Marouane El Abassi, Gouverneur de la BCT, revient sur les principales mesures exceptionnelles prises par l’institut d’émission; en cette période de crise du Coronavirus. Et ce, ce matin, sur les ondes de la Radio Express FM.
De prime à bord, Marouane El Abassi tient à dire que la BCT travaille quotidiennement, en étroite collaboration, avec le gouvernement. Essentiellement avec les ministères concernés directement par l’économie.
Ensuite, il affirme que cette période que connait le monde entier, notamment la Tunisie, est très difficile. « Au niveau de la BCT, nous avons les moyens nécessaires pour aider l’économie nationale et les acteurs économiques. Mais selon nos capacités ».
A cet égard, il a rappelé que l’institut d’émission a opté pour plusieurs mesures exceptionnelles, depuis le 18 mars dernier. Et ce, pour soutenir les particuliers, les professionnels et les entreprises à faire face à cette crise. « De plus, nous voulons développer des fonds de restructuration et de retournement des entreprises. Afin de préserver leur pérennité et les postes d’emploi. S’ajoute à cela une ligne verte qui sera disponible aujourd’hui pour assurer le suivi. Ainsi qu’une circulaire relative au secteur du leasing qui sera publiée aujourd’hui également… Néanmoins, nous ne pouvons pas opter actuellement pour le concept « helicopter money« , tel que c’est le cas aux USA. Parce que nous n’avons pas les moyens ».
Doubler le refinancement bancaire
En outre, Marouane El Abassi annonce que la BCT a préservé entre huit et 10 milliards de dinars pour le refinancement bancaire. « C’est quasiment le double du refinancement existant aujourd’hui ».
Pratiquement, il estime que toutes les mesures prises doivent être appliquées le plus tôt possible. Sachant que pour assurer la continuité des services bancaires, 25 mille banquiers travaillent actuellement; soit environ 30% des effectifs.
Après cette première vague de mesures exceptionnelles, la BCT travaille aussi sur une deuxième vague. Et ce, pour lutter contre les impacts de la crise. « Pour le court terme, soit les trois mois de crise qu’on est en train de gérer aujourd’hui, notre priorité est de maintenir en vie nos entreprises. Et garantir le pouvoir d’achat des citoyens », a t-il assuré.
Et d’ajouter: « Pour le long terme, la situation n’est pas claire. Il faut savoir que certains secteurs importants pour l’économie tunisienne ne vont pas avoir le retour à la normale après cette crise, comme le tourisme. D’ailleurs, 70% de ce secteur sera touché, impactant automatiquement le dinar tunisien ».
Le gouverneur a indiqué que cela n’empêche que la BCT, en collaboration avec les parties concernées, travaille sur des hypothèses pour la période à venir. Notamment au niveau de la gestion de la crise; et ce, en lien avec le confinement et la santé des Tunisiens. « Après, les impacts de la crise vont être beaucoup plus importants. Mais en même temps, on est dans l’urgence de la gestion des demandes (sociales, financières…) », a t-il souligné.
Et de déclarer: « On veut que les politiques économiques convergent pour que les entreprises qui ont besoin de soutien l’aient en temps opportun. Les instruments doivent être là avec des équipes dédiés pour résoudre les problèmes. En fait, la question sectorielle est aujourd’hui majeure. D’où de vraies politiques sectorielles s’imposent pour garantir le soutien et les ressources nécessaires. »
TMM : « Nous sommes ouverts à toutes les possibilités ayant impact positif sur l’économie »
En ce qui concerne le TMM, le gouverneur de la BCT a expliqué qu’aujourd’hui, on n’a plus de pression inflationniste. « Mais, on ne peut pas se comparer avec les USA et l’Europe, là où l’inflation est quasi-nulle. Par contre, on peut se comparer avec l’Ukraine et ou l’Egypte, où le taux d’inflation est presque similaire au notre. L’essentiel c’est qu’on est en train de gérer la crise et qu’on est ouvert à toutes les possibilités ayant unimpact positif sur notre économie ».
Dans ce sens, M. El Abassi a martelé que le plus important, aujourd’hui, est comment trouver des solutions de relance de l’économie nationale. « On est en train de monitorer l’économie de manière à faire attention à plusieurs déséquilibres et à la dépréciation du dinar. C’est l’accès à la liquidité et au refinancement qui est important aujourd’hui et après la crise. Une crise jamais vu qu’on est en train de gérer avec les moyens du bord ».
Paiement digital : « Un swich national s’impose »
Au sujet du paiement digital, le responsable a affirmé que cette question a été développée plusieurs fois. Mais que les gens n’ont pas pu s’adapter malheureusement. « En Tunisie, il est vrai qu’on est en retard au niveau de la gestion de cette approche. Et ce, par rapport à d’autres pays tels que, à titre d’exemple, le Kenya. Mais, on a avancé en cette période de crise de plusieurs longueurs. Et on va adopter prochainement une solution. Et ce, pour garantir le paiement digital des aides sociales ».
Dans ce sens, deux établissements de paiement digital sont aujourd’hui agréés et verront le jour bientôt. « Un swich national s’impose pour booster le paiement digital (PayPal et autres). Les solutions existent en Tunisie, il suffit de bien gouverner, bien communiquer, bien avancer pour un service beaucoup plus performant, parce qu’on n’a plus le choix », dixit M. El Abassi.
Au final, Marouane El Abassi tient à remercier le corps médical qui est en train de faire, selon ses dires, un travail extraordinaire en cette période critique. Il remercie, également, tout le personnel de la BCT et les médias pour les efforts déployés. « La Tunisie est un modèle démocratique et solidaire dans toute la Région. Un modèle à préserver pour toujours », conclut-il.