Nous vivons l’ère de la quarantaine: Fenêtres fermées, rues vides, places publiques, sans public. L’enjeu sanitaire du coronavirus a ordonné le confinement, l’auto-isolement. « Bienvenue chez vous », tel est le slogan dominant.
Comment supporter l’exil, fut-il chez soi? « Nous sommes en guerre », martèlent les médias. D’une somme de destins individuels, l’épidémie fait un seul destin collectif. Exception évidente, la guerre contre la pandémie du coronavirus a de multiples champs de batailles: dans le champ international, les pays, les villes, villages et les demeures familiales.
Quand la pandémie du coronavirus frappe aux portes de la ville, il n’y a plus de place pour l’accessoire. Seul compte l’essentiel. La politique est l’art de la contingence. On applique les consignes du moment, sans vision à long terme.
Les pays se confinent, mais ne se rassemblent pas. Les Etats organisent les guerres, chez soi. Ils sacrifient les urgences économiques et dépensent sans compter: « Quand la maison brûle, on ne compte pas les litres d’eau pour éteindre l’incendie ». Tout est différé, en attendant des jours meilleurs. Les attentes des citoyens doivent attendre.
Dans cette situation du « sauve qui peut », dans cette guerre, livrées dans nos tranchées familiales, un antidote: lire, penser, réfléchir. Cela combat la peur et redonne de l’espoir.
« La culture fleurit, pendant que la civilisation s’effondre. Est-cela le virtuel? », s’interroge Caterina Bonvicini, Le Monde des livres, 20 mars 2020).
De fait, la proximité s’accommode d’une approche du lointain, par les réseaux sociaux, les médias et le portable. Nous ne sommes pas hélas un peuple de lecture. Peut-on compenser cette défection, par l’usage des réseaux sociaux?