Dans son interview télévisée, le Chef du gouvernement Elyes Fakhfakh est revenu sur plusieurs points liés à la situation actuelle du Covid-19. Et ce, essentiellement la prolongation du confinement général jusqu’au 03 mai. Ainsi que le déconfinement ciblé à partir du 4 mai selon l’évolution de la situation sanitaire en Tunisie.
En réaction, le député (Al Badil Ettounssi) et PDG du Groupe Zouari, Hafedh Zouari a affirmé que dans l’ensemble, l’interview d’Elyes Fakhfakh a été convaincante. Notamment en ce qui concerne le plan sanitaire et la sécurité de la Tunisie et des Tunisiens.
S’agissant de sa réponse sur la question liée au soupçon de corruption de la fabrication des bavettes, M. Zouari a affirmé que le Chef du gouvernement a réussi à défendre son équipe. « En cette situation de guerre, le gouvernement a multiplié les efforts pour prendre des décisions au plus vite possible. Et il a su assumer ses responsabilités », soutient-il.
Il a partagé, en tant que chef d’entreprise, le même avis de M. Fakhfakh concernant la bureaucratie. Cette dernière bloque, selon ses dires, les investissements.
Hafedh Zouari : « On a besoin d’un chef de gouvernement entrepreneur et non pas d’un homme politique »
Hafedh Zouari tient à préciser qu’aujourd’hui, la Tunisie a besoin d’un dirigeant à la fois décideur et chef de chantier et non pas d’un homme politique. « Dans cette interview, M. Fakhfakh en impose en vrai dirigeant. Voire en bon manager qui décide et applique dans l’immédiat, bien loin de la langue de bois. D’ailleurs, pour la première fois, un Chef de gouvernement parle avec une telle franchise et assume ses responsabilités »
Côté économie et au fait que Elyès Fakhfakh n’ait pas fait mention de la situation des entreprises, M. Zouari a indiqué : » Le Chef du gouvernement n’a pas encore étudié à fond la question cruciale de la situation des entreprises. Dans les prochains quinze jours, il aura fait le tour de la question et annoncera les décisions adéquates prises à leur égard. Surtout eu égard au déconfinement ciblé qu’il a déjà annoncé ».
Tout en rappelant que l’Etat souffre, d’ores et déjà, de problèmes financiers. D’où le gouffre économique est lourd à cause, notamment, de la mauvaise gestion. Et on aura d’autres problèmes économiques d’après la crise du Covid-19.
En conclusion, Hafedh Zouari a déclaré que la Tunisie a vraiment besoin d’un entrepreneur comme Elyes Fakhfakh et non pas d’un homme politique.
Omar Besbes : « un état des lieux incomplet »
De son côté, l’expert-comptable associé au cabinet United Advisers, Omar Besbes, a précisé que l’interview du Chef du gouvernement, qui est censé faire une évaluation complète de la situation, n’a pas abordé la question fondamentale. Celle des retombées économiques du confinement général, le plan de sauvetage des entreprises sinistrées et la stratégie de la reprise.
A cet égard, il a estimé : « Les PME et TPE tunisiennes sont livrées à elles-mêmes : l’activité est à l’arrêt, les créances sont impayées et la trésorerie est à zéro. Il ne s’agit pas d’un simple arrêt d’un mois et demi. Mais, la plupart des secteurs et entreprises ne pourront pas retrouver une activité normale avant janvier 2021. Ou, dans le meilleur des cas, en octobre 2020 ».
Et d’ajouter que plusieurs opérateurs économiques, jusque-là en bonne santé, vont simplement disparaître. Et ce, suite à ces mesures du confinement général.
Face à cette situation critique, M. Besbes a affirmé qu’aucun mot n’a été prononcé pour rassurer ces entreprises. « La contribution de l’Etat relative aux salaires à hauteur de 200 DT est dérisoire et est assortie de conditions qui font que plusieurs entreprises préfèrent ne pas la solliciter. Et la garantie des crédits de gestion n’est pas encore opérationnelle. On attend encore les conditions d’éligibilité, les modalités d’application, l’accord à conclure entre le ministère des Finances et la SOTUGAR… »
Au final, il s’est interrogé: » A-t-on réfléchi à notre capacité de supporter le coût de cet arrêt total de l’économie ? Et comment sera notre repositionnement face à l’économie mondiale de l’après-Covid-19 ? »