Pour le secrétaire général adjoint chargé du secteur privé, Mohamed Ali Boughdiri, ne pas verser les salaires du mois d’avril causera des répercussions graves sur la paix sociale.
Rappel des faits: un accord signé entre le gouvernement, l’UGTT et l’UTICA prévoit le versement des salaires du mois d’avril pour les salariés du secteur privé. L’Etat va verser une aide exceptionnelle occasionnelle de 200 dinars. L’entreprise prendra en charge le reste. Une mesure qui vise, entre autres, à préserver la paix sociale.
Cependant, suite à la signature de l’accord, dans un communiqué rendu public, l’UTICA a appelé les sociétés à considérer les sommes versées pour les salariés durant le mois de mars et celles qui seront versées pendant le mois d’avril comme étant des avances pour les congés payés de 2020. Ou bien comme étant des prêts à payer en heures supplémentaires, si les choses reviennent à la normale. Elle a appelé à autoriser les entreprises à appliquer le mécanisme du chômage technique. Et ce, sur la période passée du confinement sanitaire général. Ainsi qu’à maintenir l’aide exceptionnelle occasionnelle de 200 DT prévu par le gouvernement durant toute la période du confinement.
Dans une déclaration à leconomistemaghrebin.com, le syndicaliste affirme que si cet appel lancé par l’UTICA est appliqué, aucun employé ne respectera le confinement. « Ils sortiront pour protester contre cette décision et car ils ont faim », estime-t-il. « Et nous seront avec eux », lance-t-il.
Par ailleurs, il indique que le secrétaire général de l’UGTT contactera les signataires de l’accord. Et ce, pour étudier la situation. Pour lui, si les salaires ne sont pas versés conformément à l’accord, « nous signerons l’accord dans les rues ». Faisant allusion à des protestations à venir.
« Car, la perte de la crédibilité des négociations est un coup profond à la paix sociale en Tunisie », avance-t-il.
Puis, répondant à notre question: – Est ce que le non-respect de cet engagement est une atteinte à la paix sociale ? L’intervenant, sur un ton affirmatif, nous répond: « Sans doute ».
Le secrétaire général adjoint de l’UGTT, Mohamed Ali Boughdiri affirme que la centrale syndicale a toujours respecté les accords. Il affirme que le syndicat s’est toujours engagé à respecter à la lettre les accords signés.
Il indique que le salaire moyen des employés du secteur privé ne dépasse pas 500 dinars. Et ce, tout en sachant que dans ses conditions particulières, l’Etat paiera 200 dinars.
« Ce n’est pas trop cher payer si les chefs d’entreprise paient la différence ». D’après ses estimations, la différence est entre 300 et 400 dinars. Et ce, surtout que les employés ont œuvré pour que les chefs d’entreprise génèrent des bénéfices, continue-t-il.
Le secrétaire général adjoint déclare également, dans le même sillage, que cet appel émis par l’UTICA est une violation de l’accord signé entre les trois partenaire sociaux.
« C’est aussi un désengagement des articles de l’Accord », lance-t-il. Pour lui, cet appel menace la crédibilité des négociations.
Une menace pour la paix sociale
« C’est aussi un coup dur au principe de la solidarité commune », considère-t-il. De ce fait, Mohamed Ali Boughdiri appelle les responsables de l’UTICA à la sagesse. Et à prendre leur temps, « et ce dans l’objectif de respecter nos affiliés ensemble ». Ainsi, il ne faut pas perdre les repères, selon lui.
Revenant sur le décret-loi du Chef du gouvernement relatif à la suspension de quelques articles du Code du travail, le syndicaliste a estimé que le décret contient plusieurs décisions en faveur des employés. Et de souligner l’importance de la suspension des dispositions du sous-paragraphe C du troisième paragraphe de l’article 14 du code du travail relatives à l’empêchement d’exécution résultant d’un cas fortuit ou de force majeure survenue avant ou pendant l’exécution du contrat.
Enfin, il a également souligné l’importance de l’article 2 relatif à la suspension de l’application des dispositions de l’article 21-12 du Code du travail en ce qui concerne le licenciement ou la mise en chômage intervenus sans l’avis préalable de la Commission régionale ou la Commission centrale de contrôle du licenciement, en cas de force majeure.