Miracle à Carthage ou quand l’inspiration vient de Bourguiba… Quand quelqu’un fait un bon geste, la tradition veut qu’on le félicite et qu’on lui dise qu’il a bien fait.
Et ce qu’a fait l’autre jour le Président Saïed à Monastir participe de ces actions qui doivent être saluées. Même si le recueillement, mardi 6 avril, sur la tombe du leader disparu, a surpris plus d’un. Tant le comportement du Président de la République intrigue. Mais, je ne vais pas faire la fine bouche, pour une fois que le geste est symbolique et que le signal est fort. Gageons que la foule d’admirateurs si prompte, depuis l’arrivée à Carthage de son favori, à dénigrer et à renier le père de l’Indépendance, suivra le mouvement… Calomnier, calomnier, calomnier, il en restera toujours quelque chose.
Le 6 avril 2000, un Grand Monsieur nous quittait dans la confusion la plus totale et le déni officiel le plus affligeant. Vingt ans ont passé depuis et le Combattant suprême est toujours là, avec son héritage.
Et malheureusement des héritiers qui se chamaillent pour savoir lequel le vaut bien. Alors qu’en face, dans le camp islamiste, on creuse soigneusement et sûrement la tombe que recevra cette étrange créature bourguibienne tellement honnie.
La légende continue…
Dictateur le plus éclairé du monde arabe, la formule de Guy Sitbon, résonne toujours. Et celui qui reste pour les frérots d’ici et d’ailleurs, le grand Satan, n’est pas près de dire son dernier mot.
Réciter la Fatiha et dire que le disparu était un révolutionnaire n’est pas fortuit. On peut supposer que le nouveau locataire de Carthage, après quelques mois d’exercice, de tâtonnements et de critiques à la pelle, toutes plus ou moins justifiées, est en train d’opérer sa mue.
On peut espérer que celle-ci n’est pas circonstancielle, mais bien véritable. Que quelques jours auparavant, et lors d’une réunion extraordinaire du Conseil de sécurité national, le président se soit essayé au dialectal, même si le naturel a fini par revenir au galop, est en soi un signe qui ne trompe pas.
Et Bourguiba qui continue de dérouler outre-tombe. A Monastir, la légende dit qu’un jour sortira, des profondeurs de la mer, une baleine qui donnera le tournis aux nations.
La légende continue, mais quel temps perdu à se demander qui sommes-nous; alors que Bourguiba nous a indiqué le chemin!
La baleine est partie pour un long voyage, ses baleineaux, eux sont toujours là et ils ont repris le flambeau…