Vivre son confinement n’est pas une mince affaire notamment pour la gent masculine. Quant à la gent féminine, cela se passe très bien puisqu’elles sont déjà habituées à tout gérer. On ne peut en dire autant pour les hommes. Reportage:
Mustapha Mezghani, expert en économie numérique et politiques publiques, nous confie : « Cette semaine de confinement s’est bien passée. Comme je suis en « inter-contrat », entre ma fin de mission en tant que conseiller auprès de la ministre des Affaires de la jeunesse et des sports, et la reprise de mes activités de consulting, j’avais prévu une petite période de récupération, courant mars, pour remettre de l’ordre dans mes idées et en profiter pour faire des courses. »
Et de poursuivre: « Manque de chance, c’est tombé à la même période, et j’avais même prévu de faire un voyage auquel j’ai dû renoncer. Si je ne peux pas me déplacer, je me débrouille comme je peux en faisant le maximum de choses à distance. J’en profite aussi pour suivre un cours à distance auquel je m’étais inscrit auparavant, ce qui m’occupe. C’est aussi l’occasion de lire un ensemble de documents que j’avais laissé en instance et approfondir certaines réflexions, et de faire du classement. Les premiers jours, je suivais beaucoup la radio et la télévision, mais j’essaye de réduire cela, car l’effet devient négatif, même si cela permet aussi d’être au courant de l’actualité. Enfin, je sors tous les deux jours pour faire des courses, et surtout faire un peu de marche pour me détendre, histoire de ne pas « rouiller ». En somme, ce confinement se passe relativement bien pour l’instant. Il suffit de trouver le bon équilibre et de s’occuper intelligemment pour ne pas sombrer dans la dépression. Les occupations sont nombreuses. On a tous des choses en instance, c’est l’occasion de les faire. Disons que c’est un break forcé. Autant en profiter ».
Nous avons l’impression que le temps s’est arrêté
De son côté Nessim Ben Gharbia, journaliste et résident à Paris, souligne pour sa part: « Nous avons achevé la deuxième semaine de confinement. Dans une ville au rythme démentiel comme Paris, nous avons l’impression que le temps s’est arrêté. La première semaine a été particulièrement difficile. Enfermé dans un petit studio, j’avais le sentiment d’étouffer, comme emprisonné pour une période indéterminée. Mes allers et retours au petit supermarché sonnaient comme une bouffée d’oxygène. L’échange avec les caissiers nous prouvait que la vie continuait, malgré tout. »
Nessim Ben Gharbia: « Je commence à m’adapter à cette nouvelle vie »
Et d’ajouter: « A la deuxième semaine, je me décidais enfin à agir pour « mieux contrôler la situation ». Réveil tôt, longues journées de télétravail et échanges téléphoniques avec mes collègues animaient ma journée. A 19h, place à mon rituel quotidien : petit footing, puis j’enchaîne avec un film le soir. Finalement, je commence à m’adapter à cette nouvelle vie, l’essentiel étant de garder le sourire, et croire en un lendemain meilleur. «
Philippe Hage Boutros, Libanais, chef du département Economie du journal libanais « L’Orient le Jour » résident à Beyrouth, nous confie qu’au Liban l’état d’urgence sanitaire a été décrété le 15 mars, même si plusieurs mesures de précaution avaient été prises avant cette date. Comme la fermeture des universités et des écoles. Les enseignants donnant leurs cours en ligne. Depuis le 15 mars, seuls les commerces jugés nécessaires (commerces alimentaires, pharmacies, banques, etc.) restent ouverts. »
Le risque zéro n’existe pas
Il confie : « Notre journal s’est adapté aux nouvelles exigences. Nous nous sommes assurés que tous les journalistes aient accès à une connexion à leur domicile pour travailler de chez eux. Ceux qui n’ont pas le choix et doivent se rendre sur place peuvent le faire à condition de respecter les consignes sanitaires.L’avantage de ce confinement pour ceux-là est que la circulation est vraiment dégagée.
Et de conclure: : « Comment se passe la vie de confiné ? ll y a plein de gens comme moi qui ont du mal à rester chez eux. Les mesures de sécurité, je ne les prends pas pour moi mais pour ma famille, pour ma grand-mère qui a près de 90 ans et qui a connu la Seconde Guerre mondiale en France, puis la guerre civile au Liban. Bref, depuis trois semaines, j’ai arrêté de voir mes amis, et de prendre l’apéro avec eux. J’ai perdu toutes mes habitudes. Cela dit, la plus exposée de la famille, c’est ma mère qui est obligée de sortir pour faire les courses. Bien qu’elle fasse très attention, le risque zéro n’existe pas. Mon père, lui, enseigne depuis la maison. C’est celui qui a été confiné le plus longtemps. »
En somme, le confinement a changé nos habitudes. On s’adapte à une situation dont on ignore encore comment elle va se terminer. Mais s’adapter à cette nouvelle situation, cela nous changera un peu de notre routine. Messieurs, ayez confiance en vous !