Le Conseil d’administration de la BCT, tenu le 17 mars 2020, a pris une série de décisions. Dont l’objectif principal est d’alléger les charges financières des entreprises et des ménages. Et ce, dans cette situation difficile de coronavirus. L’Universitaire Fatma Marrakchi Charfi est revenue sur ces mesures.
En effet, la BCT a pris une batterie de mesures pour aider le secteur bancaire à soutenir les entreprises dont les PME, à protéger le tissu industriel. Et ce, en vue d’assurer la pérennité de ces entreprises et de protéger les emplois.
Plus spécifiquement, le CA a décidé d’abaisser le taux directeur de 100 points de base, le ramenant de 7,75% à 6,75%. Pour explique, Mme Marrakchi Charfi a indiqué que la diminution du taux d’intérêt directeur impactera le TMM à la baisse qui, à son tour, allégera les charges financières des entreprises. Et il diminuera la charge financière payée au titre des prêts contractés par les ménages à taux variables.
Cette mesure protégera, aussi, le pouvoir d’achat des ménages. Elle contribuera à leur donner une bouffée d’oxygène dans ces circonstances particulières.
Par ailleurs, il est important, selon notre interlocuteur, d’alléger les charges financières des entreprises. Car l’aide de ces entreprises revient à protéger les emplois, les employés et leurs revenus.
En outre, Fatma Marrakchi Charfi a précisé que la BCT a affirmé sa disposition à fournir au secteur bancaire, les liquidités nécessaires. Et ce, pour leur activité dans cette phase exceptionnelle. La BCT a aussi avancé qu’une circulaire sortira pour préciser ces mesures.
Vraisemblablement; ces mesures serviraient, selon ses propos, à assouplir les conditions de financement des banques auprès de la BCT. Cela pourrait être par augmentation du volume de financement par appel d’offre qui coûte le moins cher aux banques.
Les mesures exceptionnelles stipulent, également, que la BCT sera plus flexible. Notamment concernant le ratio « loan to deposit » qui est simplement un ratio macro-prudentiel qui mesure le ratio crédits/dépôts. Ce ratio était limité à 120% et son augmentation permettrait aux banques d’offrir plus de crédits. Et ce, par rapport aux dépôts de leur clientèle.
De plus, l’universitaire a indiqué que cette circulaire prévoit le report des remboursements des crédits professionnels échus entre le 1er mars et fin septembre 2020 (principal et intérêts). Ainsi que la révision du tableau d’amortissement en fonction de la capacité de chaque bénéficiaire. Cette mesure ne concernera que les crédits professionnels accordés aux clients classés 0 et 1. Pour vulgariser, cce sont les entreprises les plus solvables avec une grande capacité de remboursement et qui demandent ce report expressément auprès de leurs banques.
Par ailleurs, la BCT prévoit la possibilité d’accorder de nouveaux financements aux bénéficiaires du report des échéances. Outre la possibilité d’étendre les mesures de report aux clients classés 2 et 3. Mais cette possibilité reste soumise au principe du cas par cas à la discrétion de la banque. Et ce, selon l’évaluation de la situation du client.
Mesures d’ordre pratique
S’agissant des mesures d’ordre pratique et pour limiter les risques de propagation du virus par déplacement des clients jusqu’aux agences des banques pour leur retrait des billets de banque, se fera de n’importe qu’elle DAB gratuitement et sans frais.
S »ajoute à cela l’explication et la vulgarisation des mesures prises par la BCT dans ces circonstances particulières de crise, il est important, selon ses dires, d’avoir un certain nombre d’éléments en tête.
La diminution du taux directeur se répercutera partiellement sur le TMM et pas pour tout de suite. Car la mesure est prise le 18 mars et donc sur la moyenne du mois. Cette diminution n’impactera pas beaucoup le TMM. Ainsi, pour les ménages, Mme. Marrakchi charfi a affirmé qu’il ne faut pas attendre à une diminution spectaculaire des mensualités payées au titre de remboursement des crédits pour le mois de mars. Toutefois, l’impact sera plus important le mois prochain.
La diminution du taux directeur n’aura pas d’impact sensible sur les investissements. Car en temps de crise, la confiance de l’investisseur est ébranlée. Et ce n’est pas la baisse du taux d’intérêt débiteur (appliqué à l’investisseur) qui va l’inciter à investir plus.
Au jour d’aujourd’hui, elle a souligné que si les entreprises classées 0 et 1 seront protégées par le report de leurs paiements, celles qui sont classées 2 et 3 sont moins protégées. Toutefois, si la crise se poursuit (ce qui est très probable), il est fort probable qu’elles profitent des mêmes facilités que les autres. Parce que tout le tissu industriel sera menacé et un effet domino peut se mettre en place et provoquer une crise systémique.
Sur un autre plan, pour certaines entreprises même si elles sont financièrement bien portantes, elles commencent à manquer de matière première qui provient de chine ou de l’Europe. Ces entreprises peuvent enregistrer très rapidement un ralentissement de leurs activités voire même un arrêt. Les emplois peuvent être très rapidement menacés. Et là ce n’est plus le problème de la BCT mais du gouvernement. Que dire des entreprises qui vivent déjà des difficultés financières !!
Au final Fatma Marrakchi Charfi a indiqué que la situation est difficilement prévisible quant à son ampleur. D’où la nécessité de suivre son évolution dans notre pays et chez nos partenaires et d’agir en conséquence.
Aujourd’hui, le challenge est d’arriver à anticiper correctement et très rapidement et prendre les décisions adéquates en temps et en heure. La BCT et le gouvernement doivent, selon elle, être très agiles et proactifs dans les jours à venir.