In fine, quelqu’un paiera cette perte d’activité en temps de crise.
Il y a quatre modalités de financement de la crise qui se distinguent par le payeur final. Ainsi, la première est suicidaire. La quatrième est moralement la plus vertueuse; mais également la moins probable.
1ère hypothèse: répudiation de la dette publique (en termes pudiques « restructuration »)
Mais, c’est une solution très risquée. Ne pouvant plus emprunter, l’Etat serait obligé d’équilibrer seul son budget. Ce qui serait particulièrement délicat. A un moment où il faudra: continuer à payer les dépenses courantes; relancer l’économie; investir dans les hôpitaux et la recherche médicale; récompenser le personnel de santé pour son travail pendant la crise sanitaire; mettre en œuvre les réformes structurelles, etc.
PAYEURS : les investisseurs ayant souscrit de la dette nationale au prix d’un marasme général.
2ème hypothèse : l’impôt
Dans ce cas, les États prélèvent des taxes exceptionnelles sur les plus aisés, par exemple sur le patrimoine. Ainsi que sur les classes moyenne, pour faire face aux forts besoins en finances publiques.
De même, une variante (ou forme déguisée) consiste à imposer aux banques une souscription à de nouvelles émissions de bons du Trésor. Et ce, à des taux d’intérêt ne reflétant pas l’inflation qui s’ensuit.
PAYEURS : les fortunés et, selon les paramètres, les classes moyennes.
3ème hypothèse : monétisation de la dette
Ici, la Banque centrale rachète de la dette publique; ou la dette de banques que l’Etat soutiendrait de toute façon en cas de difficulté.
En théorie, ce rachat doit se faire sur le marché secondaire et être remboursé à terme. En pratique, la nouvelle dette peut être achetée sur le marché primaire par une banque qui la vend ensuite à la Banque centrale. Et il n’y a pas d’échéance formelle pour le remboursement par les Etats. Ainsi, un rachat supposé temporaire peut de facto devenir permanent.
Cependant, les rachats de dette sont présumés inflationnistes. En cas d’inflation, les perdants seraient les détenteurs de liquidités et engagements libellées en valeur nominale.
PAYEURS : les classes moyennes et défavorisées, fonctionnaires et retraités.
4ème hypothèse : une solidarité internationale entre perdants et gagnants à la manière du Plan Marshall d’après guerre
PAYEURS : ce sont ceux dont les économies auront le moins souffert de la pandémie.