Afin d’éviter que les tribunaux ne soient contaminés par l’épidémie de coronavirus, la ministre de la Justice, Thouraya Jerbi, a annoncé que certains procès seront organisés à distance par téléconférence. Et ce, à partir du 2 mai prochain.
Il aura fallu la propagation de l’épidémie de coronavirus en Tunisie et le risque grandissant de la contagion au sein de nos tribunaux pour que le ministère de la Justice finisse par prendre le taureau par les cornes en basculant dans le numérique. Et c’est tant mieux car, comme énonce le dicton : à quelque chose malheur est bon.
Ainsi, intervenant ce week-end sur les ondes de Mosaïque, la ministre de la Justice, Thouraya Jerbi, a révélé, qu’à partir de 2 mai prochain, dans le cadre de la lutte contre le Covid, des procès seront organisés à distance. Et ce, pour limiter au maximum les lieux de rassemblement.
Elle rappelle, à cette occasion, que cette mesure figure parmi les neuf priorités proposées au chef du Gouvernement. En effet, le démarrage de la numérisation était prévu le 4 avril dernier. « Mais l’épidémie du coronavirus nous a contraint à reporter son démarrage ».
« Garantir des procès justes et équitables »
D’autre part, la ministre a ajouté que son département prépare actuellement un décret-loi. Il régira le cadre juridique de ces procès à distance. L’objectif étant de protéger aussi bien les magistrats, les avocats, les fonctionnaires, les agents de sécurité ainsi que les personnes placées en détention. Toutefois, toutes les garanties juridiques seront mises en place. Pour garantir des procès justes et équitables », a-t-elle précisé.
« Cette démarche est graduelle. Elle sera généralisée ultérieurement », ajoute Thouraya Jerbi. Déjà, une salle a été aménagée et équipée à la prison de Mornaguia, ainsi que deux autres salles à l’enceinte du Tribunal de première instance de Tunis et au siège du ministère de la Justice.
Procès via visioconférence
Pour rappel, cette initiative est inédite. Car c’est la première fois en Tunisie que des procès se déroulent par visioconférence dans le milieu carcéral.
Ainsi, dans la pratique, le tribunal jugera, à partir de son siège. Le prévenu comparaîtra depuis un local spécialement aménagé et équipé dans le lieu de sa détention.
Une situation effrayante
Disons pour conclure que la première initiative de la nouvelle ministre est prometteuse, bien qu’il ait fallu l’intrusion du Covid-19 pour que les choses bougent dans le bon sens.
Faut-il rappeler que certains jours, nos tribunaux ressemblent à des marchés hebdomadaires et que nos prisons sont saturées. De plus, beaucoup d’innocents campent en prison en attendent leurs procès. « Je rappelle que le nombre de personnes en attente de procès est supérieur à celui des détenus suite à une décision de justice », avoue la ministre.
Un aveu qui fait froid dans le dos…