Dur, Dur, le confinement ! Même s’il est obligatoire en période de crise sanitaire, cela n’empêche qu’il a des vertus. Certains commencent à savourer ces instants de rester chez soi. Pour d’autres, c’est devenu un moment de se ressourcer, le temps de lire des livres, ou de se mettre aux fourneaux, de s’occuper du jardin… Autant profiter de chaque instant.
Il est clair que le confinement a changé nos habitudes. On s’adapte à une situation dont on ignore encore comment elle se termine. Autant se poser la question comment s’occuper durant sa journée. Elles sont cinq femmes confinées, ayant des parcours différents, qui nous confient leur quotidien. Témoignages:
Ahlem Hachicha Chaker : Rester calme
Ahlem Hachicha Chaker, nous confie: « Ma carrière de traductrice me fait vivre en confinement. Je travaille chez moi depuis plus de 20 ans. L’isolement fait partie de la vie de tous les traducteurs. Donc, là, je ne change pas grand-chose à mes habitudes. Sauf que ma famille est là aussi. Et c’est un plaisir.
Mon conseil aux novices c’est de rester calmes. Mais aussi d’apprécier cette opportunité de passer du temps avec soi-même, d’avoir des repères dans le temps au cours de la journée, des repères qui ne seront pas ceux d’une journée de travail habituelle, de faire des petits repas parce qu’ils seront forcément plus nombreux, et de ne pas rester en pyjamas! »
Salma Besbes : le plaisir de bouquiner
Salma Besbes, avocate à sfax et à la fois maman nous parle de son quotidien: » Je vis mon confinement entre un mélange d’inquiétude et d’espoir comme la plupart des Tunisiens qui respectent le confinement. J’ai plus de peur pour ma famille que pour moi. L’avantage de vivre à Sfax, c’est de profiter de la verdure. D’ailleurs, on ne s’ennuie pas, il y a beaucoup à faire comme le ménage. Et cela fait bien longtemps que je n’en ai pas fait.
Avant c’était la femme de ménage qui le faisait. D’ailleurs, pour son bien, je lui ai donné un mois de congé tout frais payé. Cela dit, comment j’occupe mon temps, en lisant beaucoup de livres, pour commencer, sans oublier le télétravail à distance comme la plupart. Et je fais en sorte de prendre les nouvelles de mes proches, oncles tantes, chaque jour, même si on n’est pas loin les uns des autres.
Pour moi, la famille, c’est sacré. D’ailleurs, aujourd’hui, c’est le jour d’anniversaire de mon mariage, je compte le fêter à la maison pour la première fois. J’ aime la vie, avec ce qui est arrivé ces derniers temps, je sens une certaine impuissance, car étant activiste de la société civile je ne peux faire grande chose. Pour sauver nos vies, restons à la maison ».
Fatma Smida : Trouver mon rythme
Pour Fatma Smida, Tunisienne résidente au Maroc, elle aussi vit sa vie de confinement comme suit: « Je suis passée par plusieurs étapes ou plutôt plusieurs états d’âme. Cela a commencé par la fermeture des frontières avec la Tunisie. J’ai carrément eu une difficulté à respirer normalement pendant un moment et j’ai enchaîné les crises d’angoisse, avec palpitations, sensation d’étouffement et de difficulté respiratoire, les larmes… et pourtant je ne suis pas de nature angoissée.
Mais le fait de réaliser que je n’avais plus le choix, que je ne pouvais plus sauter dans le premier vol à destination de Tunis en cas d’urgence familiale, m’angoissait. Ne plus avoir le choix tout est là.
Puis juste après des mesures de confinement strictes, on a fait nos provisions pour ne pas sortir et respecter le confinement, mais je me retrouve en train d’attendre avec impatience que la poubelle se remplisse pour que j’aille la mettre dans la benne à ordure au coin de la rue. Les corvées d’hier sont devenus les parties de plaisir d’aujourd’hui. Là je suis dans la phase d’acceptation, il faut juste que je trouve mon rythme et que je résiste à l’idée de sortir faire un tour ou marcher un peu ».
