Le ministre de l’Agriculture, de la Pêche et des Ressources hydrauliques justifie la hausse des tarifs de l’eau potable. Ainsi, Oussama Khriji estime que cela est nécessaire pour sauver la SONEDE. Car cette entreprise publique croule sous le poids d’un déficit de 320 millions de dinars.
C’est une mesure qui laisse perplexe. En ces temps de crise sanitaire que traverse notre pays, avec son cortège de confinement général, de couvre-feu, de chômage technique massif et de récession. Voilà que dans la dernière publication du JORT, les Tunisiens découvrent, médusés, que le gouvernement a décidé d’augmenter les tarifs de l’eau potable!
Une augmentation qui est passée incognito. Sans que le Ministère de l’Agriculture ne daigne annoncer cette mesure, ni l’expliquer. Un simple couac de communication de la part de l’actuel gouvernement ? Ou un retour délibéré à la détestable politique de black-out et de brouillage de pistes ?
Un déficit monstre
C’est dans ce contexte qu’une journaliste d’Al Hiwar Ettounsi, interpellait, hier soir, le ministère de l’Agriculture, de la Pêche et des Ressources hydraulique, Oussama Khriji, sur la pertinence et surtout le timing de cette mesure extrêmement impopulaire. « Le déficit de la SONEDE était de 253 millions de dinars en 2017, il s’élève aujourd’hui à 320 millions de dinars. Ce qui signifie concrètement que cette compagnie est pratiquement menacée de disparition », a-t-il assuré.
Et de poursuivre: « Le précédent gouvernement a fait en 2019 de la révision des tarifs de l’eau potable l’une des priorités. Toutefois, cette mesure n’a pas été appliquée. Ceci a plombé davantage le déficit récurent de la SONEDE. Il était temps de stopper cette hémorragie. »
« L’impact sur les classes démunies est insignifiant »
« Rappelons, ajoute le ministre, que l’impact de l’augmentation des tarifs de l’eau potable sur les classes démunies ainsi que sur la classe moyenne est insignifiant. En effet, il n’a pas eu de hausse pour les familles nécessiteuses qui représentent 43% de la population et dont la consommation en eau potable varie entre zéro et 20 mètres cube.
« Concernant la classe moyenne, elle consomme habituellement entre 21 et 40 m³ d’eau potable. L’augmentation varie entre 6 et 8 dinars par trimestre. C’est-à-dire 2.5 dinars par mois ».
« N’oublions pas, insiste Oussama Kheriji, que les tarifs de l’eau potable en Tunisie sont parmi les plus bas au monde. A titre d’exemple, le prix du mètre cube au Maroc, un pays dont le PNB est proche du nôtre, est quatre fois plus cher que nous ».
Le dictat des banques étrangères
Rappelons par ailleurs que pour l’Observatoire national de l’eau (ONE), la Banque mondiale, la banque publique allemande KfW et l’Observatoire du Sahara et du Sahel (OSS) avaient imposé la révision à la hausse du prix du m³ d’eau en Tunisie. Et ce, sous peine de fermer le robinet des crédits.
Une explication tout à fait plausible en ces temps de dictat des institutions financières mondiales…