« Attention, un train peut en cacher un autre » : une mise en garde familière pour tous les usagers, piétons et automobilistes, des passages à niveau. Pour paraphraser cette célèbre mise en garde, on peut dire sans la moindre exagération : « Attention, un Mal peut à lui seul cacher tous les autres maux du monde ».
Effectivement, c’est ce qu’on est en train de vivre aujourd’hui. Juste quelques jours avant que le coronavirus ne s’impose comme une menace planétaire. Le nombre des problèmes et des maux qui secouaient le monde était vertigineusement élevé. Prémices d’une guerre commerciale internationale ; bras de fer sino-américain ; marasme économique mondial ; spectre d’un crash financier ; terrorisme ; foyers de tension et guerres larvées en Syrie, Libye, Afghanistan ; éternel conflit israélo-palestinien. Sans parler des deux épées de Damoclès suspendues sur la tête de l’humanité : la menace écologique et la menace de guerre nucléaire…
Depuis quelques semaines, tous ces problèmes n’existent plus. On n’en parle plus. Ils ont disparu de la vue de l’humanité sous le voile noir et infectieux du coronavirus. Subitement, l’humanité entière n’a plus aucun autre problème, aucun autre souci que de se protéger de cet ennemi d’autant plus féroce qu’il est invisible : le coronavirus.
« Globalisation sans solidarité »
Mais s’il a caché tous les autres problèmes, le coronavirus a souligné de manière spectaculaire « la globalisation sans solidarité » (selon l’expression d’Edgar Morin), qui caractérise notre monde d’aujourd’hui. Le mal ne s’est pas répandu partout instantanément. L’infection s’est propagée en Chine avant de commencer ses ravages dans les autres pays dont les plus affectés étaient dans un premier temps l’Italie et l’Iran. Avant de progresser vers l’Espagne, la France, les pays arabes etc.
L’Italie, le premier et le plus gravement affectée des pays européens, a été abandonnée à elle-même. Les Italiens sont en colère. Ils l’ont fait savoir dans une vidéo qui circule dans les réseaux sociaux. Une vidéo dans laquelle ils critiquent amèrement Emmanuel Macron, Angela Merkel, Donald Trump et Boris Johnson.
Une vidéo dans laquelle ils expriment aussi leur fierté d’être Italiens. D’être les citoyens de la patrie de Christophe Colomb, de Marco Polo, de Leonard de Vinci, de Michel Ange, de Raphael, de Galilée, de Dante, de Marconi, de Fermi etc.
Une mince consolation pour les Italiens : abandonnés de leurs alliés européens et américains, ils ont reçu l’aide de pays lointains, la Chine et Cuba.
Rêvons un peu
Coronavirus a mis également à nu les effets dévastateurs des politiques ultralibérales menées par les différentes extrêmes droites. Celles d’Europe, des Etats-Unis, d’Amérique latine et d’ailleurs.
Appauvrissement continu des pauvres et enrichissement tout aussi continu des riches. Le tout au détriment des investissements publics. Au détriment des infrastructures sanitaires et des hôpitaux.
De telle sorte que quand le virus mortel a fait son irruption, il trouva le terrain pavé pour sa propagation dévastatrice.
Jusqu’à présent, seule la Chine a su faire face avec succès au virus couronné. Il est vrai que la discipline rigoureuse, l’obéissance par des centaines de millions d’êtres humains aux ordres des hiérarchies politiques et sanitaires, la capacité de construire des méga-hôpitaux et de les équiper en dix jours sont des atouts chinois exceptionnels qu’on ne trouve nulle part ailleurs.
Jacques Attali, l’ancien conseiller du président François Mitterrand, nous dit que notre monde changera radicalement si toutefois nous arrivons à vaincre les deux tsunamis qui nous submergent : le coronavirus et l’effondrement économique.
Rêvons un peu. Disons que par changement radical, Attali veut dire un monde solidaire débarrassé des égoïsmes, des cupidités, des convoitises, des avarices, des rapacités et autres sources de guerres et de malheurs. Si ce rêve devient réalité, alors Coronavirus n’aura pas été un fléau, mais un remède aux maux qui affectent l’humanité depuis la nuit des temps.