les grands projets ;
- Réduire les intérêts bancaires et reporter le paiement de la STEG et des charges salariales des entreprises.