Semoule et farine, des produits au palmarès ces jours-ci des marchandises objets de la spéculation. Elles sont dans la ligne de mire du chef du gouvernement Elyès Fakhfakh qui l’a dit clairement dans son interview du 2 avril 2020 à la télévision. Le tout est cependant de réussir à aider à éradiquer le phénomène.
Elyès Fakhfakh a-t-il, le 2 avril 2020, à l’occasion de son interview à la télévision, réussi son examen de passage? Energique, Elyès Fakhfakh a paru être au chevet d’une nation qui se bat, comme tant d’autres, face à un ennemi bien invisible. A-t-il, par contre, donné l’impression d’être un tant soit peu hésitant et imprécis quant à certains aspects de la crise du coronavirus qui se déroule sous nos yeux?
Ce n’est pas là du reste notre propos. La question qui préoccupe beaucoup de Tunisiens et que nos deux confrères interviewers n’ont pas manqué de poser au chef du gouvernement concerne l’alimentation des Tunisiens par ces temps de confinement. Et principalement l’approvisionnement du marché en semoule et en farine.
Deux produits, qui faut-il le rappeler, sont compensés. Ils sont d’un usage on ne peut plus quotidien par des millions de Tunisiens. Notamment ceux de la classe populaire qui l’utilise pour préparer leur pain ou pour fabriquer des marchandises (Halalem, Melaoui,…). Lesquelles sont par la suite vendues pour survivre.
Toute une logistique
Que des personnes, craignant une pénurie, s’arrachent ces deux produits, tout le monde peut le comprendre. Mais est-ce la seule raison? Car, force est de constater que ces deux produits sont en haut du palmarès des produits manquants sur les étals de nos magasins.
Les reportages diffusés à la télévision montrent le stockage de très grandes quantités de ces deux produits par des spéculateurs. Ils disposent de grands moyens matériels et humains. A savoir: de grands espaces de centaines de mètres carrés pour stoker des tonnes de marchandise; des véhicules pour les transporter; et tout un « personnel » pour les gérer.
Car, et tout le monde l’a compris, il s’agit là de toute une logistique que l’on ne peut du tout cacher. Difficile de croire ainsi, et dans un pays où tout se sait et où, pour ainsi dire, tout le monde épie tout le monde, que l’on ne connaisse pas les tenants et aboutissants d’un trafic qui ne s’est pas fait en quelques jours.
Le tout est de savoir comment cela a pu se faire si facilement et pratiquement au su et au vu de tout le monde. Evidemment, le gouvernement d’Elyès Fakhfakh n’est pas responsable de cette situation de quasi pourrissement.
Agir efficacement
Le mal le précède. Il ne peut agir efficacement sur ce terrain en ces quelques jours qui précèdent son arrivée à La Ksabah, face à l’éclatement de la pandémie. Reste que tout le monde espère de tout cœur que le phénomène soit éradiqué un jour ou l’autre.
Elyès Fakhfakh a déclaré au soir du 2 avril 2020 qu’avec lui personne ne peut être au-dessus de la loi. Et qu’il compte prendre des décrets-lois pour punir plus sévèrement les spéculateurs.
Gageons qu’il joue là une partie de sa crédibilité et de sa réussite à faire face à la pandémie. En réussissant là où d’autres ont failli avant lui. D’autant plus qu’il n’est pas du tout mal parti.