Le Président de l’Association des pharmaciens s’insurge contre le prix trop élevé des masques de protection. Il juge qu’il est du devoir du gouvernement de protéger les citoyens. Et ce, en offrant ces bavettes à un prix accessibles aux plus démunis. Surtout ne pas alourdir son coût, en le taxant de 19 % de TVA.
En effet, Abdellatif Mekki, ministre de la Santé, déclarait au début de ce mois que le port de masques de protection sera obligatoire. Et que la mesure s’étendra à tous les Tunisiens, après le déconfinement. Lequel sera graduel, selon des sources concordantes. D’ailleurs, il pourrait entrer en vigueur vers le début du mois prochain.
Dans la foulée, le ministère de l’Industrie et des PME appelait les industriels spécialisés dans le secteur du textile à soutenir l’effort national. Et ce, dans la fabrication de masques réutilisables, multicouches en tissu. En prévision de la reprise de l’activité à la fin de la période de confinement.
Car, ces bavettes barrières ou masques grand public seront lavables et vendus en exclusivité dans les pharmacies.
Un produit de luxe ?
En effet, ce sont de très bonnes intentions, sauf que l’application des décisions gouvernementales n’est pas aussi simple. Ces masques seront-ils disponibles le jour J ? C’est-à-dire dans quelques semaines ? Quel en sera le prix ? Et surtout les citoyens à revenus modestes auront-ils les moyens d’acquérir ces masques ? Un luxe, à titre d’exemple, pour un père de famille avec des enfants à charge.
« Scandaleux et révoltant »
Dans son intervention hier soir sur les plateaux d’Al Hiwar Attounsi, Nadhem Chekri, le président de l’Association des pharmaciens évoquait avec colère et amertume cette brûlante question de masques en pointant du doigt les décisions « irréfléchie » des responsables du secteur de la santé.
« Des jeunes industriels dans le secteur du textile se sont mobilisés pour fabriquer des bavettes dont le coût de revient varie entre 300 et 700 millimes la pièce. Cet effort s’inscrit dans un esprit de bénévolat et avec une approche sociale. Celle-ci vise à rendre les masques de protection accessibles à tous les Tunisiens. Or, le prix annoncé dans les pharmacies est de l’ordre de 1 dinar 900. Pourquoi s’est-il envolé d’une manière vertigineuse ? C’est scandaleux et révoltant », s’est-il écrié.
Et d’expliquer dans le détail que « les masques en question sont composés de trois couches. La couche extérieure est composée de polystyrène à 7 dinars le mètre, la couche médiane composée d’un simple tissu qui coûte environ 4 dinars et la couche intérieure est composée de coton dont le prix ne dépasse pas les 8 dinars ».
Ainsi, a-t-il précisé, le métrage s’élève à 19 dinars en moyenne, sachant qu’on fabrique 60 masques avec un seul mètre de ces trois tissus. Résultat: le coût de revient d’un masque est d’environ 316 millimes. Alors pourquoi est-il proposé à 1 dinar 900 à la vente ? », s’interroge-t-il.
Et de rappeler: « Avant l’ère de l’épidémie de Covid-19, les pharmacies vendaient les bavettes chirurgicales à 468 millimes et vous voulez qu’on vende demain de simples masques en tissu à 1dinar 900 ? De quelle logique parle-t-on ? »
Logique commerciale
« Le gouvernement est supposé rendre les masques de protection accessibles à tous les citoyens, surtout les plus démunis. Or il impose entre temps 19% de TVA sur ce produit. Alors, veut-on protéger les gens ou gagner de l’argent sur leurs dos ». Souhaitons que le cri d’alarme du président de l’Association des pharmaciens soit entendu…
A bon entendeur, salut…