La mise à l’écart du Dr Chokri Hamouda est pleine de zone d’ombre. Ce personnage médiatique se retrouve en première ligne de la lutte contre l’épidémie de Covid-19. A l’instar du ministre de la Santé Abdellatif Mekki.
Alors, le ministre de la Santé Abdellatif Mekki aurait-il pris ombrage de la notoriété de son adjoint?
Mais que se passe-t-il au sein de la Direction de soins de santé de base? C’est l’organisme chargé de coordonner la lutte contre la pandémie de coronavirus.
D’abord, le Dr Nissaf Ben Alaya, la directrice générale de l’Observatoire des maladies nouvelles et émergentes tenait des points de presse quotidiens. Ils servaient à nous informer de l’évolution de la courbe des contaminations et des décès. Elle disparaissait soudainement des écrans. Avant de revenir au devant la scène sans explication aucune. Au point que certains soupçonnait qu’elle était à son tour au confinement. Heureusement, il n’en était rien.
Ensuite, ce fut au tour du Pr agrégé Chokri Hamouda, directeur général des Soins de santé de base. C’est figure bien connue des plateaux télévisés. Il a été brutalement démis de ses fonctions à la tête de cet organisme stratégique. Puis promu à un autre poste, apparemment plus prestigieux.
Limogeage et promotion-frigo
Car, pour rappel, Chokri Hamouda était en première ligne dés le début de la crise. Ses interventions pertinentes étaient suivies avec beaucoup d’attention. Car il semblait sincère et crédible. Mais, soudain, il brille par son absence lors des points de presse tenus par le ministère de la Santé.
Alors, s’agit-il d’un limogeage en règle; alors que nous sommes en pleine crise épidémiologique, avec, comme écran de fumée, une promotion-frigo? Ou une volonté délibérée de la part du ministre de la Santé d’écarter les compétences qui lui font de l’ombre?
Une explication qui ne convainc personne
Pour rappel, le ministre de la Santé, Abdellatif Mekki a publié samedi 11 avril 2020 un statut sur sa page FB; soi-disant pour clarifier les choses. Il déclare: « le Docteur Chokri Hammouda supervisait, en tant qu’adjoint, l’Instance nationale de l’Evaluation, de l’Assurance-Qualité et de l’Accréditation. Il a été promu pour en devenir son directeur. J’ai, d’ailleurs, signé cette promotion ce samedi et je l’ai tenu au courant. Il était soulagé ».
Avouons que l’intervention du ministre via sa page Facebook ne convainc personne. Car, la démarche, somme toute inhabituelle pour ne pas dire bizarre, est déjà contraire aux coutumes de l’administration tunisienne.
De plus une nomination à un poste aussi prestigieux n’est pas du ressort du ministre, mais du Conseil des ministres.
On ne déserte pas le champ de bataille de son plein gré
Deuxième bizarrerie: l’intéressé s’est empressé, dimanche 11 avril, de démentir son limogeage de la Direction des Soins de Santé de Base (DSSB). Tout en affirmant qu’il venait d’être nommé au poste de directeur général de l’Instance nationale d’évaluation et d’accréditation en santé (INEAS); et ce, avec son approbation préalable.
Pourquoi essaye-t-il de cacher qu’il a été écarté de la gestion du dossier du covid-19 pour être promu à un simple poste administratif « fictif »? Et ce, en pleine guerre contre la pandémie. Mystère et boule de gomme…
Boulimie médiatique
Cela saute aux yeux que le ministre de la Santé a été pris d’une boulimie médiatique. Il ne se passe pas un jour sans qu’on ne le voit sur les plateaux de télévision ou qu’on n’entende sa voix à la radio.
Abdellatif Mekki, dont personne ne nie la compétence ni le dévouement à la tâche immense qui lui pèse sur les épaules, semble happé par le tourbillon médiatique. Il aurait pris gout à être sous le feu des projecteurs. Au point de ne plus tolérer qu’on lui fasse de l’ombre.
Or, le Dr Hammouda est devenu un sérieux rival sur la scène médiatique, d’où sa probable mise à l’écart.
Mais, souvenons-nous qu’à trop s’approcher de la lumière, un papillon de nuit finit par se brûler les ailes!