Impactée par la pandémie du Covid-19, la Tunisie est confrontée à une crise systémique (sanitaire, économique, sociale, sécuritaire, etc.). Elle est d’une ampleur inédite et susceptible de porter atteinte aux fondamentaux du pays, voire à sa survie. Et de remettre en cause le processus de transition démocratique.
De ce fait, il est nécessaire que la Tunisie prenne des mesures de taille. Plus que jamais, l’Etat se doit d’être stratège. Via l’élaboration d’une stratégie nationale globale, cohérente et efficace. En valorisant les capacités d’anticipation et les stratégies de résilience.
Car, tirant les leçons des épidémies de SRAS et de MERS, les pays asiatiques, à l’instar de Taiwan, la Corée du Sud, Singapour, etc. réagissaient rapidement. En adoptant des mesures et des plans stratégiques déjà prêts pour faire face à la menace.
A titre illustratif, Singapour concluait, dès 2004, qu’il était possible de mieux anticiper « l’occurrence de surprises stratégiques de cette nature, notamment par l’analyse des signaux faibles ». Dans ce cadre, fut mis en place un programme axé sur la veille stratégique et la détection. De ces surprises stratégiques (pandémie, terrorisme, sécurité maritime, catastrophe naturelle, risques économiques et sociaux, etc.), naissait le RAHS (Risk Assessment and Horizon Scanning). A l’image d’une Vigie ou d’un radar scannant l’environnement, il transmet toute détection de signaux faibles (veille et alerte). Et il élabore des scénarios à l’attention des ministères et des administrations connectés entre eux. Rompant ainsi avec la logique en silo entravant toute coordination et cohérence des politiques publiques. Tel devrait être le rôle de l’ITES en Tunisie.
A ce stade, nous ne pouvons que déplorer l’état de panique et le relâchement quant à l’observation rigoureuse des consignes. Notamment celle du confinement, formulée par le Président de la République et par le Chef du Gouvernement. Cet état de fait risque de nous exposer à un scénario de pic de contaminations brutal. Auquel, en dépit du dévouement de l’ensemble du corps médical, notre système sanitaire n’est pas en mesure de faire face.
Parallèlement, nous ne pouvons que constater la faiblesse de la coordination à l’échelle internationale et régionale; voire l’exacerbation de rivalités. Rivalités incarnées, entre autres, par ce que certains analystes qualifient de « diplomatie sanitaire offensive » et de « guerre des masques ».
Dans ce contexte, l’Institut Tunisien des Etudes Stratégiques (ITES) initie une étude déclinée en trois phases. Et ce, pour répondre aux urgences du très court terme. Tout en intégrant les impératifs du moyen terme. La note stratégique détaillant les contours et les objectifs de cette étude est jointe au format PDF. Elle figure sur le site internet de l’ITES: www.ites.tn.
Ainsi, dans le cadre de cette étude, l’ITES valorise l’approche participative et inclusive. Il s’agit d’associer l’ensemble des forces vives de la nation autour d’un projet fédérateur. Afin de répondre à l’enjeu historique conformément à l’esprit d’une nation en guerre, notamment sanitaire, contre un ennemi invisible; mais à l’impact foudroyant: le Covid-19. Le virus va induire de profonds bouleversements sur la scène intérieure tunisienne. Et il sera l’incubateur d’un monde dont les contours restent à définir à l’échelle planétaire.
Plus que jamais, face à cette accélération de l’histoire dans le cadre d’un épais brouillard, la Tunisie doit se doter des outils d’anticipation de ces reconfigurations majeures (géopolitiques, géo-économiques, sécuritaires, etc.). Afin d’en tirer le meilleur parti et de se prémunir des risques et des menaces en découlant. C’est la vocation première de l’ITES.