La performance et la qualité du système de santé national est l’un des éléments déterminants dans la capacité des pays à faire face à la pandémie du coronavirus.
Une mobilisation qui s’imposait au regard de leur proximité avec les foyers asiatique et européen. Une mobilisation qui doit s’inscrire dans un temps long. Pour la plupart des pays arabes, la crise sanitaire du coronavirus serait dramatique. Compte tenu de leurs défaillances structurelles et systémiques.
Un monde arabo-musulman encore relativement préservé
Alors que l’Iran est le pays du Moyen-Orient le plus affecté par la pandémie du Covid-19, les pays arabes se sont mobilisés à travers la prise de mesures drastiques. De la déclaration de l’état d’urgence sanitaire et du couvre-feu, au confinement (analogue à celui pratiqué en Espagne, en France et en Italie). En passant par la fermeture des frontières terrestres et maritimes.
Des mesures qui s’avèrent relativement efficaces. Même si le bilan provisoire de l’épidémie de coronavirus COVID-19 est encore difficile à établir. A priori, les pays du Machrek et du Maghreb montrent que la région MENA demeure encore relativement préservée. Par rapport à l’Europe et aux Etats-Unis.
D’un point de vue régional, si le golfe Persique – important point de croisement international et pôle d’immigration – semble plus touché, le nombre de décès est plus préoccupant au Moyen-Orient. Et en Afrique du Nord.
La plupart des pays arabes ont néanmoins fait part d’une certaine réactivité. L’Arabie saoudite n’a pas hésité à suspendre la traditionnelle Omra. Dans la ville sainte de La Mecque. Le symbole est puissant. Il n’empêche, les symboles ne suffisent pas à neutraliser le risque d’une pandémie.
D’autant que l’ampleur de la crise sanitaire pourrait être démultipliée par les défaillances structurelles des dispositifs d’accès à l’eau, d’assainissement et d’hygiène.
Or les rapports internationaux (en particulier ceux du PNUD, de la Banque mondiale et du FMI) portant sur les pays arabes soulignent régulièrement à la fois les disparités/inégalités. Et les défaillances des systèmes de santé et de prévention sanitaire.
L’accès à l’eau : contre le coronavirus
Masques, gants, tests, respirateurs … En attendant un éventuel vaccin, les moyens matériels de prévention et de lutte contre le coronavirus sont bien identifiés. Des outils qui ne sauraient faire oublier le premier réflexe contre la contamination au Covid-19 : l’eau, la matière première du geste barrière consistant à se laver les mains.
Or non seulement les Arabes ne sont pas égaux devant l’accès à l’eau, mais ils pâtissent déjà du changement/réchauffement climatique. Les régions du Moyen-Orient (au sens large) et d’Afrique du Nord sont confrontés à des pénuries d’eau qui ne font qu’accroître l’ampleur des crises sanitaires. L’accès et la qualité de l’« or bleu » devient donc de plus en plus problématique.
Toutefois, les situations problématiques sont en partie le fait d’une mauvaise gestion des ressources. À cela s’ajoute la corruption. Qui pèse lourdement sur la bonne gouvernance des structures étatiques et locales dans leur « politique de l’eau ».
Selon la Commission économique et sociale des Nations unies pour l’Asie occidentale (CESAO), dans le monde arabe, une part importante des habitants (estimée à 74 millions sur environ 450 millions) n’a pas accès à l’eau potable à domicile. Ce qui oblige à recourir à des sources d’eau publiques et de prendre un risque accru de contracter la maladie. Ni au savon, outil d’hygiène de base pour se laver les mains et se prémunir.
Illustrer la capacité d’adaptation et d’innovation
Une réalité qui jette une lumière crue sur l’état de sous-développement (notamment au niveau des services d’assainissement) et les inégalités abyssales qui sévissent dans la plupart des sociétés arabes. Les principaux pays concernés sont (toujours selon le rapport de l’organisme onusien) : le Soudan, le Yémen et l’Égypte. Sans oublier les cas particuliers des camps de réfugiés en Syrie et de la bande de Gaza. Ces régions connaissent des densités de population et une situation humanitaire qui sont autant de facteurs aggravants.
En outre, les pays occidentaux affichent un bilan qui montre que le taux de létalité chez les personnes touchées par le virus est particulièrement élevé chez les plus vulnérables. Et les plus démunis. Or la pauvreté frappe une large part des populations arabes. Y compris dans des pays riches comme l’Algérie et l’Arabie saoudite.
Si la pandémie mondiale du coronavirus fait rejaillir à la surface les problèmes structurels des Etats et sociétés arabes, cette crise est aussi l’occasion d’illustrer la capacité d’adaptation et d’innovation des forces vives de ces nations.
Qu’il s’agisse de l’adaptation de l’appareil industriel marocain qui a permis de produire des centaines de milliers de masques en faveur de sa population, aux innovations technologiques et techniques des ingénieurs et chercheurs tunisiens, le XXIe siècle ne sera pas forcément celui de la fatalité pour le monde arabe.