Le Coronavirus (Covid-19) n’est pas uniquement une pandémie qui gagne du terrain, se propage à grande vitesse et menace la santé partout dans le monde.
On pourrait peut-être dire que le Covid-19 est le cinquième danger ayant des répercussions dangereuses sur le monde entier. Et ce, après la première guerre mondiale, la seconde guerre mondiale, la crise de 1929. Et la crise économique de 2008.
A première vue, cette pandémie émergente est une maladie dont l’antidote n’a pas encore vu le jour. Cependant, cette approche n’est point exhaustive. Pour avoir une vue d’ensemble, il faudrait bien passer à la loupe les répercussions socio-économiques du Covid-19. Car les inégalités font que les catégories sociales n’ont pas les mêmes chances en matière d’accès aux soins, à l’éducation et à un emploi décent.
A titre d’exemple, quelque 50 millions de personnes sont menacées par la faim en Afrique de l’Ouest en raison de l’impact de l’épidémie de Covid-19. Pis encore, le nombre de personnes en crise alimentaire pourrait plus que doubler en trois mois. Notamment à 50 millions en août contre 17 millions en juin. Et ce, selon la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Quoi de plus illustrant que ces cris de détresse de deux ONG dont les rapports sont incontournables à ce sujet.
Nécessité de reprise des activités
D’ailleurs, dans plusieurs pays, le confinement a freiné toutes les activités économiques qui nécessitent la présence sur terrain. Et qui ne se livrent pas au télétravail.
Ainsi, les travailleurs dans le secteur informel, les travailleurs à faible et moyen revenu, chômeurs et familles nécessiteuses sont les premières victimes de la pandémie. Car si la classe moyenne et la classe aisée peuvent se permettre le luxe du télétravail et compter sur l’épargne pendant le confinement. Il n’en est pas de même pour les catégories vulnérables.
En plus, cette crise a provoqué un bras de fer entre les centrales patronales et les centrales syndicales dans plusieurs pays. A titre d’exemple, en Tunisie, la centrale patronale l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (UTICA) et la centrale syndicale l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) ont signé un accord. Et ce, sous la houlette du gouvernement, pour préserver le salaire d’avril des travailleurs du secteur privé.
Cependant, l’accord demeure insuffisant. Il est vrai qu’il garantit les salaires du mois d’avril. Mais plusieurs chefs d’entreprises demeurent sceptiques quant à la possibilité d’honorer les salaires des mois prochains. Ainsi, le Président-directeur général du Groupe Loukil, et le président du Tunisia Africa Business Council, Bassem Loukil estime qu’entre 75% et 80% des PME en Tunisie sont exposées au risque de la faillite si le confinement continue. Déjà, la crise a même empêché l’exportation de ses produits. Facteur qui pourrait lui faire perdre ses clients traditionnels. Ainsi la faillite des entreprises est intimement liée au licenciement massif des employés. Le résultat est à craindre.
Quel coût social du Covid-19
Car un ventre affamé n’a plus rien à craindre. A titre d’exemple, l’historien et l’égyptologue Abd al-Latîf al-Baghdâdî au 13ème siècle raconte dans l’un de ses livres que la baisse des eaux du Nil a provoqué une famine en Egypte. Plusieurs Egyptiens n’ont pas hésité à manger les cadavres, à dévorer les condamnés à la peine capitale. Et ce, sans se soucier ni de la morale et ni la bonne conduite.
Un scénario pareil ne se produira jamais dans le monde. Et si nous l’avons cité, c’est pour exposer les atrocités commises par un peuple affamé à une époque révolue. Cependant, l’émergence d’une nouvelle vague de protestations sociales est un scénario à ne pas exclure. Et surtout si l’UGTT se met à encadrer les protestataires.
Le licenciement massif, l’épuisement des ressources et le manque de produits alimentaires peuvent provoquer des protestations sans précédent en Tunisie et ailleurs. Si les employés licenciés (à cause de la faillite de leurs entreprises) sortent protester dans les rues, le ministère de la Santé peut considérer que la réussite relative du confinement fait partie de l’histoire ancienne.
Récemment, le secrétaire général adjoint chargé du secteur privé auprès de l’UGTT a affirmé que si les employés sortaient protester dans les rues, l’UGTT serait avec eux. D’ailleurs, en 2019, le nombre des mouvements sociaux en Tunisie a dépassé 10.000 protestations. Et ce, selon les chiffres du Forum tunisien des droits économiques et sociaux.
En 2020, la valse des protestations n’a pas encore commencé. Ceci dit, le manque de ressources et la faiblesse des aides sociales (200 dinars pour chaque famille nécessiteuse), sont loin de freiner la colère et la rage des plus démunis et des employés en chômage technique.