Le professeur Mohamed Douagi est le Chef de service de réanimation néonatale de l’ hôpital militaire de Tunis. Il dresse un état des lieux de la crise sanitaire, via un post sur les réseaux sociaux.
Ainsi, Mohamed Douagi estime que dès la fin janvier, début février la machine anti Covid-19 a été mise en marche par Sonia Ben Cheikh et son équipe.
Tout d’abord, il déclare: « A ce moment là, beaucoup de pseudo experts actuels se moquaient de ce qui se disait. Un conseil ministériel a été fait (en février avec Go Jo); mais les décisions en haut de l’Etat n’étaient pas à la hauteur des risques. »
A cet égard, notons qu’à cette période, les 14 rapatriés ont été confinés par l’Etat dans le calme et la discrétion.
Ensuite, il ajoute: « J’avais personnellement appelé le nouveau CDG à maintenir Sonia Ben Cheikh aux commandes de la santé. Mais le CDG a plutôt pensé à satisfaire ses alliés.
Puis vint le changement et il est évident que beaucoup d’erreurs ont été commises par le nouveau gouvernement. Mekki fait de son mieux, avec quelques erreurs, en s’appuyant sur la même armée de professionnels de santé. Et je ne tirerai pas actuellement sur tous les soldats de la santé. (Ça viendra).
L’exemple vient d’en haut
Mais, qu’a-t-on fait par ailleurs? Le comportement de beaucoup a été catastrophique.
Le président de la République mal conseillé nous parle le 19 mars d’une période de 15 jours qui exterminera le virus; passe des messages en contradiction avec ceux d’un chef d’Etat; serre des mains; organise des réunions avec un nombre important de personnes; se déplace à la poste; manipule des cartons; ne respecte pas la distanciation; et semble en décalage avec ses propres décisions. N’a-t-il pas interdit des rassemblement de plus de trois personnes; alors qu’il est à un mètre d’une meute de journalistes?
Le CDG nous fait un discours où il dit qu’il ne savait pas cette situation le jour de sa nomination!!! Qui nous dit que l’OMS l’a félicité (ça a été démenti par l’OMS). Qui est hésitant, prend les décisions avec un retard d’une semaine à chaque fois (retour des expatriés, pas de confinement, fermeture des frontières, etc). Et finit, lors de son discours du 3 avril considéré par beaucoup comme un discours d’un vrai leader !!!!!!!!!!!, par passer des messages destructeurs. En affirmant que nous avons atteint le pic de l’épidémie, que la semaine prochaine on pourra débuter un déconfinement progressif. Et en prenant une décision (les fameux 200d). Sans assurer les solutions d’accompagnement engendrant des émeutes et un terrain propice à la diffusion du virus… »
Des ministres à la dérive
Et d’ajouter: « Pour ne pas être en reste, ses ministres (au moins trois ou quatre ne font que des erreurs ). Le ministre des Sports défend le président de la FTF qui organise une réunion de 400 personnes; alors que c’est interdit. Le ministre des Affaires religieuses marchande pendant quatre jours pour annuler les prières du vendredi. Le ministre du Commerce ne mérite même pas que j’énumère ses fautes tellement ses erreurs sont nombreuses. Mais peut-on espérer mieux d’un retraité « ancien clou dans le mur » de la STEG.
Le ministre de l’Environnement sur Nessma nous disait il y a dix jours qu’au bout de 14 jours la Tunisie sera belle et qui au 15ème jour se met à pleurer sur Hannibal TV .
Le ministre des Affaires sociales KCHAOU, ancien candidat de la nahda pour le poste de CDG, le responsable des émeutes pour les 200 dinars, ne mérite pas plus de commentaires. »
Quant au « ministre du Transport qui n’a rien compris au transport sauf celui de sa fille. Et qui non seulement ment; mais pousse pour la falsification des procès-verbaux de la Q5.
Le ministre de l’Education qui veut museler la bouche de ses subordonnés.
Le ministre de… Le… Le… Seuls quelques ministres tirent leurs épingles du jeu et d’autres sont en confinement d’activité. »
Un chef qui pleure n’est pas un bon signe
Dans ce contexte, il poursuit: « Avec un tableau pareil, il est normal de voir le ministre de la Santé pleurer. Un chef qui pleure n’est pas un bon signe, ni un bon message. Mais il témoigne aussi d’une fatigue due à une mauvaise gestion de l’effort. Est-il nécessaire de sauter d’un plateau à l’autre? Est-il nécessaire de faire des réunions avec « des personnalités » hhhh qui n’ont rien à voir avec la crise? Une réunion qui ne sert que pour ceux qui sont présents à faire le buzz.
Et faire croire à la population qu’ils sont concernés par la gestion de la crise. Alors que la seule chose remarquable qu’ils recherchent c’est de passer de radio en radio. Pour lire les recommandations des experts (même sur les morts et leur enterrement). Les vrais experts de l’INEAS. »
Mohamed Douagi: « Espérons le meilleur pour notre pays »
Alors, M. Douagi précise: « Il a raison de pleurer la qualité de ses collègues qui sont en train de détruire trois mois de travail des commissions. Et de mettre la vie des soignants, de la police, de l’armée et d’autres en jeu, à cause de leurs incompétences.
Espérons le meilleur pour notre pays. Mais après la crise il faut que les Tunisiens non seulement éliminent le coronavirus, mais surtout évincent les véritables connerievirus au somment de l’Etat.
Et pour ne pas être traité de corporatiste, je dénonce aussi des pseudo experts scientifiques qui ne sont dans aucune commission Covid-19. Ils se baladent de radio en radio. En lisant juste les recommandations des vrais experts qui ont travaillé des journées avec l’INEAS (Institut national d’évaluation et d’accréditation de santé). Ils donnent une mauvaise image des vrais professionnels de la santé. En allant sur les plateaux des animateurs clowns. Et ils ne cherchent qu’à se faire de la publicité dans un but pécuniaire. Heureusement ils ne dépassent pas les doigts d’une ou deux mains. »
Beaucoup de jeunes ont montré leurs qualités
Il déclare encore: « En Tunisie beaucoup de jeunes ont montré leurs qualités. Ils doivent être au devant dans ce pays. A la place des incompétents arrivés au pouvoir suite à un partage NAUSÉABOND d’un gâteau. »
Enfin, il conclut: « Contrairement à ce que peuvent penser certains, j’énumère les défaillances pour pousser à éviter d’autres dans le futur. Et je demande à tous ceux qui me suivent de se mobiliser encore plus derrière toute l’armée de la santé. Y compris le ministre Mekki auquel je demande juste qu’il pense à se ménager (éviter le burn out). Et éviter la dispersion de ses efforts, car on aura besoin de lui et de toute son armée pour faire face à la crise. Je demande juste aux autres ministres d’écouter les conseils des professionnels de la santé. On demandera des comptes après, à tête reposée. »