Khawla Ben Aicha : « J‘ai la chance d’être confinée en famille »
De son côté, Khawla Ben Aicha, ancienne députée, s’occupe comme elle peut. D’ailleurs, elle s’est instaurée une nouvelle routine quotidienne. Et elle nous confie ce qui suit : « J’en profite bien entendu pour faire la grasse matinée , après le petit déjeuner je fais deux heures de formation en ligne , d’ailleurs j’en suis à deux certificats de formation une semaine après le début du confinement obligatoire .. Après c’est une petite heure de sport histoire de bouger un peu et de pas trop se laisser aller ( beaucoup de vidéos de cours sur youtube sont disponibles selon les besoins des uns et des autres )
J’essaye aussi d’en profiter pour faire des pâtisseries pour le café de l’après midi .. j’ai la chance d’être confinée en famille et nous avons même ramené ma grand mère chez nous pour mieux veiller sur elle .. donc beaucoup de moments passés ensemble, on échange autour des infos qu’on voit , on prend des nouvelles des autres membres de la famille surtout à l’étranger ( tantes et soeur en France, oncles et amis en Italie, cousins au Canada, Allemagne .. ). »
Plus de moments passés en famille
Le soir en général c’est calme je joue aux cartes avec ma grand mère. Ensuite je regarde films / séries et lis quelques pages du livre du moment avant de dormir assez tard. Je dois dire qu’il y a du bon dans cela. A savoir, plus de moments passés en famille , du temps pour faire des activités et choses qu’on avait délaissées ( cuisine , sport, jardinage, lecture .. ) , de manger des repas complets et sains et à des horaires normaux , de communiquer plus et de prendre plus souvent des nouvelles de nos proches. Et puis c’est aussi l’occasion de beaucoup réfléchir et de remettre beaucoup de choses en cause ».
Sonia Hachicha : La musique est une bonne compagnie
La série du journal d’une confinée se poursuit avec Sonia Hachicha: « Pour moi qui suis freelance rester à la maison n’est peut-être pas nouveau, mais le faire par obligation change les choses, et peut être super frustrant. Première règle: ne pas rester en pyjama, insister pour s’habiller peut-être pas comme pour le boulot (dans mon cas c’est un tailleur, donc un peu extrême pour rester à la maison). La grasse matinée est tolérée (je sais je sais le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt). Tous les matins une tenue confortable et sans chichi, un peu de maquillage, une paire de boucles d’oreilles et un pschitt de parfum pour se sentir bien. Je sais c’est bizarre, mais il faut garder un semblant de normalité pour la durée. Trainer en pyjama peut faire sembler la journée encore plus longue.
Le challenge est d’occuper le temps sans passer par la case je bouffe tout ce qu’il y a dans le frigo. Je fais partie des chanceux qui ont de la farine à la maison, mais je me suis limitée à une seule après-midi de pâtisserie (des cookies faites maison). La musique est une bonne compagnie, le choix est large sur internet et sur les radios musicales (éviter l’overdose d’infos, cela peut être anxiogène). Mon astuce pour rester en bonne santé (et éviter le déficit de vitamine D) une petite heure sur la terrasse avec ma maman de 82 ans, et surtout notre moment de bonne humeur danser avec DJ Bob Sinclar, avec son live tous les jours de 14.00 à 15.00
Sonia Hachicha: « Notre amie de toujours, la lecture »
J’essaie de tout faire par internet, payer mes fournisseurs par virement, payer les factures électricité, eau, téléphone, CNSS, etc… en ligne (il y a diverses options pour le faire). J’essaie de poster des liens utiles sur les réseaux sociaux pour tout le monde, livres, musiques, mandalas à colorer, conférences, etc…
Aider les autres est une très bonne manière de positiver soi-même. Pour rester en contact avec les amis et la famille, les applications pour appels vidéo sont nombreuses, on en profite tous les jours, conversations de groupe (ma mère a adoré), et conversations individuelles. Sinon, il y a toujours des emails dans notre boite mail auxquels il faut répondre, les anciens fichiers à classer, les photos à trier, etc… Et bien sûr notre amie de toujours, la lecture.
Le soir, le temps peut sembler long, avec le silence tout autour, on essaie de regarder la télévision (sans overdose de news), et les différents live sur les réseaux sociaux (conteur de vieilles histoire, musique Kanoun, et danse…..) mais malheureusement le soir la connexion ne semble plus pouvoir suffire à tous les tunisiens connectés (sic). Point positif et grand avantage du couvre-feu est le silence sur la grande route voisine, quel plaisir de ne plus être réveillée par les bus qui déboulent le long de la route à 5.00 du matin tous les jours. »