La pandémie du Coronavirus (Covid-19) a fait ressurgir les égoïsmes nationaux et ôté le voile. Elle a fait tomber le masque de l’hypocrisie des grandes puissances.
L’UE, elle-même, a failli vaciller sur sa base. Elle ne doit son unité de façade qu’à la force et à la profusion de l’Euro. Que valent les discours et la rhétorique de l’aide internationale ? Rien ou pas grand-chose, si ce n’est à poursuivre par d’autres moyens plus subtils et plus pernicieux des liens imposés par la colonisation.
Les Etats-Unis, les pays de la zone euro, le Japon… ont jeté dans leur balance des sommes colossales de 15 à 20% de leur PIB pour protéger leur population, leurs salariés et leurs entreprises du Coronavirus. Au besoin en les nationalisant de peur qu’elles ne tombent dans l’escarcelle des puissances étrangères. En comparaison, le plan d’aide concocté par la Tunisie s’élève à peine à 2,5% du PIB, l’un des plus faibles de la région.
La citadelle européenne résistera-t-elle demain ?
Les pays de la zone Euro sont inondés d’euros à travers mécanismes de soutien communautaire (500 milliards d’euros) et BCE (1000 milliards). De quoi éloigner le spectre de la faillite, baliser les voies de sortie de crise et préparer la relance d’une puissance décuplée pour effacer les effets d’une récession historique. Les prévisions sont de l’ordre de 6 à 9% selon les pays.
L’UE a mobilisé une montagne d’argent sans commune mesure avec ce qu’elle a consacré en 2018 lors de la crise des subprimes. A côté, le plan Marshall prêterait à sourire.
Fin de programme, car en face dans le versant sud de la Méditerranée les pays d’Afrique du Nord, qui font partie de l’Euromed, n’ont, à aucun moment de cette pandémie, figuré pour de vrai dans les écrans radars des stratégies européennes. Comme s’ils n’ont jamais existé, alors même qu’ils ont contribué à la montée en puissance de cette Europe qui leur tourne le dos, à l’heure où ils ont un pressant besoin de soutien.
Les quelques aides financières annoncées ici et là relèvent plus de l’humanitaire qu’elles ne sont l’expression d’une solidarité agissante. C’est comme si on venait d’ériger un mur de séparation. La citadelle européenne résistera-t-elle demain, si la situation venait à se dégrader et à empirer, aux assauts de migrants au péril de leur vie.
La crise du Coronavirus a jeté la lumière sur nos fragilités et nos vulnérabilités sanitaires, économiques et sociales. Elle a amplifié les fractures et les écarts sociaux proches désormais de leur seuil de déflagration.