Le Covid-19, cette pandémie qui s’attaque au monde entier et qui ébranle toutes les nations qu’on érigeait au rang des certitudes nous oblige à remettre en question le contexte régional et mondial dans lequel l’humanité évolue. Cette remise en question doit se faire dans un contexte global qui n’exclut aucun volet et aucune répercussion de la pandémie.
D’ailleurs, cette pandémie appelée Covid-19 est aussi une occasion pour se positionner face à plusieurs sujets et rejeter les certitudes et les préjugés. D’ailleurs, revoir les certitudes ne date pas d’hier, à titre d’exemple, dans l’histoire des sciences. Rappelons-nous de « Et pourtant elle tourne ! » de l’astronome italien Galilée au 17ème siècle. L’astronome a balayé d’un revers de la main le principe de la platitude de la terre. Pour une approche globale de la pandémie, nous proposons un certain nombre de pistes.
Oui pour une Tunisie où la digitalisation règne en maître
La pandémie qui a obligé tout le monde à se confiner a dévoilé une vérité amère, à savoir le manque de la digitalisation du service public. Car la digitalisation aurait pu inciter les Tunisiens à rester chez eux. Il suffit de consulter les portails ou les applications des services publics pour accéder au service concerné. Sauf que la Tunisie est encore loin. Le déplacement s’impose alors. Et ce malgré les consignes du ministère de l’Intérieur. Dans une déclaration à leconomistemaghrebin.com, la formatrice et consultante internationale Nour Bouakline indique que « c’est au moment où on s’est retrouvé bloqués qu’on s’est rendu compte du potentiel de la nouvelle technologie », explique-t-elle.
Elle exprime son optimisme quant au comportement et l’utilisation des Tunisiens des supports digitaux après le Covid-19. « Je pense que cela va impacter notre comportement et l’après-Covid-19 sera « digital » et c’est une bonne chose ! » ; lance-t-elle.
Revenant sur l’importance du digital, elle affirme que « Le digital apporte beaucoup d’avantages. Notamment pour les populations éloignées ou qui ne peuvent avoir accès à différents services ». Afin d’illustrer ses propos, elle cite l’exemple du mobile cash : «Imaginons une minute que le mobile Money comme celui présent en Afrique subsaharienne fut présent durant la répartition des mandats pour les nécessiteux. Nous n’aurions pas été obligés de les envoyer devant les bureaux de poste pour les récupérer ».
Serait-il possible de parler de littérature et d’art Post-covid-19?
Les artistes et les écrivains s’inspirent souvent des faits historiques. Les arts et la littérature appréhendent le monde à leurs manières. Les artistes et les écrivains assimilent les faits historiques pour en faire des Chefs d’œuvre inoubliables. En effet, il n’est pas possible de dissocier les créateurs du contexte social, économique et politique dans lequel ils vivent. Dans ce contexte, on pourrait citer quelques exemples de chefs d’œuvre d’art et de littérature qui sont passés à la postérité. Le célèbre tableau de Pablo Picasso Guernica. L’artiste a créé son œuvre en réponse au bombardement de sa ville Guernica par l’aviation allemande et italienne. Et ce, à la demande des forces espagnoles nationalistes, le 26 avril 1937, durant la guerre civile espagnole en 1973 marquant ainsi le mouvement du cubisme.
Le deuxième exemple est « 1984 » de l’écrivain britannique George Orwell. L’écrivain y décrit un monde futuriste dans ce roman. Sa source d’inspiration était les atrocités commises par le régime stalinien. Maintenant, il est légitime de se poser une question: qu’en est-il des écrivains et des artistes tunisiens après la fin du Covid-19. Le romancier Chawouki Barnoussi affirme que l’émergence d’un courant littéraire de Post-covid-19 est certain. Il considère que les thèmes qui seront abordés sont : l’écriture de l’intime, le rapport avec la mort, etc. Egalement, il considère que des écrivains vont publier leurs mémoires qu’ils ont écrites pendant la période du confinement. « D’ailleurs, je connais un certain nombre d’écrivains qui s’y mettent déjà». Pour lui, le Covid-19 marquera également le théâtre et le cinéma.
De la nécessité de renforcer le rôle de l’Etat providence : est-ce le début de l’effondrement du système néo-libéral ?
Parmi les enseignements de cette crise est le retour à l’Etat providence. Malgré les voix qui s’élèvent pour plus de libéralisme et plus de régression du rôle de l’Etat, les Tunisiens n’ont trouvé que l’Etat qui est intervenu aux niveaux économique, social et sanitaire. Bien évidemment, on peut critiquer sans répit les prestations du service public et la situation des hôpitaux. Mais qu’on le veuille ou non, ces structures ont été le seul refuge des Tunisiens dans cette crise. D’ailleurs, les mesures sociales prises par l’Etat suite à la crise réaffirment également l’importance de l’intervention de l’Etat. Même les temples du néolibéralisme se sont trouvés dans l’obligation d’intervenir au profit des citoyens. Le site d’actualité La Tribune affirme que « la Banque d’Angleterre va financer directement les dépenses du Royaume-Uni ».
Ce site précise que la Banque a pris cette décision sans passer par les marchés financiers et obligataires. La même source affirme que cette mesure extraordinaire, mais temporaire, doit permettre au gouvernement « de disposer suffisamment de liquidités pour relancer l’économie face au choc du coronavirus ».
Dans une déclaration à leconomistemaghrebin.com, le spécialiste en économie de développement, Jameleddine Aouididi, affirme qu’il est temps de se remettre en question « Surtout que la Tunisie affronte cette pandémie dans un contexte politique, économique, social et financier effondré ».